Suite de notre série d’articles sur les Assises de l’électro-mobilité 2025. Particulièrement dense, la première table ronde de l’après-midi du 2 juillet avait pour thème les IRVE. Claude Renard de la DGEC commença par faire le point sur le déploiement des IRVE en France. Un déploiement qui s’accélère fortement sur les parkings des enseignes de restauration rapide et des hypermarchés. Mathieu Renaudin d’Izivia et Jean-Louis Coupat d’Allego indiquèrent comment leurs entreprises déployaient des bornes, respectivement chez McDonald’s et Carrefour. Romain Vincent d’Electric 55 Charging évoqua lui la problématique de l’équipement de bornes sur la voirie. Avocate, Maître Audrey Maurel aborda elle les problèmes juridiques liés à l’implantation des bornes. Enfin, il fut question de la recharge en copropriété. Jonathan Hazot présenta les solutions proposées par sa société Waat. Olivier Bernoud parla d’une expérimentation menée par Var Habitat avec le concours de Kolektivolt, la société d’Alexandre Valin.

L’état des lieux du déploiement d’IRVE

Coordonnateur du déploiement IRVE, Claude Renard dressa un état des lieux du déploiement des bornes de recharge en France. Tous les types de bornes accessibles au public suivent des trajectoires croissantes, mais avec des intensités très différentes. Ces deux dernières années, les bornes rapides et ultra-rapides sur les aires ont connu une progression spectaculaire. Aujourd’hui, c’est au tour des enseignes de restauration rapide d’équiper massivement leur parking de bornes rapides. La recharge à domicile en résidentiel collectif a également fortement progressé, notamment grâce au programme Advenir. Le démarrage est plus lent concernant les logements sociaux, mais une véritable dynamique commence à s’enclencher. Plusieurs dizaines de logements sociaux vont en effet s’équiper et ont lancé des appels d’offres. Au final, la couverture de l’ensemble du territoire est aujourd’hui satisfaisante, y compris dans les zones rurales. Des zones où les bornes existantes sont souvent d’ailleurs très peu utilisées.

Izivia équipe les McDonald’s en borne de recharge rapide

Izivia a signé un accord de partenariat exclusif pour équiper les parkings des restaurants McDonald’s en bornes de recharge rapide. Un équipement massif puisqu’il concerne dès à présent 700 restaurants. Mathieu Renaudin a présenté les grandes lignes de ce partenariat. Pas très grands, les parkings des McDonald’s offrent en général entre 20 et 60 places. Izivia va donc y implanter le plus souvent deux à quatre points de charge délivrant jusqu’à 150 kW de puissance. S’il s’agit de petites stations, elles offrent par contre une couverture territoriale remarquable. Elles couvrent en effet 92 départements sur les 95 de la Métropole et ne concernent pas uniquement les autoroutes. Si des franchisés exploitent la plupart des restaurants, McDonald’s en possède généralement le foncier. L’enseigne a donc déjà pu s’engager sur 700 restaurants pour créer un réseau de plus de 2.000 points de charge.

Allego œuvre au développement de la charge rapide

Avant même les enseignes de restauration rapide, la grande distribution a entrepris d’équiper ses parkings en bornes de charge rapide. Ainsi, Carrefour a confié à Allego le soin d’installer des bornes sur les parkings de ses hypermarchés. Des parkings qui comptent souvent plusieurs centaines, voire des milliers de places. Jean-Louis Coupat a révélé les différentes contraintes qu’Allego avait dû surmonter pour installer ces bornes ultra-rapides. Il a ainsi parfois fallu limiter la puissance pour respecter les règles de sécurité. A Givors, Allego a même dû surélever le site pour prendre en compte le risque Inondation. Dans la seconde partie de son intervention, Jean-Louis Coupat a présenté l’association Charge France dont Allego fait partie. Charge France regroupe 18 acteurs majeurs de la recharge en France. Son ambition est de tripler le nombre de points de charge rapide d’ici 2028.

