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Les conséquences du « non » aux trottinettes électriques en free-floating à Paris Rédigé par Philippe Schwoerer le 03 Avr 2023 à 14:00 1 commentaires

A une écrasante majorité de 89,03 %, les Parisiens se sont prononcés dimanche 2 avril 2023 contre les trottinettes électriques proposées en libre-service. Ce qui ne sera sans doute pas sans conséquence sur leur quotidien et la mobilité à Paris.

 

Seulement 7,46 % de participation

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : Sur les 1 382 322 personnes inscrites sur les listes électorales parisiennes, seulement 103 084 électeurs ont pris part au scrutin. Ce qui montre un intérêt peu développé pour la question.

Avec une mobilisation de seulement 7,46 %, il est possible d’estimer que ce sont principalement les Parisiens incommodés par les services de Lime, Dott et Tier qui ont effectué la démarche de se rendre aux urnes. Ceux qui n’avaient pas un avis très tranchés et qui auraient potentiellement pu faire le choix du « Oui » sont sans doute peu représentés.

Autre limite à cette consultation : elle n’était pas ouverte à ceux qui se servent du service et viennent parfois de province ou d’ailleurs pour se rendre quotidiennement au bureau ou sur un lieu d’étude. De même pour ceux qui rejoignent ponctuellement Paris pour effectuer du tourisme ou pour des raisons culturelles et qui utilisent les trottinettes électriques. Ce qui représente une part importante des utilisateurs des trottinettes électriques partagées sans point fixe de dépôt.

 

Homogène au niveau des arrondissements

Sur les 103 084 voix comptabilisés, ont été identifiés 443 votes blanc ou nuls. Le « Non » a pesé 89,03 % avec 91 385 bulletins, contre 11 256 avis favorables (10,97 %). Les résultats ont été détaillés par arrondissement, sans distinctions majeures. Sans véritable surprise, le « Non » a été le plus lourd dans le seizième : 91,77 %. Toutefois la zone la plus permissive, Paris Centre, n’affiche pas des chiffres en rupture, avec 85,77 % de voix également négatives.

« Ce soir, les Parisiennes et les Parisiens qui se sont exprimés se sont très massivement prononcés contre les trottinettes en libre-service. Leur message très clair devient dès à présent notre feuille de route », a commenté Anne Hidalgo, maire de Paris. Les services de Lime, Dott et Tier seront donc arrêtés, mais pas du jour au lendemain. L’acte devrait être applicable au plus tard au 1er septembre prochain.

L’annonce il y a quelques jours du plan national par Clément Beaune, ministre délégué chargé des Transports, ne devrait pas changer les choses. Toutefois la lecture entre les lignes du programme et de ses annexes laisse penser qu’il a été en partie rédigé en pensant à la situation parisienne et en espérant ne pas en arriver à la situation du 2 avril dernier.

 

Des effets positifs…

Les 3 opérateurs avaient mis en place quelques actions de séduction pour susciter, avant le vote, les avis positifs des Parisien. Ont-elles vraiment pesé ? Aujourd’hui, ces entreprises assurent que la disparition de leurs services aura des conséquences sur le déplacement mensuel moyen d’environ 400 000 personnes. Et ils ont raison.

Plutôt positive a priori, la première conséquence sera sans doute un boom des ventes sur les trottinettes électriques causé par ceux qui vont être privés des engins de Lime, Dott et Tier. Ce ne sont pas les commerçants qui s’en plaindront. Ni forcément les Parisiens qui ont exprimé en particulier un ras-le-bol justifié concernant les nombreux engins délaissés sur les trottoirs de façon anarchique.

Les utilisateurs propriétaires de leurs propres petits véhicules leur accorderont un soin plus particulier, notamment en les embarquant au bureau ou à l’appartement. Si l’usage devait en outre être plus respectueux des piétons, ce point positif supplémentaire serait davantage à mettre à l’actif du plan national que du vote sanction. Il ne faudra pas l’oublier à l’heure d’effectuer certains bilans.

 

…et d’autres négatifs

Nous pouvons sans doute écarter un report massif des utilisateurs des trottinettes électriques en libre-service à Paris vers l’autosolisme. Quand on a goûté à cette liberté qu’apporte cet engin, on ne va pas vouloir retrouver les bouchons. Ni forcément les transports en commun d’ailleurs. Toutefois ces derniers pourraient connaître tout de même un problème de fréquentation.

Car la part se reportant sur eux présentera une proportion non négligeable de nouveaux propriétaires qui embarqueront leurs propres trottinettes dans le métro, le bus et les trains. Ce qui risque de ne pas être au goût de nombreux parisiens et autres voyageurs. Dans un même véhicule, la multiplication des trottinettes jouera forcément négativement sur l’espace.

Un report très probable s’effectuera en parallèle sur les vélos, mais aussi les scooters et les motos, électriques on non. Avec un encombrement dans les rues et sur les trottoirs qui prendra une autre dimension que celui causé par des engins plus petits. Sans compter la saturation des parkings dédiés.

 

Un signe contestable

Par ailleurs, nombre de possesseurs des actuelles trottinettes électriques sont passés par une phase d’essai grâce aux systèmes de location free-floating. Cette possibilité va donc disparaître. Et là, ce sont de nouveaux adoptants potentiels de la mobilité douce qui vont peut-être différer leur saut vers une solution plus durable.

Ce qui est à craindre, c’est surtout le signe particulièrement négatif que la consultation jette simultanément sur la mobilité douce et le partage d’engins en général. Il tend à démontrer que le choix, vertueux à l’origine, effectué par de nombreux usagers et en particulier au sein des jeunes générations, serait mauvais. Avec une possible assimilation à toute la mobilité durable.

Pourtant le résultat semble davantage traduire l’impossibilité de la mairie de Paris à intégrer des services qui vont pourtant perdurer ailleurs avec succès. A l’approche des Jeux olympiques programmés dans la Capitale en 2024, c’est franchement dommage, et à reculons sur la vision de la mobilité durable à l’échelle des grandes villes du monde. Les résultats validés le week-end dernier ne vont certainement pas clore pour autant le débat concernant les trottinettes électriques partagées à Paris.

 

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Commentaires

  • Christophe
    mer Avr 5 2023

    Merci Philippe pour cet article auquel j’adhère.

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