← Revenir aux actualités

L’Avem essaye l’Electron II de Gruau Rédigé par Philippe Schwoerer le 26 Avr 2017 à 00:00 0 commentaires

Gruau commence à produire, sur base Fiat Ducato, le premier utilitaire électrique 3,5 tonnes adaptable sur-mesure à tous les métiers. Sur la route, on s’en doute, l’ambiance à bord est bien différente de celle offerte par le modèle thermique d’origine. Le bruit du moteur diesel peut se montrer bien trop présent… mais c’est celui de l’autobus que l’on suit en conduisant détendu le bras accoudé à la portière pour profiter de l’air que le Soleil d’avril réchauffe déjà du côté de Laval !

Intime conviction

L’entreprise qui fêtera dans deux ans son 130e anniversaire a connu à ce jour 5 dirigeants successifs qui lui ont permis de se développer sur une succession de convictions. Si Gruau lance aujourd’hui un utilitaire électrique de 3,5 tonnes aussi convaincant, c’est bien aussi sur une intime conviction, celle que la mobilité électrique est bien en marche et qu’il manquait un engin au service de nombre de professionnels qui n’ont pas de besoins très importants en autonomie. C’est d’autant plus à l’ordre du jour que les zones à circulation restreinte se multiplient, en particulier en région parisienne et dans les grandes villes.

Un utilitaire à décliner

L’Electron II se pose dans la droite ligne du précédent modèle également conçu sur une base Fiat Ducato. Mais l’engin que nous avons essayé lundi dernier, 24 avril 2017, carrossé en fourgon, est bien plus convaincant. D’ailleurs, à son bord, arrive rapidement à l’esprit nombre d’adaptations possibles, selon tout l’art développé par Gruau depuis ses origines et qui reste immuablement au cœur de son activité. Ainsi en véhicule de messagerie, transport de personnes à mobilité réduite, ambulance, caisson pour les déménagements à courtes distances, frigorifique, benne de voirie, et même food truck et bibliobus. La liste n’est, bien entendu, pas exhaustive : un besoin, et il suffit de le formuler auprès de Gruau. C’est en particulier là que cet acteur majeur de l’utilitaire excelle !

Jusqu’à 268 kilomètres d’autonomie

Pour accompagner une offre déclinable à souhait de carrosserie, Gruau a choisi d’adapter aussi la capacité du pack des batteries qui n’empiète pas sur le volume de chargement. Trois propositions sont au catalogue : 38, 51 et 58 kWh, pour respectivement une autonomie estimée, selon le cycle NEDC, de 180, 242 et 268 kilomètres. Ceci permet au professionnel de choisir l’option la plus économique en fonction de son activité. Les accumulateurs alimentent un moteur de 70 kW qui peut développer jusqu’à 90 kW en puissance de crête.

Charge accélérée

Pour ravitailler en énergie les batteries, discrètement caché derrière une trappe peu visible dans un coin bas de la calandre, un connecteur type 2 qui accepte la recharge accélérée 22 kW AC, en plus de pouvoir exploiter le 16 A. Sur les bornes que l’on trouve donc majoritairement en France, l’Electron II n’a pas besoin de plus de 2 à 3 heures de connexion pour retrouver son autonomie maximale. Gruau justifie l’absence de charge rapide sur l’Electron II par le souci de proposer une base sans alourdir le devis. Au moment voulu et si la demande est là, on peut faire confiance à l’entreprise pour proposer une solution. Les porteurs du projet sont d’ailleurs prêts à envisager à l’avenir la recharge par induction.

Chaîne de traction Actia

La chaîne de traction embarquée dans l’utilitaire est le fruit d’une collaboration de deux ans avec l’équipementier français Actia. Une architecture compacte à haut rendement que nous avons pu éprouver sur la route. Oubliez tout de suite les accélérations d’une Tesla Model S, d’une BMW i3 ou d’un Nissan Leaf : L’Electron II est conçu pour ménager son autonomie ! Trois modes de conduite sont à disposition, – Normal, Eco et Neige -, qui jouent sur la puissance du freinage régénératif et la sensibilité de la pédale d’accélérateur. Entre les 2 premiers, la différence est importante, même si, en mode Eco, il suffit d’enfoncer la pédale plus fortement pour obtenir au final la même vivacité.

Mode normal, le plus polyvalent

Personnellement, et à condition que l’autonomie ainsi obtenue en situation réelle soit satisfaisante, je resterais sur le mode normal, plus rassurant pour s’extraire des ronds-points. Quoi qu’il en soit, le moteur électrique assure le même niveau de service que les blocs 130 chevaux disponibles habituellement sur les Fiat Ducato. On y gagne même du fait de l’absence d’une boîte de vitesse classique : une évolution par rapport à l’Electron I. Le sélecteur de marche est d’un maniement peu habituel pour un véhicule électrique. On s’y fait cependant très vite, et sa grille se montre judicieuse. En manœuvre, passer de marche arrière à la marche avant est très simple, un bip signalant que la commande a bien été prise en compte. Que les professionnels intéressés se rassurent, Gruau dispense auprès des futurs utilisateurs une formation à la conduite de son Electron II !

