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L’été 2016 n’est pas encore celui de la mobilité électrique Rédigé par Philippe Schwoerer le 19 Juil 2016 à 00:00 0 commentaires

Chaque année, dès la fin de l’été, nombre d’annonces laissent espérer qu’aux vacances estivales de l’année suivante, le maillage en bornes de recharge sera suffisamment efficace pour rejoindre son lieu de villégiature avec la voiture électrique utilisée la semaine pour aller au travail et/ou déposer les enfants à l’école. En 2016, si la densité du maillage se renforce, il n’est pas encore perçu comme suffisamment sûr et disponible pour tenter l’aventure sans un minimum de témérité.

Traverser la France en VE : c’est possible !

Il y a plus de 10 ans que des pionniers de la mobilité électrique de ce siècle ou du siècle dernier prouvent qu’il est possible d’effectuer de longs déplacements en véhicules électriques. Munis de rallonges et de divers adaptateurs, ils n’ont pas attendu que les bornes fleurissent dans l’espace public. Hôtels, restaurants, campings, gîtes, fermes, entreprises, parcs de loisirs, mairies, pompiers, aires pour camping-cars, ports de plaisance, famille, amis, etc. formaient un réseau incontournable pour recharger les batteries. Sans oublier quelques bonnes adresses déjà équipées en infrastructures de ravitaillement dédiées VE : parkings de quelques gares, communes dynamiques sur le sujet, etc. La plupart du temps, le périple touristique, très riche en rencontres et découvertes, excédait rarement 250-300 kilomètres par jour. Pour certaines destinations, depuis quelques points de départ, la SNCF se chargeait, et peut encore le faire, de rapprocher l’engin de quelques centaines de kilomètres.

Initiatives discrètes

Prendre une Renault Clio ou une Citroën AX électrique du siècle précédent pour aller en vacances relevait de l’initiative personnelle, le plus souvent partagée avec quelques initiés venant s’abreuver en un même forum d’utilisateurs de véhicules branchés. Progressivement, pour leurs déplacements lointains, alors que les constructeurs commençaient à présenter leurs nouveaux modèles, quelques noms sont devenus familiers. Ainsi ceux de Mark Nitters, actuel conseiller technique de l’Avem, qui témoignera dès son retour de l’évolution des réseaux de recharge en France et dans quelques pays étrangers, Jean-Marc Dubié, l’homme aux multiples challenges en Renault Kangoo d’ancienne génération, Robert Morandeira, grand amateur de rallyes de sensibilisation à l’usage quotidien des VE, etc. Depuis lors et jusqu’à aujourd’hui, pour eux, prendre une voiture branchée pour se déplacer de quelques centaines de kilomètres est une aventure attendue et espérée pour les réjouissances qu’elle apporte, mais aussi redoutée pour définir les étapes de ravitaillement. C’est toujours un peu le cas aujourd’hui, même si certaines régions ou certains modèles de véhicules sont favorisés.

Privilège au modèle

Pour qui roule en Tesla Model S, partir en vacances un peu partout en France et dans la plupart des pays frontaliers, voire plus lointains, n’est plus un problème grâce à la multiplication des superchargeurs implantés dans l’Hexagone, associée à une autonomie exceptionnelle de plusieurs centaines de kilomètres de la berline survoltée américaine. Autre voiture qui s’en sort plutôt bien, la Renault Zoé, pour laquelle la très grande majorité des bornes installées lui permettent de régénérer ses batteries dans l’heure. Un temps d’attente qui pourra encore paraître un peu long, mais sans commune mesure avec les 5 à 12 heures, et plus, nécessaires pour les véhicules électriques d’ancienne génération et quelques-uns de l’actuelle, soit dépourvus de la capacité de recharge rapide, soit coincés par l’absence d’un maillage satisfaisant.

Charge rapide

A ce jour, la Citroën E-Méhari, les Bolloré Bluecar et Bluesummer, ainsi que le Renault Kangoo ZE sont dépourvus de la possibilité de recharger rapidement les batteries. En Normandie, dans le Limousin, le Morvan et quelques autres territoires encore, il est difficile de recharger sa voiture électrique aux standards Combo et CHAdeMO en 2 ou 3 dizaines de minutes. Ceux qui peuvent le faire, déplorent souvent de ne pas pouvoir aller au-delà de 80% de la capacité des batteries. C’est parfois juste à cause d’un simple manque d’information. Les Nissan Leaf et e-NV200 disposent d’une touche sur le tableau de bord, en bas et à gauche du volant, qui permet d’indiquer à la borne d’aller jusque 100%. Certaines bornes proposent en option d’aller jusque là également. Hélas, ce sont souvent celles dont l’utilisation est payante qui en sont équipées.

Les grands réseaux

Où en est le réseau de 16.000 bornes à la main de Bolloré ? Très difficile d’obtenir des informations publiables sur le sujet. Corri-Door, de son côté, continue son avance tout en accusant quelques retards compréhensibles. Quant aux constructeurs, les retours que nous recevons des électromobiliens sont parfois assez surprenants. C’est Renault qui semble arriver en tête de la serviabilité, même dans quelques pays frontaliers, ouvrant la recharge, quand disponible, à toutes les marques et tous les modèles. Du côté de chez Kia, en revanche, même avec un Soul EV, ce n’est pas gagné. Et ce n’est pas le fait d’avoir téléphoné la veille qui vaudra sésame définitif. Le personnel n’a sans doute pas reçu d’instructions, et, sur place, se pose la question du règlement de la recharge. Le constructeur coréen n’a pas la même expérience du véhicule électrique que le Losange. Son réseau de distribution commence à être efficace pour la vente du SUV branché, pas encore sur les enjeux liés à la mise à disposition des bornes. Ca va forcément évoluer.

Interopérabilité

De nouvelles annonces concernant des réseaux départementaux arrivent régulièrement. Loire-Atlantique, Haute-Garonne, Aube, Ille-et-Vilaine, etc. ont annoncé un déploiement en cours et/ou qui devrait être bien avancé à l’été 2017. Petite ombre au tableau : la question de l’interopérabilité. Entre les cartes de fidélité pour les grands magasins, la boulangerie du coin, les accessoiristes auto, les chaînes de vêtements, les transports en commun, etc. : reste-t-il encore de la place pour une dizaine de cartes permettant d’effectuer la recharge des véhicules électriques en différents coins de l’Hexagone ? L’interopérabilité se fait de plus en plus pressante à l’heure où les réseaux y vont un peu chacun de leur propre solution.

Et 2017 ?

S’il est trop tard pour espérer sacrer l’été 2016 comme étant celui de la mobilité électrique, viser par défaut 2017 n’a de sens que si, sur le terrain, tout se fait pour que l’électromobilien de la semaine puisse sans angoisse imaginer effectuer de grands déplacements dans un temps raisonnable et sans la crainte de se retrouver coincé devant une borne pour laquelle il n’aurait pas le sésame nécessaire à son déblocage. La communication autour des réseaux dispersés çà et là est sans doute très réjouissante pour les différents opérateurs et structures concernées. Mais il est une chose à prendre en compte : aujourd’hui, avec une voiture thermique, se ravitailler en carburant paraît tellement plus simple !

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