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Places « volées » sur les parkings des supermarchés Rédigé par Philippe Schwoerer le 11 Déc 2014 à 00:00 0 commentaires

Squat

C’est une excellente nouvelle que se développent sur les parkings des supermarchés les places réservées à faire le plein des batteries des véhicules électriques et hybrides rechargeables. Sauf qu’elles sont hélas régulièrement occupées par des engins thermiques. Est-ce pour autant une fatalité ?

Un parfum de fronde

Sur ce parking d’un supermarché Leclerc, quelque part dans l’ouest de la France, un vieux Citroën C25 diesel squatte l’une des 6 places aménagées pour le ravitaillement en énergie des voitures branchées. Son propriétaire représente très bien, à lui tout seul, ce parfum de fronde qui règne parfois autour de ces zones. Boucher-charcutier à la retraite, il explique : « Ca fait 10 ans que je gare mon fourgon ici, et je n’ai pas l’intention de changer ! Elles sont où, d’abord, les voitures électriques ? ». Pour lui, la Peugeot 106, 2 emplacements plus loin, n’en est pas une. Il faut dire que son câble de recharge, bien connecté, n’est pas visible. Et la plupart des automobilistes ignorent encore, qu’entre 1995 et 2005, il s’est tout de même vendu plusieurs milliers de PSA et Renault électriques.

L’article R417-10 du Code de la route…

« Qu’ils viennent donc me voir, ceux de la direction du magasin ! », ajoute-t-il, sûr de ne pas être inquiété. Cet ancien commerçant a raison : nombre de responsables des grandes surfaces préfèrent fermer les yeux plutôt que d’intervenir ! Il y a bien cet article R417-10 du Code de la route. Son chapitre III précise qu’est « considéré comme gênant la circulation publique … le stationnement d’un véhicule devant les dispositifs destinés à la recharge en énergie des véhicules électriques ». Selon les dispositions du texte, « tout arrêt ou stationnement gênant prévu par le présent article est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la deuxième classe ». Soit, à ce jour, 35 euros pour l’amende forfaitaire, éventuellement minorée à 22 euros, ou majorée à 75 euros. En outre, « lorsque le conducteur ou le propriétaire du véhicule est absent ou refuse, malgré l’injonction des agents, de faire cesser le stationnement gênant, l’immobilisation et la mise en fourrière peuvent être prescrites dans les conditions prévues aux articles L. 325-1 à L. 325-3 ».

…n’est pas applicable aux parkings privés

Sauf que les dispositions de l’article R417-10 sont applicables sur la voie publique. Et non sur les parkings privés, même s’ils sont ouverts à la circulation. Ces derniers, notamment dans les supermarchés, n’ont donc pas d’existence légale ni opposable. Les services de police ne peuvent pas être saisis directement par les électromobiliens qui y constateraient un abus de stationnement. Ils doivent s’en remettre aux responsables des établissements concernés qui, le plus souvent, rechignent à intervenir. A l’hypermarché Carrefour de Flins-sur-Seine (78), à environ 2 kilomètres de la chaîne d’assemblage de la Renault Zoé, le problème est pris très au sérieux ! Les places réservées à la recharge des véhicules électriques sont situées près d’un local occupé par le service de sécurité du magasin. Aussitôt qu’une voiture thermique s’y gare, un agent en gilet jaune se lance sur un Segway pour en rencontrer le propriétaire et lui signifier d’aller se garer ailleurs. Le scénario est suffisamment impressionnant pour effacer l’habituel sourire narquois des frondeurs, et les faire obtempérer.

Hybride = électrique ?

