Marque iconique des passionnés du sport automobile, Alpine semblait dans l’impasse il y a deux ans. Renault Group a alors décidé de la relancer et en a même fait l’un des piliers de sa Renaulution. Il en a d’abord fait l’unique label sportif du groupe, Renault lui cédant la place en Formule 1. Tablant sur l’excellence de son image de marque, il compte aussi la transformer en constructeur automobile à part entière. Un constructeur comme Alpine qui, comme les autres marques du groupe, prend résolument le virage de l’électrique. Luca de Meo (DG de Renault Group) et Laurent Rossi (CEO d’Alpine) viennent de présenter sa stratégie pour le futur. Celle-ci marque une accélération de ce virage avec le lancement d’une gamme complète de modèles 100 % électriques d’ici 2030.
Il y a deux ans, Alpine avait annoncé le lancement de trois modèles électriques. Il s’agissait d’abord de la version sportive de la future R5 électrique dont un show-car a dernièrement donné un aperçu. Figuraient ensuite un crossover compact de segment C et la nouvelle A110, porte-drapeau de l’héritage de la marque. Alpine avait ensuite ajouté deux gros SUV des segments D et E, aptes à séduire les marchés américains et chinois. Désormais, Alpine annonce sept lancements de véhicules électriques d’ici 2030. Aux cinq premiers modèles, s’ajouteront en effet un cabriolet et un coupé sport quatre places. La marque disposera ainsi d’une gamme complète susceptible de couvrir tous les besoins. L’arrivée de ces nouveaux modèles, à partir de 2024, doit permettre à Alpine d’accroître fortement ses revenus. De quoi atteindre l’équilibre financier dès 2026.
L’Alpine A290 s’appuiera sur la plateforme CFMB-EV de la R5 et le SUV compact sur celle de la Mégane électrique. Par contre, les autres modèles électriques reposeront sur la plateforme APP (Alpine Performance Platform) que la marque développera en interne. Alpine a abandonné l’idée initiale d’en développer une en collaboration avec Lotus pour choisir de mener un projet en solitaire. Néanmoins, pour inventer la sportivité automobile de demain, elle pourra compter sur certaines technologies issues de Renault Group. Ainsi, la plateforme APP bénéficiera de l’expertise SDV (Software-Defined Vehicle) d’Ampere, le futur pure player électrique et software du groupe. De même, Alpine pourra profiter de l’apport de certains partenaires extérieurs du groupe comme Verkor. Ce dernier lui fournira ainsi des batteries électriques haute performance qu’il fabriquera à Dunkerque, près de l’Usine Alpine de Dieppe.
Modulable, la plateforme APP pourra s’adapter en largeur et en longueur. Cela donnera l’opportunité à Alpine de développer plusieurs types de silhouettes. De quoi proposer notamment un futur cabriolet comme l’A110, ainsi qu’un inédit coupé sport quatre places. Un coupé qui reprend le nom d’A310 en clin d’œil au modèle 2+2 des années 1970. Avec lui, Alpine ciblera les familles à la recherche d’une sportive électrique. La nouvelle A310 ne reprendra pas l’architecture 2+2 avec des places arrière difficilement accessibles. Au contraire, elle leur proposera un habitacle beaucoup plus fonctionnel avec quatre portes. Alpine entend positionner l’A310 comme une « mini » Porsche Taycan avec des performances à la hauteur. Elle ambitionne également d’en faire une alternative, encore plus sportive et racée, à la Tesla Model 3.
Lors de la présentation de la stratégie d’Alpine, Luca de Meo a affiché de grandes ambitions à l’international. A partir de 2027, une phase d’expansion mondiale pour la marque débutera. Celle-ci s’appuiera sur une gamme complète de véhicules sportifs adaptés à de nouveaux marchés. Cette gamme va d’abord permettre de consolider la place d’Alpine sur ses marchés principaux : l’Europe et le Japon. Elle va ensuite servir de tremplin pour son expansion aux Etats-Unis et en Asie. Alpine a clairement l’intention de passer d’un segment de niche à une marque complète et globale. Elle se fixe d’ailleurs des objectifs ambitieux avec une croissance annuelle du chiffre d’affaire de 40 % jusqu’en 2030. A cette date, elle vise un chiffre d’affaires supérieur à 8 milliards d’euros et une marge opérationnelle supérieure à 10 %. De quoi, pour Laurent Rossi, assurer la pérennité certaine de son modèle économique.
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