La semaine dernière, Kia a invité la presse spécialisée européenne à Marbella pour venir tester EV4. Sa première berline 100% électrique que nous avons pu essayer sur les routes de la Costa del Sol. Un essai que nous relaterons dans un prochain article. Ce rendez-vous espagnol nous a aussi donné l’occasion de rencontrer Marc Hedrich, le Président de Kia Europe. Ce dernier nous a accordé une longue interview pour parler tout d’abord des atouts d’EV4. Pour Kia, EV4 représente bien plus qu’une simple voiture. Il s’agit aussi de son premier véhicule électrique conçu en Europe, ce qui lui permettra d’accéder à de nombreuses aides. Dès lors, Kia pourra la proposer à un prix très attractif. De quoi envisager un beau succès, aussi bien auprès des particuliers que des entreprises.
Marc Hedrich, parlons tout d’abord d’EV4 que la presse spécialise à l’occasion de tester cette semaine. Quels sont les principaux atouts de cette berline 100% électrique ?
EV4 a plein d’atouts. Pour nous d’abord, EV4 est bien plus qu’une simple voiture, c’est un projet. Déjà, nous la lançons avec deux carrosseries, et en premier lieu une carrosserie 5 portes à destination du marché européen. Nous proposons également une version Fastback, qui est une berline plus longue avec un côté Coupé. Je parle de projet car nous avons aussi une berline 5 portes quatre roues motrices qui va arriver. Puis par la suite, nous proposerons également une version GT haute performance. Vous voyez bien que pour nous EV4, c’est un ensemble de véhicules et donc un projet très important.
Pour EV4, vous offrez le choix entre deux types de batteries. Quelles autonomies autorisent-elles et comment EV4 se positionne dans la catégorie des berlines ?
Parlons essentiellement de la version compacte 5 portes puisque c’est celle qui a le potentiel le plus important en Europe. Nous offrons effectivement le choix entre une batterie standard de 58,3 kWh et une batterie longue autonomie de 81,4 kWh. Cette dernière permet une autonomie WLTP de 625 km, soit l’une des meilleures autonomies des berlines du segment C. Quant à la batterie standard dont on attend environ 25% du mix d’EV4 en Europe, on est à 420 km.
EV4 entend également se distinguer par son système d’infodivertissement. Quelles sont ses principales caractéristiques ?
Chez Kia, nous avons une stratégie claire pour les véhicules électriques. Pour nous, proposer une bonne autonomie et des batteries avec un système de pré-conditionnement pour recharger rapidement est un prérequis. Néanmoins, cela n’est pas suffisant. Nous proposons ainsi au client une carte permettant d’accéder à plus d’un million de bornes en Europe. Nous devons également avoir une connectivité digne de ce nom et notre système d’infodivertissement permet de faire beaucoup de choses. Avec Kia Connect, il donne notamment accès à un grand nombre d’applications et à une navigation intelligente. Une navigation parfaitement connectée avec toutes les bornes en Europe. Pour la partie divertissement, nous avons noué des partenariats avec Netflix, Disney et YouTube. De quoi pouvoir regarder de nombreux programmes pendant qu’EV4 se recharge. Enfin, toutes ces fonctionnalités peuvent se mettre régulièrement à jour à distance avec le système OTA (Over-the-Air).
EV4 est le premier véhicule électrique Kia produit en Europe. Cela lui permet de profiter du coup de pouce qui a succédé au bonus écologique. Est-ce un atout essentiel pour son attractivité ?
Nous n’avons pas décidé de produire EV4 en Europe pour cela puisque le coup de pouce est venu bien après. La stratégie de Kia a toujours été d’avoir une grosse partie de nos ventes produite en Europe. Jusqu’à récemment, notre usine slovaque de Zilina fabriquait toute la gamme Ceed que nous avons arrêtée. Elle fabrique toujours la gamme Sportage et la XCeed. Désormais, depuis le 15 août dernier, elle produit EV4, son premier véhicule électrique. Viendra ensuite EV2 à partir de févier de l’année prochaine. Avec sa capacité de production de 350.000 voitures/an, nous aurons près de 50% nos ventes fabriquées en Europe.
Par ailleurs, par chance, le gouvernement français a mis en place un nouveau bonus qui s’appelle maintenant coup de pouce. Pour les particuliers, cela représente une aide allant de 3.100 à 4.200 euros selon leurs revenus. C’est même 1.000 euros de plus si la batterie est produite en Europe, ce qui est le cas pour EV4. Une voiture que nous proposons en France pour la version compacte à partir de 38.290 euros hors coup de pouce. Avec les différentes aides, elle devient accessible aux alentours de 33.000 euros, ce qui est très attractif.
