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Arrêt d’Autolib’ : un nouvel élan pour la mobilité électrique ? Rédigé par EMMANUEL MAUMON le 25 Juin 2018 à 00:00 0 commentaires

Sans surprise, le Comité Syndical Autolib’ Métropole réunissant la centaine d’élus des communes adhérentes au service, a refusé jeudi de verser au groupe Bolloré la somme de 233 millions d’euros que ce dernier lui réclamait pour combler une partie du déficit d’exploitation d’Autolib’. Un refus qui entraîne de facto la résiliation du contrat qui liait les deux parties, et donc l’arrêt d’un service inauguré en 2011.
Si à cette époque Autolib’ représentait une réelle innovation dans le monde des transports, mettant en avant l’autopartage et la mobilité électrique, force est de constater que le service exploité par le groupe Bolloré s’était fortement dégradé et que les Bluecar rutilantes du début s’étaient hélas transformées en voitures sales dans lesquelles on n’avait plus trop envie de monter. Si Autolib’ comptait toute de même 150 000 abonnés, le nombre de locations restait insuffisant pour rentabiliser le service, d’autant plus que certains coûts d’exploitation mis en avant par le groupe Bolloré semblaient exorbitants.

Une fin programmée pour le 31 juillet ?

Si la résiliation du contrat peut être effective dès le 25 juin, les deux parties sont en discussion pour que l’arrêt du service ne soit pas trop brutal. Selon l’AFP, le syndicat mixte Autolib’ Métropole souhaiterait que cet arrêt soit progressif, à horizon fin juillet, afin de prendre le temps de bien informer les usagers et que le groupe Bolloré reclasse ses 254 salariés. Toujours selon l’AFP, le groupe Bolloré aurait proposé que le système pour les abonnés se termine le 31 juillet, tandis que les Bluecar seraient progressivement retirées des rues des communes concernées selon un calendrier qui devrait prendre fin le 31 août.
Dans ce processus, le groupe Bolloré reste cependant relativement maître du jeu. Dès qu’il aura reçu officiellement la notification de la résiliation du contrat, il pourra interrompre le service à tout moment. Le contentieux s’annonçant rude entre les deux parties, tous les scénarios sont envisageables même si, au moment où se profilent d’importants marchés concernant les bus électriques, le groupe Bolloré n’a pas trop intérêt à se lancer dans une confrontation trop brutale avec un organisme en charge des transports en Île de France.

Les bornes et les emplacements des stations à disposition des véhicules électriques

S’il a refusé de céder aux exigences du groupe Bolloré, le syndicat mixte Autolib’ Métropole, ville de Paris en tête, n’entend pas tourner le dos au développement de la mobilité électrique sur son territoire. Bien au contraire, l’arrêt d’Autolib’ pourrait lui donner un nouvel élan en favorisant l’émergence de nouveaux services d’autopartage et en offrant de nouveaux avantages aux possesseurs de véhicules électriques. Si les Bluecar disparaitront bientôt du paysage parisien, les stations et les bornes de recharge resteront en place. La Mairie de Paris a même indiqué que les 3 244 places de stationnement sur ces stations seront réservées aux conducteurs de voitures et d’utilitaires électriques, qu’ils les utilisent en autopartage, à titre personnel ou professionnel.
Un stationnement qui serait gratuit, dans la limite de 6 heures consécutives. Au vu du coût du stationnement dans Paris, cette gratuité serait une véritable incitation à l’acquisition d’un véhicule électrique. Quant aux bornes de recharge, jusqu’à présent limitées à 3 kW de puissance, elles viendraient s’ajouter aux 620 bornes déjà présentes dans la capitale et offriraient une solution de recharge aux parisiens qui ne disposent pas de garage pour installer une borne de recharge à domicile.

Renault et PSA disposés à offrir une alternative

Le syndicat mixte Autolib’ Métropole ne souhaite pas également abandonner la pratique de l’autopartage. Sa décision de résilier le contrat avec le groupe Bolloré s’est d’ailleurs accompagnée du vœu de « mettre en place de nouvelles offres d’autopartage à l’échelle du Grand Paris, mieux adaptées aux attentes des habitants, plus souples dans leur fonctionnement et plus solides économiquement ». Les systèmes fonctionnant en free-floating sont clairement privilégiés. Anticipant sur la fin probable d’Autolib’, la Maire de Paris Anne Hidalgo avait d’ailleurs anticipé cette évolution en réunissant, le 11 juin dernier, plusieurs constructeurs pour discuter d’offres alternatives.
Coté français, Renault et PSA sont intéressés ainsi que l’a confirmé Carlos Ghosn interrogé sur ce sujet par un actionnaire lors de l’Assemblée Générale du groupe qui s’est déroulée le 15 juin. S’ils sont encore peu présents en France dans l’autopartage, les deux constructeurs français ont déjà une expérience dans ce domaine à l’étranger. Renault à Copenhague où, en association avec l’opérateur danois Green Mobility, 450 Zoé sont à disposition des habitants de la ville. PSA est lui présent à Madrid où il opère, en partenariat avec la société espagnole Eysa, le service emov qui fonctionne avec 600 Citroën C-Zéro. Un service sur le principe du free-floating, en ayant recours aux technologies développées par la startup azuréenne Vulog.

D’autres opérateurs devraient être de la partie

Si Renault et PSA sont partants pour, selon l’expression de Carlos Ghosn : « Jouer un rôle dans la modernité des transports à Paris », d’autres opérateurs devrait aussi être de la partie dans la capitale. L’exclusivité d’un service n’est plus de mise, mais tout sera fait au contraire pour faciliter l’émergence d’une offre plurielle. Même si ces services fonctionneront en free-floating, les places de stationnement mises à leur disposition sur les emplacements des anciennes stations d’Autolib’ devaient favoriser leur développement.
BMW et Daimler, qui ont fusionner récemment leurs services de mobilité DriveNow et Car2Go pour créer le premier acteur mondial de l’autopartage, s’implanteront probablement dans la capitale avec leurs citadines électriques : la BMW i3 et les Smart ED. D’autres sociétés spécialisées dans l’autopartage tenteront probablement de tirer leur épingle du jeu avec des solutions innovantes. Au final, la disparition d’Autolib’ pourrait donc bien, après une période d’adaptation, être une bonne chose pour l’essor de la mobilité électrique.

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