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Essai : Kia Soul EV Rédigé par Philippe Schwoerer le 19 Fév 2016 à 00:00 0 commentaires

Largement plébiscité par ses utilisateurs, le SUV Kia Soul EV semble toutefois avoir du mal à percer en France. Quels sont ses atouts ? Ses défauts ? Que vaut-il face à ses potentiels concurrents ? Nous serons 2 à répondre à cette question : Renaud Lemaire, président de l’association Mobil’Eco pour la promotion de l’électromobilité, et moi-même. Tous les 2 utilisateurs de voitures électriques depuis maintenant pas loin de 10 ans, nous avons chacun eu la chance d’essayer la très grande majorité des modèles aujourd’hui sur le marché. Entre avis franchement opposés ou proches, nous ne savions pas au départ où nous mènerait cet exercice quasi simultané, à plus de 500 kilomètres d’écart. Ne faisons pas durer le suspense : nos conclusions à tous les 2 sont finalement assez proches.

SUV électrique

Pour son SUV électrique 5 places alimenté par une batterie lithium-ion polymère – une exception encore en 2016 sur le marché des voitures électriques -, d’une capacité de 27 kWh et logée sous le plancher, Kia annonce une autonomie de 212 kilomètres. Selon le « cycle européen normalisé », s’empresse de préciser la plaquette commerciale. L’engin ressemble à une grosse bottine, assez voyante avec ses teintes bicolores couramment rencontrées : noire avec toit rouge, ou bleu métallisé avec toit blanc. D’autres livrées sont cependant proposées : blanche, avec ou sans toit bleu, et gris moyen métallisé.

Récupération de caisse

A l’instar de la Volkswagen e-Golf, mais en opposition à la Nissan Leaf, pour lesquelles la coréenne se place en concurrente, la Soul EV récupère la caisse d’un modèle qui existe avec motorisation thermique. Pour démasquer la version électrique, à part en repérant l’indication « ECO Electric » sur le hayon, il faut regarder la face avant et les jantes. En aluminium et de dimension 16 pouces, ces dernières sont spécifiquement composées de 5 branches blanches, rapprochées, pour améliorer l’aérodynamisme. A l’avant, la pièce plastique qui figure la calandre, d’ordinaire noire, est, sur l’EV, de la même couleur que la caisse.

Moins longue que la Golf et la Leaf

Avec une longueur de 4,14 m, pour une largeur de 1,8 m et une hauteur de 1,59 m, la Kia Soul domine par un toit plus élevé, mais prend moins de place, garée le long d’un trottoir, que la Golf (4,2 x 1,78 x 1,48 m) et la Leaf (4,44 x 1,77 x 1,55 m). En revanche, elles partagent une largeur quasi identique. Au niveau du coffre, la Nissan l’emporte avec 370 litres (sauf Teckna = 355), contre 341 pour la Volkswagen et 340 pour la Kia. Mais il en va autrement lorsque la banquette est repliée ! La e-Golf l’emporte largement avec un volume de 1.231 litres, contre 818 pour la Soul EV, et 720 pour la Leaf.

Neutre

« La Soul EV a un comportement très neutre sur la route », juge Renaud Lemaire, qui précise que « la voiture vire globalement bien à plat ». Un avis que je partage entièrement. « Chaussée généreusement, la coréenne dispose d’une motricité et d’une adhérence convaincante sur sol sec », poursuit le président de Mobil’Eco. Si la Kia branchée est une voiture agréable à conduire, son comportement est cependant assez aseptisé. Elle n’a pas ce côté joueur qu’ont les voitures électriques en général avec leurs accélérations fulgurantes en repartant d’un feu rouge ou d’un giratoire. Même en se débarrassant des dispositifs d’aide à l’éco-conduite, la voiture semble manquer de vivacité. « C’est cependant suffisant pour bien s’insérer sur la route, y compris les voies rapides », tempère Renaud Lemaire. Disons que sur la question de la nervosité, un automobiliste qui ne connaît que la conduite des voitures thermiques pourra vite se montrer très satisfait, quand un simple utilisateur de Peugeot iOn pourrait en ressortir frustré !

Réapprendre à freiner

Depuis des années, la plupart des constructeurs nous habituent à des dispositifs de freinage surpuissants qui ont tendance à nous projeter dans le pare-brise lorsqu’on effleure à peine la pédale dédiée. Sur la Kia Soul EV, il faudra réapprendre à exploiter un système progressif, comme on pouvait en trouver sur les Ford Taunus du milieu des années 1970. Curieuse comparaison, peut-être, mais c’est celle qui m’est venue immédiatement à l’esprit ! Il est donc nécessaire de s’être bien approprié l’engin avant de se lancer dans une conduite sportive pour laquelle la coréenne branchée n’est manifestement pas faite. C’est d’abord, un SUV : ne l’oublions pas !

