Le ZULU 06, tel est le nom du premier bateau fluvial propulsé à l’hydrogène et développé par le groupe SOGESTRAN. Baptisé en décembre dernier, il va être expérimenté pendant un an et demi.
Les bateaux fluviaux représentent aujourd’hui seulement 2 % des tonnes-kilomètres transportées loin derrière les marchandises transitant par la route en France.
Ce mode de transport est pourtant avantageux notamment dans des centres urbains à forte densité où le transport par la route devient un vrai casse-tête. De plus, pour la même quantité de marchandises transportées, le bateau fluvial consomme trois à quatre fois moins d’énergie qu’un camion.
Le ZULU 06 n’émet, quant à lui, aucun polluant ni gaz à effet de serre dans l’atmosphère grâce à sa propulsion à l’hydrogène vert. De plus, son moteur électrique lui permet d’être silencieux ce qui n’est pas négligeable en milieu urbain.
L’armateur a misé sur le retrofit pour décarboner son bateau. Il est ainsi parti d’un engin existant qu’il possédait déjà.
« C’est un bateau de distribution urbaine, long de 55 mètres et capable de transporter jusqu’à 400 tonnes de marchandises, soit autant que 50 camionnettes, explique Mathieu Longueville, chef du projet chez Sogestran. Nous l’avons équipé de deux piles à combustible de 200 kWh chacune. Et, au lieu d’installer un réservoir, qui aurait nécessité une station de ravitaillement à quai, nous chargeons à bord un conteneur amovible de 20 pieds, rempli de 300 kg d’hydrogène comprimé. Il suffit de le décharger et d’en prendre un autre, avec la grue embarquée, pour « faire le plein ». Une fois vide, soit après une semaine environ, il est déposé à quai, puis emmené par camion jusqu’à un hub hydrogène où il sera de nouveau rempli. »
Cet aménagement a nécessité un coût d’investissement élevé. Cette conversion a pu être soutenue par le plan d’aides à la modernisation et à l’innovation des flottes fluviales (PAMI) piloté par Voies navigables de France (VNF) avec le soutien financier de l’ADEME. Lancé en 2023 et ouvert jusqu’en octobre 2027, ce plan vise à faire émerger des solutions innovantes de réduction des impacts environnementaux du secteur fluvial.
Le frein majeur du projet est le prix de l’hydrogène vert qui reste au moins deux à trois fois plus cher que le fuel. La filière hydrogène a encore du chemin à parcourir avant de devenir une solution démocratisée.
Le groupe Sogestran et l’ensemble des porteurs du projet, appellent ainsi à une mobilisation accrue de tous les acteurs de l’écosystème – des financeurs pour soutenir cette transition, aux pouvoirs publics pour accompagner les évolutions réglementaires, sans oublier les clients, partenaires incontournables de cette transformation.
« Nous proposons une solution particulièrement vertueuse. Mais les clients doivent accepter le surcoût. On ne sait pas si ça va marcher, reconnaît Mathieu Longueville. Le fait d’avoir axé notre design sur le rétrofit nous apporte au moins une sécurité. On sait que, si la clientèle ne suit pas, on n’aura pas construit un nouveau bateau pour rien. On pourra toujours rebasculer sur le moteur thermique, puisqu’on l’a conservé. »
Si, au contraire, l’expérience est un succès, l’innovation est reproductible : l’armateur a d’autres Zulu en circulation, qu’il peut moderniser à leur tour.
Bilan de l’expérience dans 18 mois.
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