Essayez de deviner le pays d’implantation de la startup Hyliko qui compte proposer des offres pour une mobilité négative en carbone. Le Japon !? Perdu ! Cette entreprise française souhaite verdir les grandes flottes européennes dédiées au transport de marchandises.
Alors que quelques grands constructeurs de poids lourds commencent à s’intéresser à l’hydrogène pour alimenter camions, autocars et autobus, on n’attendait pas particulièrement l’émergence de start-up avec de grandes ambitions dans le domaine. C’est pourtant le cas de Hyliko qui compte proposer bien plus que des véhicules.
C’est tout un écosystème qu’elle souhaite mettre à disposition des transporteurs, dont un réseau d’avitaillement en hydrogène vert obtenu de la biomasse. La feuille de route de la jeune entreprise indique pour 2030 l’ouverture de 60 stations en Europe disponibles 24/7 et localisées à proximité de grandes zones de logistique. Elles accueilleraient alors 6 000 poids lourds pour la durée moyenne de 20 minutes nécessaire au remplissage des réservoirs.
Un premier établissement serait inauguré au second trimestre de la présente année 2023, au sud de Paris. Plus précisément à Villabé, ville du département de l’Essonne prise en étau entre l’autoroute A6 et la mythique nationale 7. Les camions Hyliko ne seront pas les seuls à pouvoir y recevoir de l’hydrogène. Les opérateurs publics et privés du territoire seront également les bienvenus.
Lorsque l’on entend « hydrogène vert », on imagine de suite des éoliennes et/ou une ferme photovoltaïque reliées à un électrolyseur. Hyliko a choisi un autre modèle de production pour lequel l’entreprise compte être également très active. « Produire l’hydrogène de nos stations en utilisant le potentiel de la biomasse, ressource locale produisant en parallèle du biochar – également valorisé localement – est un de nos axes de différenciation », souligne Denis Héchard, directeur du réseau d’avitaillement pour la jeune entreprise.
Le gaz qui sera disponible dans les stations Hyliko sera produit sur place, selon un schéma imaginé par Carbonloop, à partir de biomasse collectée au maximum dans un rayon de 100 km. Cette matière sera portée à une température de 500° C dans un thermolyseur pour sa décomposition en biochar à exploiter en agriculture et en gaz pour la mobilité.
Porté à 1 000° C, ce dernier se transformera par craquage des molécules en gaz de synthèse riche en hydrogène. Une partie de l’énergie thermique retournera vers le thermolyseur pour entretenir le processus. L’hydrogène sera ensuite purifié pour être exploitable dans les piles à combustible des véhicules. Avant stockage, il sera comprimé pour être ensuite distribué à 350 et 700 bars.
Transparent dans sa communication, Hyliko ne cache pas que le tracteur routier présenté sous son nom au salon Hyvolution début février 2023 et à l’origine un modèle diesel sur châssis Renault Trucks. Il a été rétrofité avec son partenaire GreenGT qui est chargé de développer conjointement les groupes motopropulseurs des futurs camions.
Le premier catalogue sera composé d’un tracteur routier 44 tonnes et d’un porteur 26 tonnes. Disponible en configurations 6×2 et 6×4, ce dernier pourrait être carrossé en plateau, caisson, benne, grue, frigorifique, etc. Tous embarqueraient 2 piles à combustible fournies par Toyota pour une puissance totale de 160 kW, un réservoir Plastic Omnium pouvant contenir 40 kg d’hydrogène, une batterie Forsee Power d’une capacité énergétique de 60 kWh (modules extra-plats Pulse 2.5) et une motorisation 350 kW.
Ainsi, l’autonomie des véhicules serait d’environ 400 km à 350 bars, ou aux alentours de 900 km si l’hydrogène est comprimé à 700 bars dans les réservoirs. Hyliko souhaite privilégier au maximum le recours aux entreprises françaises. Dans le même esprit, les poids lourds seraient développés et produits dans l’Hexagone à partir de 2024.
Autre originalité du modèle Hyliko, les camions ne seront pas proposés à la vente. La startup explique qu’elle a imaginé « la première solution intégrée de décarbonation pour le transport routier de marchandises ».
Sur son site Internet, elle détaille : « Pour répondre aux nouveaux enjeux du secteur de la logistique et du transport routier, Hyliko propose une plateforme de mobilité hydrogène à empreinte carbone négative, combinant leasing et maintenance des camions hydrogène, fourniture du carburant hydrogène super vert et gestion des crédits carbone ».
Ses clients seront accompagnés sur mesure dans leur démarche, avec un paiement à l’usage des véhicules. Par rapport à un modèle équivalent diesel, l’entreprise communique sur une baisse de 224 % en employant sa solution.
A Villabé, ce n’est pas qu’une station de distribution que Hyliko a prévu d’ouvrir, mais un véritable pôle d’excellence autour de la mobilité lourde à hydrogène.
Sur un terrain de 2 hectares, on y trouvera aussi les bureaux dédiés à l’équipe de pilotage du réseau d’avitaillement, un espace d’exposition des véhicules qui servira de vitrine à l’entreprise, et un centre de formation technique.
Destiné aux partenaires de la start-up, ce dernier leur permettra de se former au diagnostic, à la réparation et à la maintenance des véhicules hydrogène.
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