Le scooter électrique a le vent en poupe. Les scooters électriques en libre-service rencontrent un joli succès et commencent à se développer dans de nombreuses villes. Ils incitent de plus en plus d’utilisateurs à franchir le pas et à faire l’acquisition d’un scooter électrique. Par ailleurs, la décision de la ville de Paris d’instaurer un stationnement payant pour les scooters, sauf pour les scooters électriques provoque déjà une explosion des ventes. Basée à Boulogne-Billancourt, 2Twenty entend bien surfer sur cette nouvelle vogue du scooter électrique. Ceci en misant sur des scooters au look rétro, adaptés à la circulation en milieu urbain. Interview de son fondateur, Nicolas Goldzahl, pour présenter ces scooters, retracer l’historique de la marque et évoquer son avenir.
Nicolas Goldzahl, vous avez créé votre société en 2016. Quels étaient vos objectifs ?
A l’époque, j’étais assez souvent en Chine pour une autre activité. J’ai vu à Shanghai que tous les scooters étaient électriques depuis une dizaine d’années. C’était très sympa et un vrai plaisir de voir qu’il n’y avait pas de bruit dans la rue avec les deux-roues. D’autre part, j’ai constaté que le type de scooter rétro plaisait beaucoup aux expatriés. Je me suis dit : si c’est un best-seller à Shanghai, pourquoi pas à Paris. J’ai commencé prudemment en en faisant venir deux, un en pour la France et un autre en Hollande. Ceci afin de voir si on pouvait les immatriculer. Après, j’ai fait venir un premier container et les scooters se sont alors vendus comme des petits pains. L’aventure de 2Twenty avait commencé.
2Twenty s’est spécialisée dans les scooters électriques avec un look rétro. Un look rétro, mais vous vouliez que ces scooters soient fiables et stables ?
Effectivement, c’était vraiment cela le projet. Lorsqu’il y a une création de marque, il faut qu’il y ait une véritable valeur ajoutée. Nous importons des scooters, mais nous ne nous contentons pas d’apposer juste une étiquette. Nous sommes en étroite collaboration avec le fabricant pour leur apporter des améliorations. Ainsi, par exemple, les premiers scooters avaient des batteries au plomb. Nous les avons fait remplacer par des batteries au lithium qui soient amovibles. Aujourd’hui, nous sommes déjà à la version 4, avec à chaque fois de véritables améliorations. Celles-ci répondent la plupart du temps à des demandes des clients.
Le premier scooter que vous avez commercialisé, le Roma, était inspiré par le scooter mythique des années 1950 de chez Vespa ?
C’est tout à fait vrai Il était clairement inspiré du Vespa des années 50 dont il reprend notamment les courbes arrondies. En fait, un ancien de chez Vespa avait eu l’idée de reprendre cette carrosserie en Chine et de la vendre à des usines. Lorsque nous sommes arrivés, nous avons choisi une usine qui fabriquait cette carrosserie qui existe aussi sur d’autres marques.
Après avoir choisi l’usine, nous lui avons donné des directives portant notamment sur le choix du moteur et du contrôleur. Ensuite, il a fallu entreprendre les démarches pour obtenir un certificat européen d’immatriculation. Un certificat indispensable pour que le scooter ait le droit de rouler dans toute l’Europe. Très compliquée et onéreuse (50 000 dollars), son obtention nécessite que le scooter passe de nombreux tests.
Dans quels domaines, les scooters électriques que vous distribuez ont-ils le plus évolué ?
Un exemple, au début le niveau de charge n’était pas précis et fiable. Maintenant nous avons un BMS communiquant qui permet d’avoir le niveau de charge en pourcentage, comme pour un smartphone. Pour un scooter électrique, il faut absolument que la clientèle ait une vision claire de son autonomie. Nous avons également mis au point un porte-bagage arrière beaucoup plus solide. Nous avons aussi apporté des changements sur la carrosserie, ajouter des accessoires ou modifier le pare-brise.
Avez-vous enregistré des progrès en matière d’autonomie qui reste encore assez faible ?
Franchement, en quatre ans l’autonomie de nos scooters n’a pas beaucoup variée. Il y a des petites améliorations sur les batteries, mais nous attendons encore une vraie révolution industrielle dans ce domaine. La longévité des batteries a progressé, passant de 700 à 1 000 cycles, mais l’autonomie reste un problème. Ce n’est pas la peine de se raconter des histoires. Il faut donc rester à notre place. Les scooters électriques que nous vendons sont très bien adaptés pour le milieu urbain. Par contre, ils ne sont pas faits pour faire du grand tourisme dans les Alpes.
Aujourd’hui, vous proposez deux types de scooters. A quels besoins correspondent-ils ?
Nous avons d’abord le Roma 2900, un équivalent 50cc d’une puissance de 2 900 Watts. Un scooter parfaitement adapté en région parisienne pour ceux qui font des déplacements uniquement intra-muros. Nous sommes dans une ville où la vitesse limitée à 30 km/h est de plus en plus répandue. Cela ne sert donc à rien d’avoir un scooter rapide. Ce modèle représente deux-tiers de nos ventes. 60% des clients ne prennent qu’une batterie qui offre 50 km d’autonomie. Le soir, ils emmènent chez eux leur batterie amovible de 10 kilos pour la recharger. Ceux qui ont besoin de plus d’autonomie prennent deux batteries.
