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Plan Climat : Nicolas Hulot précise son programme Rédigé par Philippe Schwoerer le 18 Juil 2017 à 00:00 0 commentaires

Dans une interview accordée au quotidien Ouest-France et publiée dans l’édition de dimanche dernier, 16 juillet 2017, Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, revient sur quelques points du programme qu’il a dévoilé le 6 juillet. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que sur certains points, ce n’était pas inutile, du fait de certains raccourcis établis un peu trop rapidement dans quelques médias. En revanche, on n’en saura pas davantage, pour l’instant, sur la prime qui devrait être proposée prochainement aux ménages les plus modestes pour abandonner leurs voitures particulières parmi les plus émissives.

Fin des voitures thermiques sur le marché en 2040

Pour illustrer la fin des ventes des voitures diesel et à essence d’ici 2040, et démontrer que le terme n’est pas particulièrement précipité, Nicolas Hulot liste : « L’Inde l’a prévu pour 2030 ; des pays comme la Corée du Sud ne vont pas attendre cette date ». Il justifie : « Je ne veux pas qu’on soit en retard ». Selon lui, les principaux concernés seraient prêts à relever le défi : « Les industriels automobile ont répondu chiche et Volvo annonce la fin de ce type de moteur pour 2019 ». A ce sujet, il est important de modérer quelque peu les propos du ministre de la Transition écologique. Si le constructeur suédois a effectivement produit un communiqué avec un titre laissant effectivement entendre qu’il passait au « tout électrique », dans la réalité, il convient de corriger en « tout électrifié ». Ces derniers termes ne signifient pas non plus que toutes les Volvo produites dans 2 ans pourront recharger leurs batteries sur une borne ou une prise domestique à la façon des hybrides rechargeables. A minima, les modèles les moins poussés au niveau de la chaîne de traction seront de technologie « mild hybrid », soit la fonction Stop&Start et un duo thermique/électrique pour les lancer sur la route et dans les rues. En bref, pas une révolution, juste une astuce de communication que n’a sans doute pas eu le temps de percevoir Nicolas Hulot.

Voiture électrique

Concernant la voiture électrique, le ministre de la Transition écologique prend en compte et anticipe avec raison les progrès régulièrement annoncés par les filières concernés. « Vous allez voir que la recherche va s’accélérer, que l’hydrogène peut faire des bonds technologiques, que l’on va trouver des nouveaux matériaux pour les batteries électriques… », assure-t-il aux lecteurs de Ouest-France. Et pour motiver aussi bien les citoyens que les industriels, il propose une formule : « On est plus facilement génial quand il y a de la prévisibilité et de l’irréversibilité ; on est stupide quand on n’a pas d’horizon ». Quoi qu’il en soit, au journaliste du quotidien du flanc Ouest de la France, il rappelle : « Il faut s’affranchir des énergies fossiles qui sont des plaies pour la santé et des sources de conflits internationaux ». Souhaitant emporter l’adhésion des citoyens, il prévient, concernant les mesures annoncées en faveur de l’avenir de la planète : « Ce sujet ne doit pas diviser mais au contraire rassembler. On a tout à y gagner. En termes de santé, de coût financier et de lutte contre le chômage ». Pour lui, c’est sûr, « Il y a un gisement d’emplois considérable dans toutes ces technologies vertes ».

Fermeture de 17 réacteurs ?

Nombre d’articles publiés dans la presse et sur le Web ont affirmé que Nicolas Hulot voulait fermer 17 réacteurs nucléaires, provoquant des réponses qui, souvent, mettaient en doute le sérieux d’une telle déclaration supposée. Pour Ouest-France, il précise : « Soyons clairs, je n’ai pas dit qu’il fallait fermer 17 réacteurs. J’ai juste rappelé que pour appliquer la loi, certains scénarios prévoient qu’on en ferme 17, voire plus ». Cette partition draconienne, le ministre de la Transition écologique n’en est pas l’auteur, et il entend bien le rappeler à travers les objectifs fixés par la loi de transition énergétique : « Jusque-là, tout le monde a fermé les yeux là-dessus. Je m’étonne que l’on semble découvrir aujourd’hui ce que cela implique vraiment ». Quoi qu’il en soit, il conserve la ligne de route de faire baisser la part du nucléaire à 50% de la production énergétique à horizon 2025. Au sujet de l’EPR de Flamanville, il ne cache pas une certaine nervosité : « On aurait écouté quelques lanceurs d’alertes il y a quelques années, on ne serait pas dans cette situation ». Il précise : « EDF est une grande entreprise, mais il faut absolument qu’elle accélère son évolution, et qu’elle prenne en compte le fait que le modèle énergétique de demain sera beaucoup plus diversifié ».

Le cas Trump

Emmanuel Macron a créé l’étonnement en invitant Donald Trump au défilé du 14 juillet. Le désaccord était pourtant profondément affiché entre les 2 hommes concernant la lutte contre le dérèglement climatique. Tout début juin dernier, l’Américain donnait un cruel coup de canif dans l’Accord de Paris sur le climat, déjà si difficile à appliquer. « J’ai un sentiment de colère froide vis-à-vis de cette décision. Je sais ce qu’elle implique pour ceux qui subissent les conséquences du changement climatique. Ce message qui leur est envoyé est un immense bras d’honneur », commente Nicolas Hulot. Toutefois, il convient, pragmatique : « Je partage avec Emmanuel Macron une réalité : si l’on ne discute qu’avec les gens avec lesquels on est d’accord, les choses n’avancent pas ». Il avoue avoir été un temps déconcerté par le décision du président : « De façon un peu primaire, j’avais plutôt envie de l’écarter [NDLR : Donald Trump], mais c’est beaucoup plus pertinent de le remettre dans le jeu ». Dimanche dernier, la presse relayait abondamment les espoirs d’Emmanuel Macron : « Climat : Macron pense pouvoir ramener Trump à la raison » (JDD), « Selon Macron, Trump pourrait réintégrer l’Accord de Paris » (Le Figaro), « Climat : Macron pense que Trump ‘va essayer de trouver une solution’ » (Le Parisien).

Confiance et soutien

Beaucoup se sont demandés de quelle autonomie Nicolas Hulot dispose à Matignon, le sachant peu enclin à effectuer des compromis sans bénéfices immédiats ou à terme pour l’environnement et la santé publique. Symbole de sa liberté de parole et de pensées, cette cravate qu’il est le seul ministre homme à n’avoir pas voulu enfiler sur la photo officielle, comme, d’ailleurs, pour les entretiens qu’il accorde ou provoque. « Je me sens soutenu, compris », affirme-t-il. Concernant Emmanuel Macron, il révèle : « Il a une capacité de travail qui en étonne plus d’un et parfois en épuise plus d’un ». Et pour le résultat concernant les mesures à mettre en application ou déjà à l’œuvre, il certifie : « Il faudra attendre plusieurs mois voire années avant de récolter les fruits. Mais ils seront bios ! ».

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