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Que font les Français avant de pouvoir passer à l’électrique ? Rédigé par Philippe Schwoerer le 14 Fév 2023 à 12:07 1 commentaires

Arrêt des ventes des voitures essence et diesel neuves en 2035, développement des zones à faibles émissions, augmentation du nombre de jours avec pics de pollution, etc. : Les Français sont de plus en plus poussés à passer à l’électrique. Si les ventes des voitures particulières branchées affichent effectivement des courbes à la hausse, c’est avec encore une trop grande timidité par rapport aux enjeux. Pourtant les automobilistes sont nombreux à avoir changé d’habitudes. Comment ?

 

Dérèglement climatique

Le soleil règne en maître sur la France en ce jour de la Saint-Valentin 2023. Quoi de plus agréable pour les amoureux qui peuvent en profiter sur l’heure du déjeuner pour se promener main dans la main. Avec des températures supérieures à 10° C un peu partout en France, à l’exception des territoires alsaciens et mosellans, c’est également une aubaine afin de limiter les besoins en énergie pour le chauffage. Les menaces de coupures de courant semblent s’éloigner alors que nous connaissons une situation habituelle pour un mois de février.

Tous ces signaux apparaissent positifs. Et pourtant ils annoncent potentiellement de nouvelles difficultés. Aussi bien pour cet été avec de probables problèmes de sécheresse, épisodes caniculaires et d’incendies, qu’aujourd’hui avec des pics de pollutions qui rendent de plus en plus urgentes les mises en place de nouvelles zones à faibles émissions mobilité.

Dans 2 à 3 ans, ces ZFE devraient passer le seuil de la quarantaine. Et pourtant nombre de personnes qui circulent sur ces territoires en voiture, pour des besoins professionnels, ne font pas encore le choix de l’électrique. Pourquoi ?

 

Contexte flou

En octobre dernier, Aramisauto avait publié les résultats d’une enquête confiée à Opinionway. On y trouve des pistes d’explication. Notamment que « 42 % des automobilistes interrogés sont déterminés à utiliser leur voiture malgré les interdictions » de circulation. Est-ce pour autant affolant ? Pas forcément ! Un tel scénario est quasiment toujours observé lorsqu’il s’agit de modifier en profondeur des habitudes. Il y a déjà un certain réflexe de rébellion très commun dans notre pays. Il fait quasiment partie de notre folklore.

Et puis il y a encore une véritable méconnaissance qui entoure les zones à faibles émissions. Où seront-elles ? Quelles seront les interdictions et obligations qui y seront attachées ? Les automobilistes français ont-ils envie de devancer l’appel ? Ou même seulement de s’informer sur le sujet ?

Dans un contexte où les foyers ont été chahutés par la crise sanitaire de la Covid-19, où l’on s’inquiète de l’allongement de la durée de vie de travail au point de craindre ne pas pouvoir tenir jusque-là, où les effets du dérèglement climatique sont désormais palpables et en avance sur le calendrier, où les tensions sur les énergies laissent envisager des pertes de confort, où les prix augmentent un peu partout, et où les menaces de conflits entre nations se multiplient, quelles sont les perspectives optimistes pour les citoyens ? Où sont les nécessaires déclencheurs aux efforts à effectuer ?

 

Des usages à revoir ?

On peut dès lors comprendre que de nombreux Français connaissent une tendance au repli, et même à jouer l’autruche, ne serait-ce que pour dormir à peu près correctement et profiter un peu de la vie. Ce que ne s’expliquent pas forcément les personnes qui se sont déjà engagées assez profondément dans le transformation de la société, des habitudes de consommation et de la mobilité. Pour eux, il y a réelle urgence à agir.

C’est ce qu’ils font, en ayant conscience qu’il faudrait que tout le monde leur emboîte le pas. Pour eux, se déplacer mieux, ce n’est pas forcément remplacer une voiture diesel par un modèle équivalent électrique. Et encore moins de passer d’une citadine essence à un SUV à batterie. Ce serait plutôt privilégier des engins plus doux comme le vélo, la trottinette, ou le scooter électrique par exemple. Mais aussi la marche et les transports en commun.

Globalement, les automobilistes sont inquiets, quel que soit leur niveau d’engagement dans la mobilité durable. Pour ceux dont les fins de mois sont difficiles, avec une crainte réelle de perdre leur emploi, passer à une voiture neuve électrique apparaît comme un pari très risqué. D’autant plus s’ils ne disposent pas d’un moyen de se brancher chez eux ou sur leur lieu de travail, et qu’ils voient les prix s’envoler dans les réseaux publics. Le calcul à la louche est simple : des voitures plus chères à l’achat et un coût de l’énergie plus vraiment à niveau pour amortir la différence sur 7 à 10 ans d’usage.

 

Des pendule déréglées

L’inquiétude, le contexte flou, l’impression de devoir passer dans une succession de tunnels qu’on aimerait éviter, la multiplication des décisions gouvernementales qui peuvent être annulées lors de prochaines élections, de nouveaux modèles de mobilité dont les bénéfices peuvent vite être perdus ou révisés, etc. : Tout cela explique qu’aujourd’hui de nombreux Français choisissent par prudence de s’équiper plutôt de véhicules essence et diesel d’occasion pas trop coûteux à entretenir, et qui ne feront pas perdre une somme importante au foyer s’il fallait les abandonner rapidement.

C’est un chemin de traverse. S’il ne mène pas directement vers l’électrique, il n’empêche pas d’y accéder plus tard. Mais ce sera au moment opportun. Chaque foyer est une situation particulière. S’approprier la mobilité électrique nécessite alors un ensemble de facteurs positifs pour y parvenir. Sans doute la non prise en compte de l’analyse du cycle de vie n’aide-t-elle pas à passer à la mobilité durable qui restreint en une obligation un choix que l’on aimerait opérer entre différentes solutions qui font sens en France.

Le retard pris à proposer des voitures électriques intéressantes à un prix accessible est un facteur aggravant aujourd’hui. Ce marché branché qui est désormais disponible, aurait dû l’être au moins 20 ans plus tôt. Et sans chercher à vouloir motoriser le monde entier au prétexte d’un développement qui n’a pas le même sens partout sur la planète. L’adoption de la mobilité électrique va poursuivre un rythme qui devrait aller en s’intensifiant, mais toujours en dépendant de l’évolution des stimuli.

 

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Commentaires

  • electronlibre
    mar Fév 14 2023

    Il ne faut pas oublier que le marché du VE est largement subventionné. Cela ne durera pas si en 2035 les VT sont interdit à la vente. Le malus disparaitra avec l’arrêt des VT et n’alimentera plus le bonus VE, disparaissant lui aussi, à moins de trouvé de l’argent ailleurs…
    De plus, il faudra sécuriser la production d’électricité dont la demande augmentera forcément avec le nombre des VE que les écologistes appellent de leurs vœux. Mais la réalité de l’économie leur est inconnue.
    Je comprends l’immense majorité des français dans leurs doutes à changer alors que l’avenir est incertain.
    Peut être un jour découvrira-t-on que cette histoire de climat n’était pas celle que l’on nous a décrite ?

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