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Risque de pénurie de cobalt : menace sur la voiture électrique ? Rédigé par Philippe Schwoerer le 18 Mai 2018 à 00:00 0 commentaires

Depuis 1986, le Rapport Cyclope analyse sur plusieurs centaines de pages les marchés mondiaux des matières premières. L’édition 2018 est nouvellement disponible, qui fait état des tensions sur les approvisionnements en matériaux, dans un contexte de renforcement du pouvoir des dirigeants russe, chinois et indien, en face d’un Donald Trump trop imprévisible. La construction aéronautique et la fabrication des batteries de traction pour véhicules électriques ont littéralement fait exploser la demande en cobalt. Les cours s’envolent, et les volumes nécessaires à ces 2 industries semblent mal anticipés.

Encore le cobalt !

On a longtemps pointé le lithium comme le matériaux le plus sensible pour l’avenir des batteries de traction des véhicules électriques. Il n’entre pourtant qu’à hauteur de 1% des composants employés dans la fabrication des accumulateurs lithium-ion à cathode NCM (nickel, cobalt et manganèse). Le cobalt, lui, est 3 fois plus présent. Il est régulièrement mis sur le devant de la scène de façon négative. En novembre 2017, par exemple, Amnesty international rappelait dans son rapport intitulé « Time to recharge » que ce matériau est extrait en majeure partie de mines artisanales en République démocratique du Congo. Des d’enfants d’à peine 10 ans y ont été aperçus, s’activant à cette tache, parfois 24 heures d’affilée, pour 1 à 2 dollars par jour de travail !

60% en RDC

A peu près 60% des volumes de cobalt exploités dans le monde viennent de la République démocratique du Congo qui concentrerait plus de la moitié des réserves connues. Parmi les études et rapports que l’Europe enchaîne sur l’impact des véhicules électriques tout au long de leur cycle de vie, celui titré « Research for TRAN Committee – Battery-powered electric vehicles : market development and lifecycle emissions » classait en mars dernier le cobalt comme présentant un risque réel en approvisionnement. Le Rapport Cyclope ne fait que confirmer cette estimation.

Un prix qui flambe

Quand on regarde la courbe du prix du cobalt, on s’aperçoit que c’est vraiment depuis 2017 qu’il flambe, multiplié par plus de 2 par rapport à 2016. Serait-ce cyclique ? En 2008, – il y a tout juste 10 ans -, un pic encore plus élevé que le plus haut niveau 2017 avait été enregistré, avant que le cours ne retombe rapidement ! Mais en mai 2018, on peut déclarer le record vieux de 10 ans battu. Le prix moyen du cobalt sur l’année 2017 était d’environ 61.200 dollars la tonne. A la cotation du 16 mai, il a été enregistré à 91.000 dollars, soit un peu plus de 77.000 euros la tonne, selon le taux de change en vigueur à cette date. Avec une demande en cobalt croissante, devenue supérieure à l’offre, la situation semble délicate, d’autant plus quand elle crée une dépendance vis-à-vis d’un pays à la politique instable et où la législation environnementale et celle du travail sont particulièrement vides. Ce nouveau signal d’alarme que tirent les auteurs du Rapport Cyclope doit nous rappeler qu’il est important de diversifier les technologies sur lesquelles repose la mobilité durable. Au niveau des véhicules électriques, cela se traduit par des batteries composées d’autres matériaux, mais aussi sur la pile à combustible hydrogène.

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