Autonomie

Une conduite souple, dans une ambiance à bord détendue du fait de l’absence de vibrations et de bruit moteur, mais aussi de vitesses à passer : l’Electron II est très agréable et convaincant à utiliser. L’essai de quelques dizaines de kilomètres ne nous a pas permis de chiffrer exactement par nous-mêmes l’autonomie en situation réelle. Nous disposions de la version avec une autonomie NEDC de 268 kilomètres. Selon le chiffre indiqué au tableau de bord et l’énergie restante dans les batteries lors de notre tour, on peut estimer que le rayon d’action en essai presse était d’environ 135-150 kilomètres. En essai presse, ça signifie que nous avons été plusieurs journalistes à nous succéder au volant, en appuyant souvent bien fort sur le champignon pour voir ce que l’engin « a dans le ventre ». C’est le jeu ! Dans de telles conditions, on divise effectivement facilement par 2 l’autonomie estimée de toute voiture électrique. Avec une conduite plus souple, j’ai pu constater que je faisais avaler à l’utilitaire 2 kilomètres en n’en perdant qu’un sur l’afficheur. Il est d’usage de retirer par prudence 20% de l’autonomie NEDC pour avoir celle réellement exploitable en usage normal souple. Soit, pour notre version, environ 215 kilomètres. Comme la conduite d’un VE fait naître l’envie de battre des records, il est probable que certains utilisateurs de la version à pack 58 kW parviendront à décrocher les 240 et même 250 km en usage péri-urbain.

Centre de gravité abaissé

Avec les batteries intégrées au châssis, réparties en 3 sous-packs pour une capacité de 38 kWh, et 5 pour celles de 51 et 58 kWh, le centre de gravité de l’Electron II par rapport au Fiat Ducato est abaissée. Il en résulte une meilleure impression de stabilité à vide, notamment lors de la prise des ronds-points. La suspension a pu nous surprendre un peu par sa rudesse, notamment à l’avant, mais chaque fois parce qu’à son volant nous avons dû franchir ces fameux ralentisseurs trop imprévisibles par leur hauteur et leur fin parfois pas toujours très identifiable.

Afficheur tablette…

Globalement, Gruau a fait le choix de laisser au maximum sur son Electron II les équipements embarqués d’origine dans le Fiat Ducato. Ainsi les systèmes de climatisation et de chauffage, tous les 2 électriques. Un appareil additionnel au gazole est proposé en option, qui exploite la jauge en carburant au tableau de bord. Un premier afficheur a été ajouté à gauche de ce dernier. Il reprend toutes les données spécifiques à la chaîne de traction électrique : autonomie estimée, consommation électrique instantanée, pourcentage de la capacité encore disponible dans les batteries, phase de charge/décharge et leur intensité, mode de conduite actif, etc. Ce module permet aussi d’effectuer quelques réglages.

…et autres équipements d’assistance

Un autre afficheur, sous forme d’un appareil de mesure arrondi, jeté au bas du pare-brise, et centré sur la longueur du tableau de bord, restitue les limitations de vitesse et indique le temps qui sépare l’Electron II de l’engin qui le précède. Un signal sonore prévient que l’on se trouve trop près de ce véhicule ou que l’on franchit une ligne de marquage des files sans avoir mis de clignotant. Sur le pédalier, l’accélérateur semble subsister. Il s’agit cependant du déclencheur de l’avertisseur piéton matérialisé par un son de cloche, comme sur certains bus. A noter que la douce mélodie peut être paramétrée pour se diffuser automatiquement au-dessous d’une certaine vitesse. Le frein de parking robotisé conserve l’usage du levier habituel.

1.000 Electron II par an ?

Une vingtaine de sites en France sont en mesure d’assurer la maintenance des Electron II. Une équipe volante peut au besoin intervenir également sur place. Le marché des véhicules de 3,5 tonnes représente 100.000 unités par an en France, dont 5.000 passent chez Gruau. D’ici 2 à 3 ans, l’entreprise espère diffuser 1.000 exemplaires de son engin branché annuellement sur les routes. En 2017, 250 Electron II produits seraient déjà un gage de réussite. Le premier exemplaire a été remis à Enedis il y a quelques mois.

A partir de 59.000 euros

L’Electron II est proposé à l’achat complet à partir de 79.000 euros HT pour un châssis simple de type fourgon (1,4 tonnes de charge utile) avec la batterie de 38 kWh. Ou à 59.000 euros HT, avec une location mensuelle des batteries entre 297 euros (pack 38 kWh) et 452 euros (pack 58 kWh), kilométrage illimité. Gruau ne propose pas la possibilité de convertir d’anciens modèles de Fiat Ducato déjà mis en service. Trop d’évolutions apportées sur sa gamme par le constructeur italien rendent le scénario délicat ! L’Electron II existe dans les tailles standardisées M, ML, L et XL, en catégories N1, N2, M1 et M2, la masse des batteries étant déduite, selon la législation en vigueur en France.

partager cette actualité sur :

Commentaires

Laisser un commentaire

Veuillez noter s'il vous plaît

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Rejoindre le réseau AVEM

Vidéos

Toutes les vidéos
Newsletter