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Le SyDEV à la genèse du rétrofit : Alain Leboeuf en interview Rédigé par Philippe Schwoerer le 04 Juin 2020 à 00:00 0 commentaires

La transformation de véhicules thermiques en électriques se fait sa petite place en France. Très encadrée, cette opération est légale depuis avril dernier. La prime à la conversion soutient pour la première fois cette pratique. C’est le résultat d’un travail de groupe mené par différents acteurs vendéens, parmi lesquels le syndicat d’énergie du département, le SyDEV. Son président, Alain Leboeuf, nous rappelle l’histoire et nous présente les fruits de cette démarche collective.

VET 2020

Impossible de parler du rétrofit et du SyDEV sans évoquer le Vendée énergie Tour qui a marqué une étape importante dans l’aventure. C’est durant cette première semaine de juin que devait se dérouler l’édition 2020 de cette manifestation très attendue qui existe depuis 2014. La crise sanitaire du Covid-19 a obligé les organisateurs à revoir leur copie. Pas de rallye des ambassadeurs cette année, mais un programme qui reste chargé et très intéressant, reporté en septembre prochain.

Naissance d’une intuition

« A la suite d’une des premières éditions du Vendée énergie Tour, j’ai fait la connaissance de Jérémy Cantin qui était alors spécialisé dans la restauration d’anciennes Volkswagen Coccinelle avec son garage Brouzils Auto. Il m’a confié que, dans le cadre de ses rénovations, il pourrait très bien remplacer l’habituel bloc essence contre un moteur électrique », se rappelle Alain Leboeuf. « Le Vendée énergie Tour a donc été l’élément déclencheur de toute une démarche pour l’adoption du rétrofit en France. Pour l’édition 2017, Jérémy Cantin a repris ce cadre pour lever le voile sur son ElectroCox devant un parterre d’officiels. Bruno Retailleau, sénateur et alors président du Conseil régional de Pays-de-la-Loire, Yves Auvinet, président du Conseil départemental de la Vendée, et moi-même, avons été invités à effectuer les premiers tours de roue dans cette voiture merveilleusement bien transformée », poursuit-il.

Une première en France

« Cet épisode a constitué une véritable première en France. C’était la première fois que l’on a pu rouler dans une voiture rétrofitée et dont les batteries étaient alimentées par une énergie verte produite localement via la route solaire de Colas. Nous avions relié cette infrastructure installée au Vendéspace à une borne de recharge totalement décarbonée », détaille Alain Leboeuf. « C’était une véritable réussite au niveau communication. Elle a rappelé qu’il était impossible d’utiliser légalement en France une voiture ainsi transformée. Entre autres obligations, il aurait fallu détruire l’ElectroCox dans un crash-test. Nous ne pouvions laisser ce sujet ainsi », souligne-t-il.

DGEC

« J’ai contacté Laurent Michel, directeur général de la DGEC [NDLR : La direction générale de l’Energie et du Climat qui dépend du ministère de la Transition écologique et solidaire], pour lui dire qu’il y avait avec le rétrofit un véritable dossier à défendre. Tout d’abord parce qu’il représente un intérêt majeur pour la transition énergétique en évitant un recyclage prématuré de matières. Les freins fonctionnent, la carrosserie est encore belle, l’électronique est fonctionnelle dans les voitures qui n’ont qu’une dizaine d’années… La conversion représente aussi un intérêt économique parce qu’elle est génératrice d’emplois non délocalisables. On ne va pas envoyer au Maroc ou dans un autre pays des voitures dont on va modifier la motorisation. Le rétrofit est un exemple très concret de transition énergétique pour la croissance verte », justifie Alain Leboeuf.

Gros travail

« Grâce au combat mené par Jérémy [NDLR : En plus d’avoir créer son entreprise e-Néo pour le rétrofit, M. Cantin est membre fondateur de l’AIRe (Acteurs de l’industrie du rétrofit électrique) et président de la branche Maintenance – Vente et chargé des questions liées à l’électromobilité pour la Fédération nationale de l’artisanat automobile (FNA)], le rétrofit est désormais reconnu en France. C’est le résultat de beaucoup de travail », salue le président du SyDEV. « Désormais, en passant par l’intermédiaire d’un professionnel agréé, il sera possible de transformer un véhicule thermique en électrique et d’obtenir la modification du certificat d’immatriculation qui permettra de rouler en France ensuite. Et ce, avec tous les avantages que ça peut avoir, comme de circuler sans restriction en ville lors des pics de pollution », explique notre interlocuteur.