Notre second modèle, le Roma 4800, est un équivalent 125cc. Il fonctionne avec deux batteries branchées en parallèle, qui offrent 80 km d’autonomie. Ce scooter convient aux personnes qui veulent plus de puissance, notamment pour faire des trajets avec un passager. Il permet aussi de prendre le périphérique ou les voies rapides.
Si vos scooters électriques viennent de Chine, vous disposez par contre d’un important stock de pièces détachées. Cela est-il important pour rassurer votre clientèle ?
C’est effectivement très important de pouvoir rassurer nos clients lorsqu’ils rencontrent un problème. Cela arrive assez souvent, notamment lorsqu’ils ont fait une chute et ont cassé quelque chose. Nous faisons parties des rares importateurs qui disposent de toutes les pièces détachées. Des pièces accessibles en ligne sur notre site internet.
Nous avons également innové avec une chaîne You Tube proposant des tutos montrant aux bricoleurs comment changer eux-mêmes les pièces. Les non-bricoleurs, peuvent aller chez leur garagiste en leur disant de prendre contact avec nous pour changer une pièce. Par ailleurs, nous assurons nous-mêmes le SAV pour nos clients de la région parisienne. Nous pouvons également nous appuyer sur notre réseau d’une soixantaine de revendeurs en France et en Europe.
Les scooters électriques nécessitent-ils moins de SAV que les scooters à moteur thermique ?
D’une manière générale, un scooter électrique est plus simple techniquement qu’un scooter thermique. Il y a moins de pièces et donc moins de pannes du fait de la simplicité de la machine. Pour les plaquettes de freins ou l’usure des pneus, il n’y a pas de différence avec un scooter thermique. Par contre, toute la partie motrice ne nécessite pas de révision ou d’entretien. D’autre part, même par grand froid, vous n’avez pas besoin de chauffer le matin un moteur électrique. Vous mettez la pleine puissance tout de suite.
En termes de prix, les scooters électriques sont-ils beaucoup plus onéreux que les scooters thermiques ?
Ils ne sont pas beaucoup plus chers. Le Roma 2 900 coûte 3 390€ et le Roma 4 800 coûte 4 990€. Nous avons également des formules de location longue durée qui répondent à une forte demande. Nous avons en effet beaucoup de clients qui n’ont pas les moyens de régler le montant en une fois. Par contre, ils sont tout à fait capables de le faire en LLD qui commence à 88€/mois.
Comparés à des scooters de marques connues comme Vespa ou Honda, nous sommes dans les mêmes ordres de prix. Par contre, c’est sûr qu’il existe des scooters thermiques, fabriqués en Chine ou en Asie, très bon marché. Après, les scooters électriques génèrent pas mal d’économies, notamment liées à l’absence de révisions et de consommation d’essence. Quelqu’un qui roule tous les jours avec un scooter thermique a tout de même un budget essence assez conséquent.
Vous assistez également vos clients dans l’obtention de subventions. Celles-ci sont assez nombreuses, mais vos clients rencontrent-ils certaines difficultés pour les obtenir ?
Dans ce domaine, nous avons essayé d’être le plus clair possible sur la page d’accueil de notre site. Il y a un onglet subventions, avec un lien d’information pour chaque subvention. Nous avons même créé une page sur notre blog dans laquelle nous mettons à jour toutes les subventions régionales. Pour Paris, nous nous maîtrisons bien les trois types de subvention existent. Ce sont le bonus écologique, l’aide la ville de Paris et la subvention de la Région Île-de-France pour les professionnels. En régions, il faut que nos clients se renseignent pour savoir si leur ville accorde une subvention pour l’achat d’un scooter électrique.
Vous êtes implantés à Boulogne-Billancourt, à proximité de Paris qui vient d’instaurer le stationnement payant pour les scooters, sauf pour les scooters électriques. Cela peut-il booster les ventes de scooters électriques ?
Enormément et nous en ressentons déjà les premiers effets. Dès le 1er septembre, beaucoup de gens sont venus nous voir et nous enregistrons déjà des ventes. Les parisiens ont attendus pour venir que la mesure soit effective car elle avait déjà été reportée. Aujourd’hui, à 20€/jour, se garer dans Paris avec un scooter thermique devient un vrai budget conséquent. Pour beaucoup, le passage à l’électrique va s’imposer comme solution.
Les produits en provenance de Chine rencontrent actuellement des problèmes d’approvisionnement. Serez-vous en mesure de faire face à cet afflux de la demande ?
Vous connaissez la situation : le Covid a repris localement en Chine. La politique zéro Covid du pays a engendré de nombreux dysfonctionnements dans la chaîne d’approvisionnement. Il suffit qu’une ville soit reconfinée pour que tout à coup une pièce manque. Cela provoque du retard dans les livraisons, mais celles-ci ont tout de même lieu. Nous pourrons donc faire face sans trop de problèmes à la forte augmentation de la demande.
Plus généralement, comment voyez-vous évoluer le marché du scooter électrique à moyen terme ?
Franchement, je suis très optimiste concernant notre business. Le switch électrique se fait déjà dans Paris où tous les scooters vont devenir électriques d’ici quelques années. Tout laisse à penser que cette bascule vers l’électrique va bientôt concerner toute la France. Je pense que de nombreuses villes vont en effet s’inspirer de la décision de Paris pour faire pareil chez elles. Aujourd’hui, nous vendons 300 scooters par an et, d’ici trois ans, nous dépasserons le millier de scooters chaque année. Notre réseau de revendeurs devrait aussi s’agrandir rapidement pour atteindre la centaine d’ici la fin de l’année.
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