Après avoir ouvert le tout premier garage 100% électrique du sud-est de la France en août 2024, EV Garage continue son développement avec l’ouverture d’un nouveau lieu de réparations réservé aux véhicules électriques près de Nice. Pour l’occasion, nous sommes allés rencontrer à nouveau l’équipe dans leur nouveau garage et leur avons posé des questions sur cette première année écoulée.

Déjà une année d’aventures

Quel bilan faites vous de cette première année écoulée après l’ouverture de votre premier garage à Vallauris ?

Victor Landes, co-fondateur d’EV Garage :  » Nous avons réparé pratiquement 400 véhicules. Il y a un an, nous avons ouvert à deux mon associé (Olivier Guido) et moi. Depuis, nous avons constitué une petite équipe pour répondre aux besoins de nos clients. Environ 70% des véhicules que nous avons réparé étaient en panne depuis au moins 6 mois. »

Pourquoi avoir ouvert un deuxième (et troisième) e-garage en l’espace d’un an ?

VL :  » Nous avions ouvert à Vallauris pour répondre à la demande des Alpes-Maritimes, du Var et des Bouches-du-Rhône. Nous avons choisi une zone assez centrale, facile d’accès et à proximité de l’autoroute. La configuration de l’atelier de Vallauris nous permet de nous concentrer davantage sur les gros travaux, les pannes importantes des véhicules électriques. Ces réparations nous demandent plusieurs jours de travaux. Nous voulions ouvrir un deuxième e-garage qui aurait vocation à désengorger celui de Vallauris pour répondre aux petites pannes et aux révisions courantes de façon rapide. En nous rapprochant de Nice, nous pensons pouvoir proposer nos services à une clientèle qui n’aurait pas forcément fait le déplacement à Vallauris et nous nous sommes rapprochés de l’aéroport de Nice afin de répondre aux besoins des taxis et VTC qui représentent une partie de notre clientèle. C’est environ 40 % de notre clientèle aujourd’hui. Avoir ce nouveau point de réparation sur St Laurent du Var permet de les fidéliser et de leur offrir un service de proximité. Nous pouvons désormais nous engager sur une réparation en moins de 3 jours sous réserve de la disponibilité des pièces.

Pour nous rapprocher de la clientèle varoise et des Bouches-du-Rhône, nous ouvrons également un point de réparation à proximité de Fréjus, à Puget sur Argens exactement.  »

Que deviennent les premiers clients du garage de Vallauris ?

VL : « Les premiers clients sont venus il y a un an déjà et c’est normalement l’heure de leur révision annuelle. Du coup, nous commençons à revoir des clients qui étaient venus il y a un an. Nous essayons d’être l’interlocuteur principal en ce qui concerne les véhicules électriques et ça fonctionne. Les clients qui viennent nous voir ont souvent eu affaire à des franchises de garage qui se disent professionnels des véhicules électriques mais qui ne font finalement que des check-up. La voiture n’est pas du tout entretenue et ils ont souvent rencontré des pannes. Nos clients apprennent lors de leur révision chez nous qu’il faut vidanger la boîte de vitesse où il y a de l’huile par exemple. Sur les Tesla, il y a même des filtres à huile dans les boîtes de vitesse et il faut les changer. Tout comme le circuit de freinage ou de refroidissement. Sur une voiture électrique, la quantité de liquide de refroidissement est bien plus importante que sur une voiture thermique car il faut aussi refroidir la batterie. Sur une Tesla par exemple, c’est environ 10 L de liquide de refroidissement pour refroidir la motorisation et la batterie. Il faut donc prévoir de vidanger, purger et tester ces différents liquides pour assurer au véhicule de continuer sa vie sans pannes.  »

Quelles sont les pannes principales que vous rencontrez dans vos garages ?

VL : « C’est la règle des quatre. Il y a quatre principales pannes.

La première, c’est une panne de la batterie 12 volts. C’est une panne minime et facile à réparer. Ce type de panne nous permet également de faire une révision du véhicule et un point d’étape en vérifiant l’état du véhicule sur le pont. C’est très rassurant pour le client.

La deuxième panne, c’est une panne de chargeur embarqué. C’est lui qui gère la recharge du véhicule et du coup il chauffe beaucoup. Il est soumis à de fortes contraintes.

La troisième panne, c’est celle de l’inverter. Il permet de tout gérer dans le véhicule : la batterie, l’accélération… c’est le cerveau de la voiture. Quand il commence à tomber en panne, le véhicule est inutilisable. Les constructeurs dans ce cas ne s’embêtent pas en général et proposent un remplacement pour une pièce neuve qui coûte entre  7 000 et 10 000 euros. Nous essayons de les trouver d’occasion ou de les réparer quand c’est possible. Il y a un gros travail d’électronique pour recoder la pièce d’occasion, d’autant plus que les constructeurs bloquent ces pièces. On ouvre les pièces, on les reprogramme et on les réinstalle. C’est là que nous faisons la différence.

Par exemple, un inverter de Renault Zoé coûte 7 000 euros et c’est quasiment impossible de le recoder. Nous avons réussi et nous faisons partis des deux seuls centres indépendants en France à savoir le faire.

La quatrième panne, c’est la batterie de traction. Ca n’arrive donc qu’une fois sur quatre contrairement à ce qu’on peut imaginer du coup ! Elle tombe en panne soit parcequ’elle est de mauvaise qualité ou parcequ’elle a été mal utilisée. C’est très important de savoir comment bien utiliser sa batterie. »

Quels conseils donnez-vous à vos clients concernant leur batterie ?