La version berline fastback d’EV4 ne bénéficie pas du coup de pouce. Vous avez tout de même choisi de la commercialiser en Europe. Qu’en attendez-vous ?
Effectivement, avec une production en Corée et des batteries produites en Indonésie, EV4 Fastback ne bénéficie d’aucune aide en France. Néanmoins, nous estimons qu’elle peut quand même intéresser une certaine clientèle. Il s’agit d’une voiture de plus de 4,60 mètres avec beaucoup de place à l’intérieur et un grand coffre. Elle offre aussi jusqu’à 630 km d’autonomie, donc elle peut trouver sa place même si les volumes seront nécessairement limités. En effet, les clients européens sont plus friands d’une voiture compacte 5 portes que d’une berline Fastback. En termes de volume, nous pensons pouvoir atteindre près de 3.000 unités en Europe.
Quels sont vos objectifs concernant la version compacte 5 portes, en Europe et en France ?
Sur l’ensemble des marchés dont nous avons la responsabilité, nous espérons atteindre les 30.000 unités en année pleine. Sur le marché français, comme vous le savez, nous n’étions pas éligibles à l’éco-score avec EV3. Nous avons néanmoins été capables d’en écouler près de 3.000 exemplaires. Je pense donc qu’EV4 5 portes peut tangenter les 6.000 unités en France.
Quel est le bilan global de Kia sur le marché européen, en particulier sur les véhicules électriques ?
Kia toujours pour stratégie d’être leader sur le véhicule électrique. EV6 a été le premier véhicule issu de notre nouveau positionnement de marque dans le monde. Cette voiture a été élue Voiture de l’Année en Europe, une première pour un constructeur coréen. Nous avons ensuite lancé EV9 qui a été élue Voiture Mondiale de l’Année. Une distinction qu’a aussi ensuite obtenue EV3, également deuxième du prix de Voiture de l’Année en Europe. Cet ensemble de véhicules nous a permis d’accroître de plus de 60% nos ventes de véhicules électriques en Europe. Sur l’électrique, nous arrivons en septième position avec une part de marché aux alentours de 5%. Ceci alors que notre part de marché global sur l’ensemble des pays dont Kia Europe a la responsabilité se situe autour de 3,8%.
EV3 a réalisé d’excellents débuts sur certains marchés européens. En France, il connait plus de difficultés. Quelles en sont les raisons ?
Sur l’ensemble des marchés européens, EV3 réalise 60% de nos ventes de véhicules électriques. C’est donc un véritable succès en Europe. En France, ses débuts sont plus difficiles en raison de sa non éligibilité à l’éco-score. EV3 ne bénéficie donc pas du coup de pouce pour les particuliers. Il est aussi handicapé sur le marché des entreprises où nous réalisions de jolis scores. En effet, les règles concernant les avantages en nature ont changé et un mauvais éco-score pénalise énormément.
En France, le marché des flottes est très porteur. Quelles sont vos attentes pour EV4 sur le marché des entreprises ?
Effectivement, aujourd’hui en France, ce sont les flottes qui tirent la mobilité électrique. Avec son bon éco-score, EV4 dispose du potentiel pour faire une belle percée sur ce marché. Elle arrive sur le marché du segment C qui est traditionnellement plus orienté flottes que celui des SUV. Ainsi, sur les 6.000 voitures dont je vous parlais, je pense que nous aurons un mix de 60-40 entre les sociétés et les particuliers.
Pour terminer, contrairement à d’autres constructeurs, Kia a pris récemment position sur le maintien de l’arrêt de la vente de véhicules thermiques neufs en 2035. Pour vous est-il essentiel de maintenir cet objectif ?
Nous nous sommes clairement engagés sur cet objectif et nous pensons qu’il ne faut pas revenir en arrière. Par contre, nous ne sommes pas contre une certaine flexibilité. Si les 2035 deviennent 2036, cela ne nous pose pas de problème majeur. D’ailleurs, la flexibilité dont a fait preuve l’Union européenne sur les obligations en matière d’émission de CO2 est très intelligente. Elle donne en effet aux constructeurs la possibilité de s’y conformer en calculant leurs performances sur une moyenne de trois ans (2025,2026 et 2027), plutôt que sur chaque année de manière séparée. Nous accueillerons favorablement une mesure de ce genre, mais nous ne voulons pas d’une politique de stop and go. A un moment, Kia sera à 100% électrique, mais ce sont les clients qui le décideront. Quant à nous, nous sommes prêts à répondre à la demande.
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