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La voiture électrique à l’épreuve d’une nouvelle vie Rédigé par Philippe Schwoerer le 05 Juil 2022 à 06:00 0 commentaires

Il y a quelques années, j’avais pris le rôle d’un porteur de presse afin d’évaluer l’intérêt d’utiliser une voiture électrique pour passer tôt le matin et déposer leur quotidien aux abonnés. Aujourd’hui démarre un autre essai grandeur nature en changeant de lieu de vie.

 

Commune de 4 000 habitants

Des enfants devenus grands et qui ont quitté la maison, la nécessité de céder mon précédent logement à la suite d’un décès, le besoin de me rapprocher de lieux de reportage, l’envie de tester une vie en modérant mon impact sur l’environnement, et me voilà dans une charmante maison d’une centaine d’année qui intègre un périmètre classé par les bâtiments de France.

La situation du logement est idéale. Déjà avec un marché hebdomadaire qui commence à 200 m. La banque, la Poste, l’assureur, 3 boulangeries, le charcutier, le dépôt de presse, et bien d’autres commerces dans un rayon de 400 m. Et, surtout, le bâtiment est placé entre 2 supermarchés localisés à moins d’un kilomètre. En bref, tout le quotidien peut être géré à pied.

Avant de résider au plein cœur de cette commune d’un peu plus de 4 000 habitants, je vivais en pleine campagne. Il fallait donc prendre la voiture pour aller chercher le pain par exemple, même si j’en prenais suffisamment pour 7 à 10 jours.

 

Maison sans terrain

Dans l’ancienne ferme où je résidais auparavant, j’aurais pu stationner une bonne vingtaine de voitures. Procéder à une recharge à l’abri et sans risque n’était absolument pas un problème. Un décor totalement à l’opposé de ma nouvelle situation. Ma maison est mitoyenne par 3 côtés. Si, si, ça existe ! Il n’y a ni terrain, ni garage. Devant, c’est une des rues principales.

J’ai toutefois trouvé à environ 700 m un box dans une résidence récente. Il fait parti d’un lot comprenant un appartement et 2 places de parking fermées. L’une est louée avec ce logement à un couple. Ce qui m’a permis de récupérer le 2e box, mais sans espoir de pouvoir y recharger mon VE.

Toutefois j’ai fait le choix de m’implanter durablement dans ces conditions. Je roule en voiture électrique depuis 2007, soit 15 ans désormais. Va-t-elle trouver sa place dans cette nouvelle vie, ou vais-je devoir repasser à un modèle thermique afin d’effectuer mes déplacements professionnels, en particulier pour les besoins de reportage, et les trajets privés occasionnels ?

 

Suspendue à la borne en voirie

Dans mes impératifs qui ont guidé mon implantation, il y avait la présence d’un garage attenant à la maison avec une prise domestique au minimum. J’ai toujours rechargé mes voitures électriques ainsi, sans wallbox ni connecteur renforcé spécifique. Mais le fait de pouvoir tout gérer à pied a été le plus fort. De même, je pensais refuser une maison avec une chaudière thermique. C’est pourtant un modèle au gaz qui chauffe la maison.

L’aérothermie n’était pas possible avec la proximité des voisins. La chaudière est heureusement neuve et de dernière génération. Mais là, elle est éteinte, par choix. On va bien voir combien de temps le bonhomme de 56 ans va supporter de prendre des douches froides le matin. Et pour le reste, la bouilloire sur la gazinière, c’est très bien. En 2 ou 3 minutes j’ai 1,5 litre d’eau chaude pour la vaisselle.

Et concernant la recharge du Kia Soul EV ? Il y a la borne en voirie, dressée sur l’un des parkings principaux. Elle est bien sûr inaccessible le matin du marché et lors d’événements particuliers.

 

Un réseau de recharge idéal ?

Question recharge, le syndicat de l’énergie d’Ille-et-Vilaine, en Bretagne, fait plutôt bien les choses. Son réseau est associé à un contrat avec Enercoop. J’avais d’ailleurs choisi cette coopérative en fournisseur d’électricité à ses débuts, lorsque je suis passé à l’électromobilité. A l’époque, je souhaitais ne pas associer ma Renault Clio de 1996 à batterie nickel-cadmium avec le nucléaire.