VL : « Bien utiliser sa batterie c’est prolonger sa durée de vie et éviter d’éventuelles pannes. Déjà, il faut utiliser sa batterie principalement entre 20% et 80%. Il faut vraiment éviter d’utiliser sa batterie en dessous de 20%. C’est d’ailleurs valable pour tous les appareils sur batterie comme son téléphone portable par exemple.

Si on recharge son véhicule à 100%, il faut pouvoir l’utiliser immédiatement comme sur l’autoroute par exemple. Sinon il faut vraiment éviter car les cellules n’apprécient pas.

Enfin, il faut laisser les cellules de la batterie monter en température avant de demander à son véhicule de fortes accélérations par exemple. Commencer par utiliser son véhicule pendant 10 minutes tranquillement ça permet à la batterie d’atteindre une température optimale de fonctionnement. C’est un gros souci sur les Tesla, le conducteur a l’impression d’avoir 600 chevaux et de pouvoir immédiatement appuyer mais ça abîme les batteries. »

EV Garage, réparabilité et recyclage

La législation a évolué dernièrement et la responsabilité élargie du producteur englobe désormais les véhicules et notamment les véhicules électriques. Que pensez vous de la réparabilité des véhicules mis sur le marché ?

VL : « Les derniers véhicules arrivés sur le marché ont certainement été influencés par l’évolution de la législation car ils sont beaucoup plus réparables mais ceux mis sur le marché il y a 5 ans au moment de l’envolée de ce secteur et de l’arrivée massive de véhicules asiatiques, c’est une catastrophe concernant la réparabilité.

Pourtant les véhicules plus anciens qui sont toujours utilisés sont bien plus réparables que ceux de cette période. Par exemple, les « vieilles Tesla » modèle S et modèle X sont tout à fait réparables même au niveau de la batterie. On peut ouvrir la batterie, remplacer les modules, les capteurs, le BMS. Ce n’est pas un souci. Les modèles récents comme les modèles 3 et Y sont à un prix attractif mais on ne peut pas ouvrir la batterie. Ce sont des batteries jetables. Les cellules sont entièrement plongées dans du gel. Il est impossible de réparer la batterie et il faut entièrement la changer en cas de problème. D’un point de vue écologique c’est catastrophique et les gens ne s’en rendent pas encore compte. »

Comment gérez-vous l’impact écologique même de vos garages ?

VL : « Avant même de réparer, c’est le recyclage qui est important pour nous. Tout ce qui est fluide, pneumatique, rebuts de métaux, nous les amenons dans les centres de tri dédiés. C’est très difficile avec la quantité de déchets de garage d’être respectueux de l’environnement. A Vallauris, nous avons conçu un système de récupération adapté à nos déchets. Donc tous nos déchets sont rapatriés à Vallauris avant d’être dirigés au bon endroit.

Il n’empêche qu’on se heurte à des difficultés. Par exemple concernant les fluides, un garage classique rempli une cuve de 500 litres tous les deux mois. Dans notre cas, nous faisons 500 litres en deux ans et aucune société spécialisée ne veut venir nous récupérer quelques litres tous les deux mois. Du coup, nous allons à la déchèterie classique mais les agents ne sont pas très contents car nous sommes des professionnels mais ils comprennent que nous n’avons pour l’instant pas le choix. Je ne vais quand même pas verser ces liquides dans les égouts ! Les filières spécialisées ont encore des progrès à faire pour s’adapter à l’évolution des usages.

Pour tout ce qui est métal, les prestataires sont bien adaptés, nous n’avons pas de soucis.

Maintenant concernant les batteries, malgré l’évolution de la REP, c’est compliqué pour le moment. Aujourd’hui, si on amène une batterie Tesla de 600 kgs à recycler chez Véolia, ça nous coûte 6 000 ou 7 000 euros. Une seule. Sachant que la batterie se revend environ 10 000 euros neuve, c’est impossible de cette manière pour le moment.

Certains constructeurs prévoient un échange standard grâce à la nouvelle législation car celui qui vend une nouvelle batterie est obligé de reprendre l’ancienne. Donc en ce cas c’est parfait pour nous mais ça n’arrive pas souvent. C’est pour cette raison que nous étudions un futur projet de recyclage interne des batteries.

Si la batterie est encore utilisable même s’il faut la réparer et qu’elle n’a plus la capacité d’être utilisé pour de la mobilité, nous travaillons avec des professionnels qui les rachètent pour en faire un stockage d’énergie stationnaire pour l’énergie produit par des panneaux solaires par exemple. Au bout du compte, ça permet de baisser la facture du client qui vient réparer sa voiture si on peut revendre la batterie.

Le recyclage des cellules trop usagées pour être réutilisées c’est vraiment un sujet important pour nous et nous réfléchissons à trouver une solution à l’avenir. »

Adresses des garages

EV Garage Riviera Vallauris (proche Antibes) : 1890 Chemin de Saint-Bernard, 06220 Vallauris

EV Garage Riviera Saint-Laurent-du-Var (proche Nice Ouest) : 6 All. des Imprimeurs, 06700 Saint-Laurent-du-Var

Merci à Victor Landes pour le temps qu’il a consacré à répondre à nos questions.