Suite de notre série d’articles sur les tables rondes des Assises de l’électro-mobilité. Co-organisées par l’AVEM et le Conseil Départemental des Alpes-Maritimes, ces Assises ont eu lieu les 15 et 16 novembre. Lors de l’après-midi de la première journée, l’une des tables rondes avait pour thématique « Réseau électrique : état des lieux et perspectives ». Quatre intervenants ont successivement pris la parole. Didier Lainé de RTE Méditerranée a lancé les débats, suivi par Frédéric Milcent d’Enedis. Deux premiers orateurs plutôt rassurants sur la capacité du réseau à surmonter la forte croissance des ventes de véhicules électriques. Néanmoins, le réseau pourra d’autant mieux faire face à ce surcroît de demande d’énergie avec un pilotage de recharge efficace. Un sujet abordé par Régis Le Drezen de Think Smartgrids et Philippe Marchay de la Fédération Française des Intégrateurs Electriciens (FFIE).
Didier Lainé a commencé par présenter les résultats d’une étude de RTE sur les futurs énergétiques à l’horizon 2050. Selon la Stratégie Nationale Bas Carbone, la consommation d’énergie finale en France devrait baisser de 40%. Pour y parvenir, RTE a construit six scénarios de mix énergétique, avec ou sans nouveau réacteur nucléaire. Des scénarios montrant tous qu’il faudra passer à la vitesse supérieure dans la réduction de la consommation d’énergie. Après l’avoir transporté dans le futur, Didier Lainé a ramené l’auditoire à la réalité du moment. Avec déjà une certitude, la consommation des véhicules électriques ne mettra pas en péril le système électrique cet hiver. Elle ne représente en effet qu’environ 0,2% de la consommation électrique française. Néanmoins, la situation du réseau électrique demeure tendue. RTE a donc réactivé le dispositif Ecowatt et a lancé un appel citoyen à modérer sa consommation lors des plages horaires critiques.
Enedis se retrouve aujourd’hui face au défi de réussir la seconde électrification du pays. Mais ceci à partir d’un réseau électrique solide, contrairement à celle vécue au sortir de la seconde guerre mondiale. Pour Frédéric Milcent, la réussite passe par une accélération de la transition écologique dans les territoires. En matière d’IRVE, il convient de changer de braquet et Enedis appelle à un Plan Marshall de la mobilité électrique. Une nécessité pour pouvoir passer de un million de véhicules électriques à recharger aujourd’hui à 17 millions en 2035. Pour déployer les nouvelles bornes de recharge, il faut mettre en œuvre une véritable politique industrielle. Cela passe par le développement d’une filière spécifique sur les tissus économiques locaux. Enedis s’efforcera d’y concourir en rendant la recharge à domicile possible, en accompagnant les plans de déploiement dans les centres commerciaux ou sur les autoroutes et en facilitant la recharge en voirie.
Think Smartgrids représente la filière française des réseaux électriques intelligents. Une filière qui transforme les réseaux électriques en y ajoutant des couches de digital afin d’optimiser l’intégralité des flux qui transitent sur ces réseaux. Think Smartgrids regroupe des acteurs des mondes de l’énergie, du numérique, mais aussi du monde de l’automobile. Pour Régis Le Drezen, la filière anticipe l’essor de la mobilité électrique qui représente une réelle opportunité pour les réseaux. Des réseaux qui pourront aisément supporter la demande supplémentaire liées au développement des véhicules électriques, à une réserve près. Les véhicules électriques devront se recharger en évitant les heures de pointe du réseau. Un pilotage très simple, s’inscrivant dans le dispositif heures creuses/heures pleines, qui évitera notamment aux réseaux d’avoir à surinvestir. A terme, les véhicules électriques pourront même réinjecter de l’énergie sur le réseau au moment où celui-ci en aura besoin.
Même s’ils rencontrent des difficultés de recrutement, les intégrateurs électriciens pourront faire face à l’afflux de raccordements qui se profile. La filière se préoccupe d’ailleurs depuis une vingtaine d’années du sujet des IRVE. Actuellement, elle travaille beaucoup avec Enedis sur le déploiement des colonnes horizontales dans les copropriétés. Pour le pilotage de la recharge, les intégrateurs électriciens se retrouvent en bout de ligne pour proposer des solutions efficaces. Ils ne contentent plus de simplement poser une borne, mais sont là aussi pour proposer des solutions de pilotage intelligent. Un pilotage permettant de lisser la puissance disponible pour que tout le monde soit servi en temps et en heure. Philippe Marchay a ensuite insisté sur l’importance de la qualification des électriciens pour travailler sur les IRVE. Des infrastructures de recharge qui nécessitent absolument de prendre des mesures de sécurité et de respecter les normes en vigueur.
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