← Revenir aux actualités

Les Volvo XC90 PHEV autonomes d’Uber sur la sellette en Californie Rédigé par Philippe Schwoerer le 20 Déc 2016 à 00:00 0 commentaires

Plusieurs constructeurs ont lancé à travers le monde des programmes d’essais de véhicules autonomes, parfois sur routes ouvertes. Le plus souvent, il s’agit de véhicules électriques, parfois d’hybrides rechargeables, comme c’est le cas pour Uber qui a demandé à Volvo de lui fournir progressivement 100 exemplaires de son SUV XC90 PHEV. En raison du risque potentiel d’accidents ou d’attroupements, ces programmes nécessitent un accord préalable des autorités qui gèrent les territoires traversés lorsqu’ils sont ouverts au public. Suite à un feu rouge qui n’a pas été respecté à San Francisco par une de ces voitures suédoises, Uber a été sommé par le Department of Motor Vehicles de stopper immédiatement son expérimentation menée sans autorisation. Hier, lundi 19 décembre 2016, le spécialiste de la fronde, de plus en plus critiqué à travers le monde, n’avait toujours pas obtempéré. Il juge inutile toute démarche pour obtenir une permission du fait qu’au moins une personne se trouve en permanence à bord de ses véhicules autonomes, prête à reprendre les commandes, en cas de besoin.

Le torchon brûle pour Uber

En France, Uber est en proie à la critique de nombre de ses chauffeurs. Jeudi 15 décembre dernier, une journée de grève avait été décidée, orchestrée par quelques organisations syndicales. Le SCP-VTC, par exemple, justifiait cette action par la nécessité de mettre fin à des comportements jugés excessifs de la part de l’opérateur américain : « aux 3,75 euros l’heure, aux commissions excessives, à la déconnexion abusive des chauffeurs par la plateforme, à l’humiliation ». Perçus souvent comme la bête noire par les taxis, les affiliés à Uber, en manque de reconnaissance et d’une rémunération à la hauteur de leur investissement personnel, déjà en temps, ont été nombreux, 100, 200, ou 300, à mener des opérations de blocage à Paris, notamment en tentant de bloquer les accès aux aéroports. C’est dans ce contexte tendu en France, qu’outre-Atlantique, un épisode tout aussi épineux emmêle ses protagonistes.

Volvo XC90 PHEV

Hasard du calendrier, c’est également le 15 décembre dernier que l’affaire des voitures autonomes d’Uber démarre. Ce jour-là, l’entreprise américaine lance dans les rues de San Francisco, en Californie, son opération de test des Volvo XC90 hybrides rechargeables autonomes. Il ne s’agit pas d’une simple opération de communication, comme on en voit régulièrement pour faire le buzz et attirer à soi une couverture médiatique dont on espère par ailleurs des retombées positives. En fait, tout comme en France, Uber a rencontré cet été aux Etats-Unis des problèmes avec ses chauffeurs qui contestent son modèle économique et exigent d’être considérés comme des salariés, avec tous les avantages sociaux qui vont avec. Et qui dépendent bien évidemment des différents pays dans lesquels la plateforme est implantée, si l’on veut ramener le problème sur la scène internationale. Voilà pourquoi l’opérateur s’est associé avec le constructeur suédois dans un projet qui dispose d’une enveloppe de 300 millions de dollars. Les SUV branchés ne sont pas arrivés dans les rues sans un minimum d’essais. A Pittsburgh, en Pennsylvanie, Uber dispose d’un centre de technologies avancées où les engins ont déjà pas mal circulé ! Identifiables à leur équipement de contrôle sur le toit, à leurs stickers au nom de l’opérateur, et à leur trappe de recharge sur chacune des ailes avant, les XC90 PHEV devraient progressivement constituer une première flotte d’une centaine d’unités.

Uber joue avec le feu

En août dernier, un juge de San Francisco a refusé une proposition d’accord par lequel Uber mettait tout de même sur la table 100 millions de dollars pour clore un litige qui l’opposait à 385.000 chauffeurs affiliés. Et c’est dans cette même ville qu’une de ses voitures autonomes n’a pas respecté un feu rouge au cours de la première journée de test. La scène a été filmée, au grand dam, a priori, de l’opérateur. Sur la vidéo, on observe nettement le feu passer au rouge, la voiture qui filme s’arrêter, et celle d’Uber, feux stop allumés, continuer 2 secondes plus tard, alors qu’un piéton vient de s’engager sur le passage protégé. La réponse officielle n’a pas tardé à venir, plaidant pour une erreur humaine. L’accompagnateur, obligatoirement présent dans le véhicule, aurait repris les commandes, et serait le seul responsable du problème. Sans vouloir, ni pouvoir totalement exclure un dysfonctionnement du système de pilotage autonome, il semble probable que la version avancée par Uber soit la bonne. L’environnement de l’incident ne paraît pas spécialement complexe, et les voitures autonomes de Volvo ont atteint un point de fiabilité concluant. Il est cependant dommage que l’opérateur tente de détourner l’événement à son avantage, en affirmant que si la voiture incriminée avait été en pilotage automatique, elle se serait arrêtée. Quoi qu’il en soit, trop de coïncidences émaillent cette affaire. Et l’on peut légitimement se demander si la recherche du buzz n’est pas justement là !

Refus d’arrêter l’expérimentation

On pourrait s’amuser à rechercher la longue liste des décisions et/ou injonctions de justice auxquelles Uber n’a pas voulu se soumettre ou à longtemps rechigné à le faire. Là encore, alors que le Department of Motor Vehicles exige l’arrêt immédiat de l’expérimentation menée sans autorisation, l’opérateur refuse d’obtempérer sur le seul prétexte que la présence à bord d’une personne prête à intervenir en reprenant les commandes dispense de toute démarche préalable pour obtenir une permission d’exploiter les voies publiques à des fins de tests. Cette affaire qui ne va sans doute pas en rester là embarque Volvo, mais peut-être aussi d’autres constructeurs d’engins autonomes, dans une galère qui risque bien de freiner pour quelques mois la mise en circulation officielle de ces véhicules dans les villes. A force de bras de fer imposés avec les autorités, à travers le monde, Uber est en train d’entretenir une réputation détestable qui pourrait bien faire fuir un certain nombre d’associés intéressants potentiels, et ouvrir en grand une porte à d’autres moins exigeants et moins recommandables. Volvo s’est déjà relativement ménagé une porte de sortie, même si les 2 parties visent le long terme pour leur partenariat : « Dans un second temps, Uber et Volvo utiliseront le même véhicule de base pour déployer chacun leur stratégie en matière de voitures autonomes. Le premier intégrera ses propres systèmes de conduite autonome au véhicule de base construit par le second, qui l’utilisera dans le cadre de sa stratégie », prévoyait le communiqué de presse émis par le constructeur mi-août dernier.

partager cette actualité sur :

Commentaires

Laisser un commentaire

Veuillez noter s'il vous plaît

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Rejoindre le réseau AVEM

Vidéos

Toutes les vidéos
Newsletter