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Montréal : Le look et la situation des bornes de recharge dérangent Rédigé par Philippe Schwoerer le 06 Mar 2018 à 00:00 0 commentaires

Dans un article intitulé « Le défi de l’intégration des bornes électriques », publié dans le quotidien québécois Le Devoir, les « grandes bornes bleues d’Hydro-Québec », dont le programme d’installation a démarré en 2012, semblent poser un problème d’intégration dans la ville de Montréal. A tel point que « le milieu du design réfléchit à des solutions pour embellir les structures et repenser leur intégration en ville », en s’attendant à un développement massif de la mobilité électrique.

1.348 bornes

Au Québec, le plus important réseau de recharge public est porté par Hydro-Québec et connu sous la dénomination de « Circuit électrique ». Il compte, selon le média, « 1.348 bornes en service, dont 109 bornes rapides ». Ce ne sont pas les stations implantées sur les parkings privatifs des commerces qui sont visées, mais bien le matériel dressé sur les trottoirs. « Les structures hautes de plusieurs mètres, d’un bleu flamboyant, dotées de câbles qui pendent sur les côtés, ne sont pas du goût de tous », peut-on lire dans l’article inséré il y a quelques jours dans le quotidien. Une bataille semble donc engagée entre ceux qui souhaitent rendre bien visibles ces bornes afin de les repérer de loin et rapidement, et ceux qui estiment qu’elles polluent visuellement les rues où elles sont implantées et réduisent l’espace dédié aux piétons, comme c’est déjà le cas, sur ce dernier point, avec « les poubelles, les parcomètres, les bancs, les abris d’autobus ». Une bataille entre les partisans du fonctionnel et ceux de l’esthétique ! Parmi ces derniers, un designer, Michel Dallaire, en charge de la conception du mobilier urbain pour un quartier de Montréal déplore un effet « assez désolant », et en dysharmonie avec « la signature visuelle » qu’il a imaginée.

Aspirateur Electrolux

La proposition de celui auquel on doit le style de la torche olympique réalisée pour les JO de 1976 est étonnante : « Il me semble qu’on aurait pu intégrer des fils rétractables, à tout le moins. Peut-être à même les véhicules, d’ailleurs, comme ceux d’un aspirateur Electrolux ». Cette idée exprimée par Michel Dallaire, Le Devoir l’a reprise d’une entrevue accordée par l’homme au magazine L’Actualité. Des câbles rétractables au niveau de la borne, effectivement, ce devrait être possible dans l’absolu, avec quelques conditions à respecter toutefois, dont la principale est que le câble soit complètement déroulé afin que la chaleur produite par la circulation du courant puisse bien se dissiper. Il faudrait donc ajouter un système qui interdise la recharge si la totalité du fil n’est pas dégagé de son dérouleur. Au Québec, la recharge standard, en 240 V (alors que le réseau domestique est en 110 V), s’effectue, comme pour la recharge rapide chez eux ou chez nous, via le câble fixé à la borne. Ca fonctionne simplement ainsi pour toutes les voitures électriques et hybrides rechargeables du marché, sauf pour les Model S et Model X de Tesla qui exigent un adaptateur. Pas besoin de s’encombrer de matériel dans le coffre pour la recharge normale, contrairement à ce qui se pratique en Europe ! D’où, sur les bornes classiques qui sont installées sur les trottoirs de Montréal, des câbles effectivement apparents qui doivent rester au-dessus des bancs de neige et hors de portée des déneigeuses. Revoir aujourd’hui tout ce système en imaginant que les câbles soient solidaires du véhicule et non plus de la borne impliquerait de tout remettre à plat. Trop coûteux, difficile à imposer aux constructeurs, 2 situations à gérer (les VE avant et après réforme potentielle), etc. : tout porte à croire que la proposition de Michel Dallaire d’appliquer l’enrouleur aux VE façon aspirateur Electrolux n’aura pas de suite.

Recharge par induction

Tant qu’à remettre un système de recharge national, voire mondial, à plat : autant repartir d’une page blanche. Imaginons ! Finalement, pour faire disparaître les câbles et faciliter l’opération de régénération des batteries : quoi de mieux que la recharge par induction ? L’électromobilien gare sa voiture électrique sur une place dédiée, et la bobine ajoutée sous l’engin reçoit le flux de celle présente sur le sol. Sur le papier, c’est idéal ! Sur le terrain, on retrouve, mais en pire encore, les inconvénients vus en « transformant les VE en aspirateurs ». Et pourtant, on imagine bien qu’un jour cette technologie annoncée par plusieurs constructeurs, dont Nissan parmi les premiers, pourrait être mise en application. Les câbles sur les bornes bleues installées par AddEnergie, principal fournisseur des stations du Circuit électrique, vont donc faire partie du décor urbain de Montréal pendant nombre d’années encore. Si l’article publié dans Le Devoir ne fait pas état de la recharge par induction, en revanche il laisse libre cours à l’imagination des étudiants et spécialistes du design, lesquels ont par exemple eu l’idée de concentrer plusieurs bornes dans les stations-service habituelles, notamment celles qui sont définitivement fermées.

Recharge sur les lampadaires

Le quotidien québécois fait une place à l’exploitation des lampadaires pour régénérer les batteries. Un scénario qui a, entre autres, été expérimenté dès septembre 2016 à La Roche-sur-Yon, selon le concept Citycharge imaginé chez Bouygues Energies & Services. Pourquoi encombrer l’espace public d’un matériel supplémentaire, – destiné dans le cas présent à la recharge des véhicules électriques et hybrides rechargeables -, quand on peut exploiter le réseau d’éclairage existant ? Le Devoir ne cite pas l’expérience de la Vendée, mais celle de Londres, qui lui est postérieure. « La capitale du Royaume-Uni a installé ce système inventé par la start-up allemande Ubitricity, sur près de 80 lampadaires du quartier des affaires de la City », peut-on lire dans son article. AddEnergie, qui a déjà mis en service son propre démonstrateur à Vancouver, a tenu cependant à prévenir : « C’est très énergivore une borne de recharge. Ça demande quand même d’installer un circuit en plus sur le poteau ». Au final, il semble bien que les habitants et visiteurs de Montréal, et des autres communes concernées, devront se faire à l’idée de voir les câbles électriques à mi-hauteur se multiplier. Peut-être vont-ils envier les bornes lentes et accélérées européennes dont le look peut le plus souvent être adapté à leur environnement. Et pas de câbles à traîner : les électromobiliens embarquent, chacun le sien, dans le coffre de leurs voitures branchées !

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