Implanté dans le golfe de Saint-Tropez, Electric 55 Charging est un opérateur de bornes de recharge. Il gère en direct plusieurs centaines de bornes, principalement dans le Sud-Est. Il fournit également des solutions à des partenaires pour superviser les plusieurs milliers de bornes de leurs réseaux. Il est aussi devenu un spécialiste du rétrofit des bornes Autolib en région parisienne. Avec le soutien de Bpifrance et de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Electric 55 Charging développe actuellement un projet innovant pour optimiser l’usage de réseaux de très grande envergure. Un projet que son fondateur et CEO Romain Vincent vient de présenter à Nice au Transition Forum, un sommet international consacré aux solutions pour accélérer la transition énergétique. C’est à cette occasion que nous avons rencontré Romain Vincent pour en savoir plus sur ce projet Murphy.
Romain Vincent, avant de parler du projet Murphy, peut-on rappeler le positionnement d’Electric 55 Charging ?
Electric 55 Charging est un opérateur de recharge spécifique car notre ADN c’est de financer les bornes et de se rémunérer sur le service proposé. Nous proposons principalement des bornes accessibles au public, avec une internalisation de la technologie qui nous permet d’être aujourd’hui à l’équilibre sur nos réseaux de recharge. Le tout en proposant une tarification intéressante.
De par votre expérience dans le domaine des bornes de recharge, vous avez identifié que l’un des freins au développement de la mobilité électrique était le manque de bornes mais aussi le fait qu’elles étaient trop souvent en panne ?
Exactement, il y a deux sujets : le volume et le niveau de service. Comme nous nous rémunérons sur l’utilisation de nos bornes, nous ne pouvons pas passer à côté des questions du niveau de service. En effet, nous n’avons pas d’autres sources de revenu et il est donc vital pour nous que nos bornes fonctionnent. Avec 8 ans d’expérience, nous avons acquis une bonne connaissance des raisons qu’une borne marche bien ou mal vu de l’utilisateur, mais aussi des choix technologiques indispensables à leur bon fonctionnement.
Le projet Murphy que vous êtes en train de développer vise à améliorer la disponibilité des bornes ?
Non seulement cela mais demain, avec notre système de supervision, il ne faudra pas mille fois plus de personnes pour gérer un million de bornes qu’il n’en faut aujourd’hui pour en gérer mille. Actuellement, beaucoup de tâches sont réalisées avec des traitements humains ou curatifs. Un de nos enjeux est d’avoir conscience des incidents et des difficultés techniques avant que l’utilisateur ne s’en rende compte. Pour nous, c’est le nerf de la guerre. Nous voulons que, vu de l’utilisateur, il n’y ait jamais de dysfonctionnement.
Ceci grâce à l’intelligence artificielle ?
Grâce aux données que nous avons accumulées depuis des années, nous avons identifié des leviers d’action en utilisant de l’intelligence artificielle. Nous allons pouvoir capter et isoler des informations qui vont nous permettre d’améliorer en temps réel le niveau de satisfaction général des réseaux de recharge. Nous pourrons également traiter d’autres sujets comme la question du piratage. Ceci afin que les gens payent bien la charge qu’ils sont en train de faire.
Concrètement, comment utilisez-vous cette intelligence artificielle ?
Nous en sommes encore aux prémices de notre projet dont nous venons d’obtenir le financement par Bpifrance et la Région Sud. Cependant, nous avons néanmoins une bonne idée de la manière de procéder et nous avons déjà structuré nos données. Nous allons d’abord exploiter les données que nous avons accumulées depuis des années. Nous allons les utiliser pour faire tourner des algorithmes d’apprentissage. Ce sont des réseaux de neurones auxquels on dit : « voilà ce qui s’est passé, essaye de comprendre d’où ça vient ». Une fois qu’on a entraîné cette intelligence artificielle, nous serons capables, à partir des données d’exploitation qui arrivent en temps réel, d’alerter sur des dysfonctionnements probables du réseau.
Est-ce que le système pourra faire des opérations de maintenance de manière autonome ?
Dans un premier temps, nous pourrons déclencher une réaction humaine, mais l’objectif c’est d’automatiser la réaction pour avoir à tout moment une réponse adaptée à la situation. Nous aimons bien utiliser le terme d’auto-cicatrisation des réseaux. Nous avons une vraie valeur ajoutée à créer à ce niveau, notamment en vue de la multiplication à venir des bornes de recharge. Si le système ne pourra intervenir directement sur le site, il pourra déclencher une intervention avec un niveau de priorité.
Outre l’utilisation de ce système par votre société, comptez-vous le proposer aux autres opérateurs ?
C’est ce que nous faisons d’une certaine manière. Notre métier, c’est de développer notre propre réseau qui sert de démonstrateur pour d’autres partenaires. Nous avons régulièrement des grands comptes qui nous sollicitent pour bénéficier de notre expérience. Historiquement, nous travaillons beaucoup avec Nissan, Eurotunnel ou BP. Nous avons également des partenariats avec des acteurs comme Bolloré Solutions ainsi qu’un grand groupe de maintenance de véhicules. Notre spécificité, c’est que nous proposons de gérer le réseau de nos clients à leur place. De faire office de tour de contrôle plutôt que de leur fournir un outil en leur disant débrouillez-vous.
Le marché des bornes de recharge se développe fortement, mais comporte de gros acteurs. Pensez-vous les convaincre d’utiliser votre système ?
Sur ce marché, le fait que nous soyons le dernier acteur indépendant constitue une réelle opportunité. Aujourd’hui, beaucoup d’acteurs sur ce marché ne veulent pas travailler avec un grand groupe. Notre force, c’est d’être neutre et indépendant.
En menant à bien ce projet, comptez-vous créer beaucoup d’emplois et développer fortement votre chiffre d’affaires ?
Nous allons essayer de poursuivre sur notre trajectoire, c’est-à-dire de doubler l’effectif tous les ans, au moins jusqu’en 2025. Aujourd’hui, nous sommes dix au sein de l’entreprise donc je vous laisse faire le calcul. En termes de chiffre d’affaires, nous allons passer pour la première fois cette année le million d’euros. Là aussi, nous avons l’ambition d’au moins le doubler tous les ans. Notre objectif est de décorréler les coûts de fonctionnement des revenus. Si nous envisageons de doubler l’effectif, c’est que nous avons donc pour ambition de faire plus que fois deux sur le chiffre d’affaires.
Le recrutement ne vous pose-t-il pas trop de problèmes ?
Nous recrutons des profils assez variés et nous avons effectivement parfois du mal à trouver des candidats compétents. Nous sommes prêts à recevoir les candidatures de tous ceux qui sont intéressés par la mobilité électrique. Des personnes qui n’ont pas peur du Golfe de Saint-Tropez qui est un territoire avec ses avantages et ses inconvénients.
INFOS
Electric 55 Charging
09 Boulevard Louis BLANC
83 990 Saint-Tropez
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