Les chiffres mensuels des immatriculations en véhicules électriques et hybrides rechargeables ne sont pas toujours très révélateurs d’une tendance qui s’installe ou de scénarios de rupture. Interpréter les relevés semestriels des mises en circulation et les comparer aux exercices précédents sera bien plus efficace. A ce jeu, on s’aperçoit que les ventes des véhicules particuliers branchés s’intensifient. Du côté des utilitaires, on observe plutôt une certaine stagnation qui ne prouve pas pour autant un désintérêt des professionnels pour la mobilité électrique.
VPE : +87%
Il n’aurait pas fallu grand chose pour que le premier semestre 2015 double les chiffres de la même période pour 2014 en matière d’immatriculations en voitures électriques pour les particuliers. De 4.779 VPE mis en circulation entre le 1er janvier et le 30 juin 2013, le marché s’était rétracté en 2014 à 4.306 exemplaires, pour atteindre 8.032 unités cette année. Le superbonus entré en vigueur au 1er avril pourrait expliquer les bons chiffres de ces derniers mois, mais le retenir comme seule raison de l’actuel succès des ventes de ces engins serait oublier un peu vite les délais de livraison qui dépassent les 3 mois chez plusieurs constructeurs ! Ce serait aussi, en quelque sorte, minimiser l’importance de certaines politiques locales. Le dynamisme vendéen, par exemple, qui s’exprime en particulier par un maillage efficace en bornes de recharge, notamment rapides, se traduit sur le terrain par des ventes en véhicules électriques 5 fois supérieures à la moyenne nationale. Le deuxième semestre devrait confirmer, en tout cas nous l’espérons à l’Avem, que l’année 2015 est bien la charnière à partir de laquelle les VE sortent de l’ombre !
Zoé en tête
Interrogez dans la rue quelques personnes qui ne connaissent pas grand chose aux voitures électriques et vous verrez que l’image qu’ils s’en font reste invariablement bloquée sur la Renault Zoé. Le monde électromobile se résume quasiment pour eux à ce seul modèle. Pas étonnant qu’elle fasse ventouse à la première place depuis des mois ! Certains l’achètent avec une parfaite méconnaissance du marché. Qui de la poule ou de l’œuf… ou plutôt qui de la Zoé ou des VPE entraîne les chiffres des ventes de l’autre ? La citadine du losange représente, à la louche, selon les périodes, entre la moitié et les trois quarts des immatriculations concernées. Derrière, la Nissan Leaf respire lorsque la Zoé recule. La place qu’elle occupe n’est en rien une reconnaissance de ses qualités. Il suffit d’essayer la japonaise sur au moins un week-end pour se demander et se désoler que ses ventes ne tournent qu’autour de 15-20% du marché.
Bousculades après la 2e place
Derrière les modèles phares de l’alliance Renault-Nissan, rien n’est vraiment installé. La Bluecar de Bolloré subit les spasmes de ses ventes en modèle presque perçu comme incontournable pour la location libre-service. Les BMW i3 (rex et sans rex), Smart ED, Tesla Model S s’échangent facilement leurs places dans le tableau des immatriculations mensuelles. En dessous d’elles, c’est encore plus incertain. Des réajustements de tarifs font ressortir les C-ZiMiOn (Citroën C-Zéro, Mitsubishi i-MiEV, Peugeot iOn). Quand donc les modèles branchés de Volkswagen et Kia sortiront-ils des cases inférieures du classement ? Et le e-NV200 de Nissan ? Dans un marché qui s’installe, 2015 enterre déjà en France quelques figures tourmentées de la mobilité électrique : Mia, Ford Focus, Renault Fluence et Tesla Roadster !
VHR : un marché fragile
Fragile, peut-être, le marché des voitures hybrides rechargeables ! Mais en pleine explosion, avec +262% pour le premier semestre, entre 2014 et 2015, avec respectivement 661 et 2.393 exemplaires immatriculés. Le Mitsubishi Outlander, qui semblait taillé pour porter le flambeau de la technologie qui allie double motorisation et batterie à recharger sur le réseau, a dû céder sa place aux productions allemandes. Les lointaines cousines Volkswagen Golf GTE et Audi A3 e-tron comptent se battre le plus longtemps possible la première place du podium dédié à leur genre. Rien de vraiment convaincant aujourd’hui pour bouleverser prochainement ce trio, à part, peut-être, par snobisme, le Porsche Cayenne. Déjà des départs à la retraite qui s’annoncent : Opel Ampera et Toyota Prius Plug-In Hybrid. La Volkswagen XL1 est un cas à part, produit dans un nombre limité déjà distribué. A l’instar des véhicules électriques, les modèles les plus vertueux, comme ceux élevés sur les trois premières marches, bénéficient du superbonus. Autant dire que le second semestre devrait confirmer en fin d’année le bon chiffre des immatriculations en hybrides rechargeables.
VULE : Globalement en baisse
Avec -17 et -3% pour le premier semestre, respectivement pour 2014 par rapport à 2013 et 2015 au regard de 2014, on pourrait penser que les professionnels se désintéressent des véhicules électriques. Ce n’est pas si simple ! Déjà parce qu’il s’agit d’un marché emporté par des commandes groupées parfois importantes. Ensuite parce que les entreprises et collectivités exploitent aussi, en fonction des offres, des modèles VPE ou des engins, quoique électriques, qui ne rentrent pas dans les chiffres préfecture des utilitaires légers branchés. Renault s’installe une nouvelle fois en première marche du podium qui leur est réservé, avec l’indétrônable Kangoo ZE ! Indétrônable, vraiment !? Sa part régresse globalement et la concurrence compte en profiter ! Peugeot hésite encore sur la manière de s’y prendre, mais à la rentrée, le Lion devrait partir en safari pour placer son Partner qui offre des solutions intéressantes que nous espérons détailler prochainement. Nissan pousse de son côté le e-NV200 tout aussi convaincant. Derrière, les Ligier, Goupil et Mega sont des quadricycles et engins spéciaux qui connaissent le succès auprès des collectivités ou emprisonnés dans des sites industriels et logistiques. Un beau contrat par ici, un autre encore plus intéressant par là, et les voilà propulsés dans les cases hautes d’un tableau qui rassemble finalement des modèles très hétéroclites ! Dans leur catégorie, difficile de prévoir ce que sera le volume de leurs immatriculations au second semestre. Si les artisans, commerçants et entreprises de livraison anticipent les dispositifs qui se mettent en place dans les grandes villes, et en particulier en région parisienne, les ventes devraient frémir à la hausse !
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