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Le véhicule intermédiaire est le chaînon manquant entre le vélo et la voiture électrique Rédigé par ADEME INFOS 2024 le 19 Avr 2024 à 17:26 1 commentaires

2035, c’est la date arrêtée par l’Union européenne pour l’interdiction de la vente de voitures neuves à moteur thermique. Une ambition soutenue par le plan France 2030 à hauteur de 15 millions pour le développement de véhicules intermédiaires. Porté par l’ADEME, le programme eXtrême Défi Mobilité accompagne le prototypage, l’expérimentation et l’industrialisation de ces nouveaux véhicules sobres. C’est dans ce cadre que Jérôme Zindy, vélo-reporter, a sillonné la France pendant deux mois, avec un véhicule intermédiaire, à la rencontre de celles et ceux qui réinventent la mobilité et créent les véhicules de demain. Il nous embarque dans cette Nouvelle Aventure Mobile.

Jérôme Zindy, vous êtes vélo-reporter. En quoi consiste votre métier et comment est née cette vocation ?

« En 2019, lors d’une randonnée en Auvergne, j’ai été confronté brutalement aux effets du réchauffement climatique : végétation très sèche, éleveurs obligés de se séparer d’une partie de leur bétail faute de production autofourragère suffisante, et pire, villages ravitaillés en eau par des camions citernes. C’est un véritable choc : je décide de quitter mon travail dans l’organisation de rallyes automobiles et de changer complètement ma façon de vivre. Depuis 2020, j’anime et réalise des vidéos tournées à vélo pour avoir le meilleur impact possible sur l’environnement, mais aussi pour promouvoir ce mode de déplacement tout en valorisant les initiatives durables. Mes motivations ? Contribuer au changement à ma petite échelle en mettant mes compétences de réalisateur et ma passion pour le vélo au service du bien commun. »

En quoi les véhicules intermédiaires apportent-ils une réponse à la problématique de la mobilité, notamment dans les zones rurales et péri-urbaines ?

« Ces véhicules sont au moins 10 fois plus légers qu’une voiture électrique classique. Par exemple, le véhicule intermédiaire que j’ai utilisé sur ce tour de France, roule à 45 km/h avec 80 km d’autonomie. Il permet au conducteur et à son passager d’être à l’abri du froid et de la pluie tout en restant actif, mais sans transpirer, tout en se déplaçant avec un faible impact environnemental !

Il existe autant de véhicules intermédiaires que d’usages : allant de 25 à 90 km/h, permettant de transporter de 2 à 4 personnes, mais tous ont les mêmes dénominateurs communs : légers, sobres, durables, recyclables et fabriqués en France.

Conçus pour être facile d’entretien et réparables, en plus d’être très économes en électricité, leur déploiement va permettre de créer des emplois sur tout le territoire français tant dans la production, la distribution, la maintenance que dans le reconditionnement. Selon l’ADEME, ces véhicules pourraient satisfaire 60 % des besoins de mobilité du quotidien, en particulier dans le monde rural. »

Pendant deux mois vous avez donc sillonné le pays dans le cadre de l’eXtrême Défi Mobilité de l’ADEME. Quels étaient les objectifs de cette « Nouvelle Aventure Mobile » ?

« Du 1er février au 31 mars 2024, j’ai parcouru 4 000 km à travers la France à la rencontre des pionniers d’une mobilité plus durable made in France, le tout à bord d’un véhicule intermédiaire façon « vélo augmenté ». Il s’agit du chaînon manquant entre le vélo et la voiture électrique. Il en existe dans une multitude de formes – deux, trois ou quatre roues, avec ou sans pédales – , pour le transport de personnes mais aussi de marchandises. L’objectif de cette aventure décarbonnée était de documenter en vidéo les promesses et enjeux de cette nouvelle forme de mobilité durable, de faire connaître ces nouveaux véhicules, mais aussi d’être sur le terrain, d’échanger avec les citoyens de leurs besoins, notamment à la campagne ou dans les communes éloignées des grandes villes. »

Quels enseignements tirez-vous de ces échanges ?

« J’ai une vision plus précise des problématiques rencontrées au quotidien par les habitants : la voiture individuelle, non seulement n’est pas soutenable sur le plan environnemental, mais c’est aussi un gouffre financier : à la campagne, les habitants dépensent environ 1 800 euros par an en carburant (étude INSEE 2023) ! Pour beaucoup, dépenser autant pour utiliser la voiture n’est plus possible. En France, plus de 13 millions de personnes sont dans une situation de « précarité mobilité ». En plus de répondre aux enjeux environnementaux et de création d’emplois en France, les véhicules intermédiaires, qui vont là où le vélo à assistance électrique ne va pas, permettent également de répondre aux enjeux sociaux. »

Vous avez vous-même utilisé un véhicule intermédiaire, le QBX Sorean. Quel bilan faites-vous de cette expérience ?

« Ce 1er tour de France de l’histoire en véhicule intermédiaire démontre tout leur potentiel ! Développé par l’entreprise QBX Quadbike, ce véhicule est adapté à tous types de routes et j’ai été étonné du bon accueil fait par les automobilistes. C’est un véhicule où l’on pédale, on est donc actif dans son déplacement, on retrouve les joies du vélo : il peut également permettre de répondre à des enjeux de santé publique. »

Selon vous, quels sont les leviers à actionner pour faire accepter ces nouvelles mobilités, et faciliter leur développement à grande échelle ?

« Si ces véhicules sont peu chers à l’utilisation, le premier frein à l’heure actuelle reste le coût à l’achat, de 4 000 à 17 000 euros. Pour un déploiement à grande échelle, les aides à l’achat seront essentielles et les subventions adaptées à ce nouveau type de véhicule, indispensables. L’ADEME y travaille avec l’ambition d’étendre les aides à l’achat des voitures électriques aux véhicules intermédiaires. Pour que les aides orientent le marché en faveur des véhicules les moins impactants à la production et à l’usage, l’ADEME souhaite conditionner ces aides au score environnemental, comme le sont depuis le 1er janvier 2024 les aides à l’achat des voitures électriques.

Par ailleurs, utiliser ces véhicules repose sur un changement d’imaginaires face à l’automobile surreprésentée. Mais, comme pour le vélo électrique il y a quelques années, les pratiques évolueront lorsque les usagers auront eu l’occasion de tester ce nouveau moyen de transport et pourront se rendre compte des bénéfices à l’usage. Pour donner cette possibilité aux citoyens, des territoires d’expérimentation se développent partout en France. Au nombre de 20 actuellement, ils ont pour but de créer les conditions favorables, à la circulation de ces véhicules intermédiaires et de les rendre visibles sur la voirie, notamment en aménageant des infrastructures adéquates. »

Pour finir, en trois mots, la mobilité de demain sera :

« Je l’espère en tous cas : durable, accessible et joyeuse ! »

 

Interview réalisée par l’équipe de l’ADEME (ADEME INFOS 2024) que nous remercions pour leur autorisation de diffusion. Retrouvez l’interview et ses éléments complémentaires sur cette page.

 

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Commentaires

  • electronlibre
    ven Avr 19 2024

    Ill serait temps que la France prenne le leadership dans le domaine du véhicule intermédiaire.
    Il faudra aider cette future industrie qui pour le moment n’est encore qu’un artisanat: la production française reste anecdotique!
    L’industrialisation permettra à terme d’obtenir un bon produit à un prix raisonnable.
    La voiture 100% électrique est déjà moribonde, vive le vélomobile qui la remplacera avantageusement.

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