Prime à la conversion

Afin de soutenir la filière automobile française et de développer la mobilité durable, le gouvernement vient de revoir ses dispositifs d’aides à l’acquisition de véhicules à faibles émissions. Très assouplie, la prime à la conversion s’ouvre au rétrofit en accordant pour cette opération une prime de 5.000 euros aux foyers dont le revenu fiscal de référence est inférieur à 18.000 euros (2.500 euros au-delà). La mesure étant limitée à 200.000 dossiers, et l’Utac n’étant pas encore prêt pour l’homologation des kits (moteur électrique, batterie, et autres éléments), il est peu probable que cette prime temporaire profite au rétrofit. « C’est vraisemblable, mais on a quand même envie de croire que quelques transformations pourront être prises en compte. L’essentiel reste que l’inclusion du rétrofit dans le dispositif de prime à la conversion permet de l’inscrire dans une logique globale qui permettra de le retrouver dans de prochains programmes », nous répond Alain Leboeuf.

Détracteurs – Carte grise collection

« Je ne comprends pas le raisonnement des personnes qui veulent faire obstruction au rétrofit. C’est dommage de ne pas réfléchir au gaspillage représenté pour tous ces véhicules qui vont à la casse alors qu’ils sont en bon état », s’interroge le président du SyDEV. Le rétrofit est normalement exclu des véhicules en carte grise collection. Peut-on espérer une évolution sur le sujet ? « Nombre de collectionneurs sont opposés à la conversion en électriques d’anciens véhicules parce qu’ils aiment entendre le bruit des moteurs. D’autres, progressistes, y sont au contraire ouverts. Ce n’est pas totalement bloqué au niveau des cartes grises collection. Nous devons poursuivre des discussions en cours à ce sujet », rassure-il.

Les poids lourds et l’hydrogène aussi

« Avec e-Néo, Jérémy poursuit plusieurs projets de rétrofit. Il n’est pas encore possible de communiquer sur tous. Jérémy vient par exemple tout juste de recevoir une ancienne benne à ordures ménagères sur laquelle il commence à imaginer la conversion. Il transforme aussi actuellement plusieurs tracteurs routiers 44 tonnes pour les faire rouler à l’hydrogène, comme le permettent les dispositions du décret sur le rétrofit. Pour les grosses puissances et les grandes autonomies, les motorisations électriques à pile à combustible sont plus intéressantes que les architectures sur batterie. L’un de ces camions nous servira à acheminer l’hydrogène que nous allons produire via un électrolyseur branché en direct à 8 éoliennes du parc de Bouin que nous venons de déconnecter du réseau. Nous travaillons le rétrofit avec la source d’énergie propre qui va avec. Nous avons un gros projet d’hydrogène vert qui sera consommé sur le territoire des pays de la Loire, jusqu’au Mans, et qui impliquera les épreuves des 24 Heures. Ce programme régional d’envergure, piloté par le SyDEV, a été déposé à l’Ademe », met en avant Alain Leboeuf.

Autopartage vert

« Nombre d’habitants de L’île d’Yeu ont un véhicule sur l’île et un autre sur le continent. Ce sont parfois des vieux engins. Les personnes dans cette situation doivent payer 2 assurances à l’année et faire face à d’autres frais doublés. Pour eux, nous allons mettre en place sur le continent un service d’autopartage avec des voitures électriques à batterie », révèle le président du SyDEV. « Nous incitons et encourageons au passage à la transition énergétique : nous avons tout pour réussir à travers des solutions multiples », conclut-il.

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Syndicat Départemental d’Energie et d’Equipement de la Vendée (SYDEV)

3 rue du Maréchal Juin

85036 LA ROCHE-SUR-YON Cedex


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e-Néo

ZA la Colonne 2

85260 LES BROUZILS


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