Pour son réseau de transport en commun Aléop, la région des Pays de la Loire est déjà bien engagée dans la mobilité décarbonée, avec des différences notables selon les départements. En Mayenne, le rétrofit électrique d’anciens autocars diesel avance avec deux exemplaires qui viennent d’être inaugurés.
Comprenant aussi des lignes ferroviaires et des liaisons maritimes, Aléop a été crée en 2019 à partir des services de transport en commun déjà existants en Loire-Atlantique, Mayenne, Vendée, Sarthe et Maine-et-Loire.
D’où quelques spécificités qui ont duré quelques années, comme une tarification, des opérateurs et des choix différents d’un département à l’autre. Pour exemple cet autocar scolaire Iveco Crossway Euro VI diesel converti au bioGNV par le CRMT, inauguré en avril dernier à Sillé-le-Guillaume (72) près du Mans, et déjà exploité dans la Sarthe par Transdev.
Le tiers de la flotte régionale Aléop est déjà à basses émissions avec 180 autocars bioGNV dont la moitié pour le ramassage scolaire, 120 alimentés par des biocarburants, 10 propulsés par une technologie hybride, et 7 électriques.
En Mayenne, l’opérateur Keolis se réjouit d’avoir la part du parc roulant la plus vertueuse pour Aléop. Sa feuille de route vers 2032 prévoit 33 autocars bioGNV, et 28 à l’huile végétale oxygénée, et 18 électriques dont 10 rétrofités.
Dans ces derniers sont pris en compte les deux véhicules qui ont été inaugurés à Laval ce lundi 2 juin 2025 et affectés aux lignes 102 (Laval-Mayenne) et 105 (Laval-Ernée). Dans le département, 19 autres lignes régulières sont desservies, auxquelles s’ajoutent les deux spécifiques au ramassage scolaire.
Le communiqué de presse commun émis en date du mardi 3 juin 2025 indique pour ces autocars rétrofités par le groupe CBM une autonomie de 200 km et un temps d’immobilisation de quatre semaines.
Pour comparaison, le CRMT a annoncé en avril dernier concernant son Iveco Crossway bioGNV en service dans la Sarthe une à deux semaines pour effectuer la conversion et au moins 300 km durable dans le temps et en toutes saisons au sujet de l’autonomie. Il sera intéressant d’établir un bilan des deux solutions dans 10 ans.
Si le groupe CBM assure que le moteur électrique sans entretien aurait une durée de vie de 40 ans, l’entreprise devenue actionnaire majoritaire de Retrofleet l’année dernière ne s’engage pas sur la longévité de la batterie. Sa capacité énergétique n’est pas non plus mise en avant.
Un petit tour sur le site Internet de Retrofleet permet de retrouver cette info, si elle est toujours bien d’actualité : 192 kWh. On apprend également que les cellules sont de chimie LFP (lithium fer phosphate). Le pack est garanti 7 ans ou 175 000 km.
Que ce soit au GNV, à l’hydrogène ou à l’électrique, le rétrofit est une excellente solution pour décarboner des autocars et autobus dont la seconde vie sera plus vertueuse que la première. L’opération est également moins coûteuse.
Le choix d’un mix énergétique pour le réseau régional d’autocars Aléop est très cohérent. Il illustre parfaitement la prudence appelée à ce sujet par le climatologue François Gemenne.
Le 14 mai dernier, au cours de sa prise de parole devant les responsables d’entreprises réunis au Club EcoGreen Energy de Fay-de-Bretagne (44), également sur le territoire des Pays de la Loire, il a assuré : « Nous avons toutes les solutions qu’il nous faut pour décarboner la mobilité. Electrique à batterie, hydrogène et bioGNV : il faut les déployer à grande échelle ».
Espérant que le réchauffement climatique puisse être limité autour de 2,7° C, il a rappelé l’importance à décarboner les transports : « Avec 34 %, c’est le plus gros poste CO2 en France. Là-dedans, la route pèse 94 %, et 55 % concerne les véhicules individuels. Si nous n’arrivons pas à décarboner le transport, nous n’arriverons pas à atteindre les objectifs ».
Il a estimé à 89 % la population mondiale espérant que soient prises des décisions pour agir contre le dérèglement climatique. Le rétrofit des poids lourds – camions comme autocars et autobus – est un des leviers à actionner dans ce sens.
« Dans une période de forte contrainte budgétaire, le rétrofit est une solution efficace pour continuer à accélérer la transition énergétique de la mobilité tout en maitrisant les finances publiques et privées », peut-on lire dans le communiqué.
Lors de l’inauguration de l’Iveco Crossway bioGNV, Christelle Morançais, présidente de la région des Pays de la Loire, avait elle-même abordé la question budgétaire dans un contexte « de baisse de recettes » à l’origine des économies annoncées sur les frais de fonctionnement. Un choix effectué « pour continuer à investir ».
Et en particulier dans la mobilité pour laquelle la région s’implique. A ce sujet elle avait exprimé sa volonté « d’avoir sur l’ensemble du territoire, sur fond de transition écologique, une mobilité qui n’oppose pas les villes aux zones rurales ».
Il était également question de souveraineté énergétique et industrielle, ainsi que de sauvegarde des emplois. Ce qui s’applique parfaitement au groupe CBM basé au Mans. Ce spécialiste des pièces détachées pour autobus, autocars et tramways a consolidé l’année dernière sa présence dans les Pays de la Loire en ouvrant à Sainte-Luce-sur-Loire (44), dans la métropole nantaise, son troisième centre de rétrofit.
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