La vision d’Electric 55 Charging

Electric 55 Charging se concentre principalement sur l’installation de bornes de charge normale en voirie. Romain Vincent expliqua sa stratégie qui consiste à rechercher un alignement d’intérêt entre les usagers, la collectivité et l’opérateur. Les usagers veulent des bornes fiables, disponibles et situées à des endroits où ils peuvent faire autre chose durant la charge. Ils attachent également une importance aux tarifs et à une interopérabilité totale des bornes. Les collectivités demandent avant tout une mise en conformité réglementaire. Certaines sont aussi intéressées par la redevance que l’opérateur peut leur donner ou par la reprise de bornes existantes. Enfin, portant l’investissement, l’opérateur souhaite une utilisation maximale des bornes, ce qui tient beaucoup au choix de l’emplacement. Pour faciliter ce choix, Electric 55 Charging a d’ailleurs développé un outil spécifique qui permet en outre d’effectuer les déploiements en moins de trois mois.

Implantation des bornes et obligations réglementaires

Pour implanter des bornes de recharge en voirie, les collectivités doivent respecter bon nombre d’obligations réglementaires, pas toujours très claires. Certaines régissent notamment les relations qu’elles peuvent ou doivent entretenir avec les opérateurs de bornes. Maître Audrey Maurel chercha à décrypter les intentions du législateur dans ce domaine. Ces dernières années, les grosses collectivités ont dû élaborer des Schémas Directeurs pour les Infrastructures de Recharge pour Véhicules Electriques. Des SDIRVE leur permettant de cerner leurs besoins et d’avoir une bonne vision du déploiement des bornes sur leur territoire. Mais pour le mettre en œuvre et faire appel à des opérateurs, elles doivent respecter une procédure bien précise. Elles doivent notamment constater un état de carence avant de lancer un Appel à Manifestation d’Intérêt. Si elles ne le font pas, elles encourent un risque de recours ou d’annulation de leurs projets.

La solution Waat pour équiper les parkings extérieurs

Aujourd’hui, 80% des recharges s’effectuent à domicile. Pas toujours facile et rapide à installer, la recharge dans les parkings souterrains des copropriétés commence à se développer. Pour les parkings extérieurs, les infrastructures de recharge s’avèrent encore plus compliquées à mettre en œuvre. Pour faciliter leur installation, la société Waat propose des solutions que présenta Jonathan Hazot. Des solutions visant à lever les contraintes techniques et financières pesant sur l’implantation de bornes en extérieur. Une implantation souvent très onéreuse en raison de travaux de génie civil assez lourds. Pour les éviter, Waat fait passer d’un bout à l’autre du parking le câble d’alimentation dans une goulotte renforcée. De plus, s’appuyant sur le programme Advenir et l’offre Logivolt, Waat propose une solution totalement gratuite pour la copropriété. Seuls les propriétaires de véhicules électriques sont mis à contribution, mais ils réalisent en contrepartie d’importantes économies.

Une expérimentation dans l’habitat social

L’habitat social commence également à s’intéresser de près à l’installation de bornes de recharge dans les parkings. C’est le cas de Var Habitat qui gère 16.000 logements sur 450 communes. Ce bailleur social a en effet lancé sur huit de ses résidences une expérimentation que présenta Olivier Bernoud. Cela a commencé il y a deux ans par une enquête au niveau de 16.000 logements. Sur 4.000 retours, 1.500 locataires ont déclaré être intéressés par l’installation de bornes de recharge. Ciblant les résidences avec le plus de réponses positives, Var Habitat a lancé son expérimentation avec deux lots distincts. Le premier concernant les espaces extérieurs et le second les parkings souterrains. Les premières réalisations ont commencé avec l’installation de six points de charge partagés au sein d’une résidence de 300 logements. Var Habitat espère que cela va bien fonctionner pour lancer ensuite un plan d’actions global.

Kolektivolt, l’art de bien utiliser les bornes partagées

Kolektivolt fait partie des deux lauréats du marché public passé par Var Habitat pour son expérimentation. Son objectif consiste à proposer une solution de recharge pour des personnes ne disposant pas de place de parking individuelle.  Alexandre Valin expliqua comment bien faire fonctionner un service de recharge mutualisé. Cela commence par bien adapter le nombre de points de charge au nombre de véhicules à recharger. Une nécessité pour éviter que les emplacements réservés ne soient pas respectés. Il faut aussi essayer de bien organiser la rotation des véhicules sur des bornes délivrant 7 kW de puissance. Plutôt que de venir chaque soir, il faut inciter les usagers à venir recharger leur véhicule une fois par semaine. Pour cela, Kolektivolt a mis en place un système innovant de réservation de borne. Via une application, les utilisateurs peuvent réserver leur créneau pour effectuer leur session hebdomadaire en toute sérénité.