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Airbus des batteries : Mercedes rejoint Stellantis et TotalEnergies, tandis que Renault décline l’invitation Rédigé par Emmanuel Maumon le 30 Sep 2021 à 09:46 0 commentaires

Mercedes-Benz a annoncé il y a quelques jours son entrée dans le capital d’Automotive Cells Company (ACC). Créée par TotalEnergies et le Groupe Stellantis, ACC constitue l’un des projets phares de l’Airbus des batteries. Soutenue par l’Union européenne, cette initiative vise à relocaliser la production des batteries des véhicules électriques sur le continent européen. L’apport de Mercedes va accélérer le développement d’ACC et renforcer son poids industriel. Il intervient à un moment où l’entreprise vient d’inaugurer son nouveau centre de R&D tandis que l’enquête publique sur la construction de sa future Gigafactory vient de s’ouvrir. Seule ombre au tableau, Renault a décliné l’invitation de rejoindre les trois actionnaires dans le capital d’ACC.

Mercedes nouvel actionnaire d’ACC

La prise de participation de Mercedes-Benz est loin d’être symbolique. Le constructeur allemand devient en effet actionnaire à parts égales d’ACC avec Stellantis et TotalEnergies, chacun avec 1/3 du capital. Avec Mercedes-Benz comme nouveau partenaire, ACC vise à plus que doubler la capacité industrielle de ses sites européens. Les trois actionnaires s’engagent à porter cette capacité à au moins 120 GWh d’ici 2030. Pour cela, ils mobiliseront un investissement de plus de sept milliards d’euros, qui sera soutenu par des subventions. Le renforcement d’ACC aidera l’Europe à relever les défis de la transition énergétique dans la mobilité. Il lui permettra aussi d’assurer sa sécurité d’approvisionnement d’un composant clé de l’industrie de la voiture électrique.

Les raisons du choix de Mercedes

La sécurisation de cet approvisionnement est aussi une raison du choix de Mercedes de rejoindre ACC. Ceci au moment où la firme à l’étoile s’est engagée dans un plan de transformation très ambitieux. Pour son PDG Ola Källenius : « Cet investissement marque une étape stratégique sur notre chemin vers la neutralité en CO2 ». La volonté de Mercedes-Benz est de développer avec ACC des batteries parfaitement adaptées aux modèles de la marque. Des cellules et modules de batteries mettant l’accent sur la sécurité, les performances et la compétitivité. Le tout en garantissant le plus haut niveau de qualité et la plus faible empreinte carbone.

ACC inaugure son Centre d’Expertise

L’arrivée de Mercedes-Benz dans son capital survient à un moment ou ACC franchit un moment clé de son existence. Un peu plus d’un an après sa création, elle a inauguré mardi son centre de R&D. Un centre situé à Bruges, en Gironde à côté de Bordeaux. Un site qui emploie déjà 300 personnes et qui se prépare à en accueillir 150 supplémentaires d’ici la fin de l’année. En inaugurant ce centre, ACC respecte son plan de marche pour devenir un champion européen des batteries pour véhicules électriques. Ce Centre d’Expertise a pour mission de concevoir et  prototyper les cellules qui composeront les premières batteries d’ACC. Ceci en explorant des technologies de rupture, comme celle des batteries à électrolyte solide. Des technologies qui soutiendront sans doute l’essor de la mobilité électrique dans les prochaines années.

Une série de tests avant de passer à la production en série

Ce centre de R&D comportera également des zones dans lesquelles ces cellules seront soumises à une première série de tests. Des tests d’endurance, de conditions extrêmes en termes de température, ou d’usure accélérée afin d’analyser leur comportement. Avant de valider leur production en série, ces cellules de batteries seront de nouveau testées au sein d’une usine pilote. Une « testing line » dont la construction est en voie d’achèvement à Nersac, près d’Angoulême. Une fois le feu vert donné, la production pourra alors être lancée  dans l’une des futures Gigafactory d’ACC.

Le démarrage de l’enquête publique pour la Gigafactory de Douvrin

Avant l’arrivée de Mercedes dans son capital, ACC prévoyait la construction de deux Gigafactories. La première située dans la région des Hauts-de-France et la seconde en Allemagne à Kaiserslautern. Le projet de Gigafactory en France vient d’ailleurs d’entrer dans une étape décisive avec l’ouverture de l’enquête publique.  L’usine de production de batteries serait située sur un terrain de 34 hectares à Douvrin dans le Pas-de-Calais. L’objectif est de commencer à produire au second semestre 2023 avec une capacité de 8 GWh. Une capacité portée ensuite à 16 GWh, pour atteindre 24 GWh à terme en 3 blocs à horizon fin 2029. Le site devrait même permettre d’accueillir un quatrième bloc si le développement commercial l’exigeait.

Plus de deux milliards d’euros d’investissement

Plus de deux milliards d’investissement sont prévus pour l’ensemble de ce projet qui doit générer entre 1400 et 2000 emplois. Le chantier de la première phase doit s’étaler sur 18 mois et il est impératif qu’il se termine avant la fin de l’année 2023. Les modules de batterie produits doivent en effet équiper la prochaine génération des véhicules du groupe Stellantis, prévue en 2023. Un retard de production de l’usine de Douvrin obligerait Stellantis à changer de fournisseur de batteries. Un changement pour l’ensemble du cycle de vie de cette génération, d’une durée supérieure à 4 ans. Dans cette hypothèse, l’usine de Douvrin n’aurait plus le niveau d’activité qui justifierait sa construction. L’ensemble du modèle d’affaires et la pérennité d’ACC seraient remis en question.

Renault décline l’invitation

Cette menace ne semble aujourd’hui plus de mise avec l’arrivée de Mercedes-Benz comme nouvel actionnaire. Une arrivée qui n’était pas forcément la solution privilégiée au départ. Stellantis et TotalEnergies ont en effet longtemps poussé pour un partenariat avec Renault Group. Un partenariat que le gouvernement français appelait aussi de ses vœux. Malgré de longues discussions qui continuent encore, Renault a finalement décliné l’invitation. Ses besoins futurs en matière de batteries étant importants, Renault n’exclue cependant pas de devenir un client d’ACC. Ceci d’autant plus que son pôle d’excellence du véhicule électrique sera situé à quelques kilomètres de la Gigafactory d’ACC de Douvrin.

Une production des batteries en France reste privilégiée

Mais pour mener à bien son projet ElectriCity, Renault a donné sa préférence à la société sino-japonaise Envision. Il faut dire qu’Envision est l’ex filiale de Nissan son partenaire au sein de l’Alliance, une Alliance qu’il souhaite renforcer. Le choix d’Envision ne signifie cependant pas que Renault abandonne l’idée de fabriquer ses batteries en France. Au contraire, il a lancé le projet de construction d’une usine de batteries à Douai. Une usine qui fournira notamment les batteries de la future R5 électrique que Renault doit lancer en 2024. Cette usine sera un concurrent pour ACC. L’explosion annoncée du marché du véhicule électrique ne devrait cependant pas obérer son avenir. Encore faut-il que les batteries produites soient performantes et compétitives en termes de coûts.

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