Aujourd’hui, avec la complexité des marchés des énergies tendus par des crises à répétition (Covid-19, guerre en Ukraine, suspension de Nord Stream 2, etc.), Enercoop, dont je suis toujours sociétaire, a dû se résoudre à recourir à l’ARENH (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique) pour 3 ans à partir de l’année prochaine. Mais c’est une autre histoire.

Les tarifs affichés par le réseau Ouest Charge dont dépendent les bornes Béa du SDE35 sont compatibles avec un usage fréquent par les électromobilistes locaux abonnés : 0,22 euro du kilowattheure en AC, 0,33 euro pour les chargeurs DC 50 kW, et 0,55 euro pour la haute puissance.

 

Un choix fragile ?

Le gros défaut des bornes 22 kW AC sur ce territoire, c’est que la puissance est divisée par 2 si 2 voitures électriques sont rechargées simultanément. Imaginons une Renault Zoé et un Kia e-Soul par exemple. Seule, la première exploiterait au maximum la puissance de la borne. La seconde plafonnerait à celle du chargeur embarqué, c’est-à-dire au mieux à peine 7 kW. Mais si les 2 sont branchées en même temps, ces chiffres tombent au mieux respectivement à 11 et 3,5 kW.

Difficile dans ce cas de prévoir la durée de la recharge qui peut donc passer de 7 à plus de 14 heures avec un pack déjà bien vidé sur la coréenne. A ce jour, je n’ai pas été très souvent confronté à cette situation. En outre, avec une batterie de 64 kWh, il est relativement facile de conserver un niveau d’énergie suffisant pour réaliser des déplacements aller et retour à 100-150 km.

Peu d’autres bornes dans la commune : 1 heure gratuite sur un parking de supermarché, et une wallbox sur celui d’un magasin spécialisé en bricolage. En revanche, d’autres bornes Béa sont accessibles dans des communes aux alentours, en dépannage. Et il existe 3 chargeurs rapides dans un rayon de 20 km. A priori, et temps qu’il n’y aura pas beaucoup plus d’électromobilistes dans mon cas localement, l’accès à la recharge devrait être relativement facile.

 

Et après ?

Si cette borne en voirie venait à être longuement indisponible, les choses pourraient vite devenir problématiques. Premier point encourageant, elle compte depuis quelques semaines 2 connecteurs Type 2. Celui de Type 3 a été remplacé, conformément à une opération annoncée et encore en cours dans le département sur le présent mois de juillet.

Je publierai dans 12 mois un petit bilan après un an dans la peau d’un électromobiliste qui ne possède pas de moyen personnel de recharger sa voiture électrique. A la limite, s’il existait dans cette commune un service d’autopartage de VE avec des modèles dotés d’une autonomie suffisante (batterie de 45-50 kWh au minimum), je n’aurais plus besoin de disposer de mon propre véhicule.

 

L’avenir de la mobilité électrique

Cette expérience est à rapprocher des propos du maire de Trilport, en Seine-et-Marne, qui annonçait au JT de TF1, il y a quelques jours, avoir fait installer une borne en plein cœur de sa commune pour dynamiser le commerce local. Quid des électromobilistes habitants qui n’auraient pas une prise à disposition chez eux ? Cette borne leur sera-t-elle interdite au prétexte que leur voiture mobiliserait l’emplacement pendant des heures au préjudice du coiffeur et du boulanger à proximité ?

Une station de recharge doit-elle être implantée par une collectivité pour favoriser la mobilité électrique ou pour favoriser le commerce local ? Si ça devait être les 2, il faudrait alors plusieurs modèles, dont une 50 kW a minima.

Avec la fin des voitures essence et diesel, de plus en plus d’automobilistes, lorsqu’ils passeront à l’électrique, seront dans la même situation que celle que je connais désormais. Il faudra bien que les réseaux de recharge puissent les servir. A méditer !

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