Il existe une variante assez surprenante du problème de squat des places équipées en bornes. On trouve régulièrement sur ces dernières des modèles hybrides classiques, c’est-à-dire non rechargeables. Leurs propriétaires se persuadent parfois qu’ils roulent ainsi en voiture électrique. On retrouve cette grossière erreur dans les annonces de ventes sur le Net. Combien de Toyota Prius et Yaris, Lexus RX 450h, Peugeot 508 RXH, Citroën DS5 Hybrid4, Volkswagen Jetta Hybrid, et bien d’autres, ressortent lorsqu’on fait une recherche parmi les véhicules en vente sur LeBonCoin en précisant « Electrique » dans le champ « Energie » ? Du côté de Thionville, en Moselle, Denis a dû se fâcher terriblement avec l’un de ces automobilistes qui l’empêchait souvent de recharger sa Nissan Leaf.

Il faut s’expliquer !

En région PACA, José est allé plus loin en barrant quelquefois avec son Kangoo ZE l’accès à des voitures thermiques stationnées sur des places matérialisées en orange. Son câble de recharge lui permettait tout de même de se brancher à l’une des bornes rendues autrement inaccessibles. « Je les attends les propriétaires de ces voitures ! », s’emporte-t-il. Sa carrure de rugbyman en impose, et il en joue : « J’en remarque bien qui retournent directement dans le magasin pour ne pas avoir à s’expliquer. A ceux qui me demandent de partir, je leur propose qu’il me donne les 4 euros que je devrai payer à nouveau pour relancer la charge ». En général, « ils attendent », avoue l’homme qui leur assène sans détour un argument édifiant : « Et si je me garais devant les pompes à essence, le temps de faire mes courses !? ».

Mieux lotis que les personnes handicapées ?

Anne-Marie, qui vient de ranger sa Peugeot 306 devant une borne, ne se laisse pas intimider. Elle montre son macaron qui l’identifie comme une personne handicapée : « C’est bien, les places pour les personnes invalides sont devant l’entrée, mais je dois traverser au total 4 fois une allée très passagère pour arriver jusqu’ici prendre et redéposer un charriot. C’est trop dangereux pour moi ! ». Effectivement, sur le parking du supermarché où elle se trouve, le stationnement réservé à la recharge des véhicules électriques jouxte un abri pour les caddies. Il n’y en a pas, en revanche, dans la zone dédiée à ceux qui souffrent d’un handicap reconnu. Une situation qui demande rectification.

Le double effet pas cool

Parfois, les automobilistes en voitures diesel ou à essence se sentent floués deux fois. Tout d’abord en voyant disparaître quelques places où ils pouvaient s’installer régulièrement. Ensuite, lorsque des véhicules électriques stationnent en dehors de celles-ci. Certains ont alors du mal à comprendre que le but du jeu est de ne les occuper que le temps de recharger les batteries.

Suggestions aux responsables des grandes surfaces

Parmi les configurations qui permettent de réserver au mieux l’usage des places dédiées au ravitaillement des VE, il en existe 2 qui opèrent de façon naturelle. La première consiste à disposer cette zone dans un coin du parking, en retrait des entrées principales des magasins, là où justement les automobilistes rechignent à se garer habituellement. Elle a pour corollaire un inconvénient majeur : les travaux de raccordement électrique risquent d’être beaucoup plus coûteux. Et pour les électromobiliens handicapés !? Autre situation favorable : le magasin dispose lui-même d’une voiture électrique bien identifiée. C’est par exemple le cas à Pleurtuit (35), chez Leroy Merlin. Le Kangoo ZE que la clientèle peut louer à un prix modique pour embarquer ses achats volumineux marque efficacement le territoire !

Petite retouche ?

On pourrait écrire encore beaucoup de choses sur le sujet. Les régulières incivilités subies par les électromobiliens sur les parkings de supermarchés s’observent aussi autour des emplacements publics similaires. A la longue, elles devraient s’estomper. A l’image du scénario supporté pendant des années par les personnes handicapées, auxquelles des automobilistes inconscients volaient aussi les places réservées. Il faudrait sans doute retoucher juste légèrement un ou deux articles du Code de la route.

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