Direction précise

Soumis à l’un des 3 modes (confort, normal, ou sport), la direction est un modèle de précision, avec un volant très agréable au toucher et à manier. Complétée par une suspension juste bien dosée entre souplesse et fermeté, la Soul EV évolue dans une ambiance feutrée très agréable pour tous ses occupants. « En dépit de sa taille, cette voiture est très agréable en ville, et dispose d’un rayon de braquage qui la ferait presque tourner dans un mouchoir de poche », ajoute Renaud Lemaire. Je confirme, on prend rapidement les bons réflexes pour bien positionner le SUV du coréen sur la route et dans les rues. Juste, peut-être, une impression d’avoir une vue réduite de ce qui se passe à l’arrière en jetant un œil dans le rétroviseur intérieur. Toutefois, avec la caméra de recul et les radars de parking, pourquoi s’en faire !?

De bons sièges

Plus on voit grandir ses enfants, ou ceux de ses voisins si on n’en a pas soi-même, plus il devient difficile de s’extirper d’engins trop petits ou bas, façon Triumph Spitfire. Ressortir d’une Volkswagen e-up! ou d’une Citroën C-Zéro n’est pas toujours franchement des plus plaisants ou confortables. La Soul EV partage avec la Nissan Leaf, de part leur hauteur d’assise des passagers, l’avantage de permettre de descendre plus facilement de la voiture, sans s’assommer contre le contour supérieur de porte. Un atout pour bon nombre d’automobilistes ! En outre, les sièges, chauffants (avant et arrière, selon option) et ventilés (avant, version Ultimate) apportent un bon maintien du corps, et une position de conduite reposante. Difficile toutefois de redresser l’inclinaison du dossier en roulant !

Tableau de bord

Derrière le volant, il y a du bon et du moins bon ! L’espace est délimité par un cadran circulaire de chaque côté. A gauche, encadrée par le graphe de consommation/régénération et celui de la jauge à énergie divisée en 18 barres qui disparaissent progressivement, l’autonomie restante estimée en chiffres. C’est cette dernière valeur que pointent les utilisateurs réguliers de cette voiture, comme n’étant pas vraiment fiable, ni réactive aux nouvelles performances. Dans le cadran de droite, la vitesse chiffrée au milieu, avec, pour l’entourer, des barres qui apparaissent au fur et à mesure de la vitesse prise. J’ai, personnellement, beaucoup apprécié cet équilibre esthétique, qui met en avant les informations principales de conduite. « Pour ma part, davantage convaincu par les systèmes à aiguille, j’ai eu un peu de mal à me conformer à cette présentation », tranche Renaud Lemaire. Pour finir sur le sujet, j’ai trouvé en total décalage l’affichage des données entre les 2 cadrans. Peu lisible et d’un agencement d’un autre âge, j’y retrouve un peu la présentation obsolète des données (distance parcourue, vitesse moyenne, etc.) façon Renault Fluence.

Console tactile

Particulièrement bien intégrée au tableau de bord, en surplomb d’une grille et de son sélecteur de vitesse très design et lisible, la console tactile. Autant le dire de suite : impossible de se l’approprier et d’en faire le tour entièrement en quelques dizaines de minutes d’essai ! Renaud Lemaire évoque « des menus dans lesquels on se perd ». Pour ma part, je reste convaincu qu’on doit pouvoir l’adopter en quelques jours. J’en veux pour preuve la façon avec laquelle le vendeur de la concession à laquelle je me suis adressé naviguait dedans pour répondre à chacune de mes questions, alors qu’il ne disposait de la voiture que depuis une semaine.

Quelques plus et moins

Globalement, Renaud Lemaire et moi-même avons également apprécié, l’un ou l’autre, ou tous les 2, sur la Kia Soul EV : l’exploitation de la recharge rapide CHAdeMO, le régulateur de vitesse qui mériterait tout de même d’être amélioré (augmentation de la vitesse par tranche de 10 km/h, par exemple), les sièges chauffants même à l’arrière et ventilés à l’avant (selon version). En revanche, la trappe qui abrite les connecteurs de recharge fait gadget, et la régénération semble bien légère, même en position « B » du sélecteur.

Deux versions

La Kia Soul EV est proposée en 2 versions : EV et Ultimate (ou EV+). Celle de base est déjà très bien équipée : jantes 16 pouces en alliage, allumage automatique des projecteurs, assistance au démarrage en côte, assistance de direction modulable, rétroviseurs extérieurs rabattables électriquement, surteintage des vitres arrière, caméra de recul, radars de parking arrière, climatisation avec fonction « driver only », ventilation programmable par jour de la semaine et effective lorsque la voiture est branchée, régulateur de vitesse, système d’entrée et de démarrage sans clé, pompe à chaleur, volant réglable en hauteur et profondeur, etc. C’est déjà très bien ! De fait, il ne reste plus grand chose pour faire la différence avec la version Ultimate : éclairage dynamique des haut-parleurs, radars de parking avant, sièges arrière chauffants, sièges avant ventilés, prise 12 V dans le coffre, sellerie cuir avec liseré bleu ou noir et… c’est tout !

Tarifs

Différence au catalogue entre les 2 versions, forcément réduite : 1.500 euros ! Soit 35.400 euros pour l’EV, et 36.900 euros pour l’Ultimate, auxquels il faut retrancher les bonus, superbonus, et réductions du constructeur. Et justement, en matière de réductions, c’est le moment d’en profiter ! En plus des aides gouvernementales, les commerciaux du réseau Kia bénéficient actuellement d’une marge de manœuvre de plusieurs milliers d’euros, permettant de ramener le prix de l’engin très près des 20.000 euros, à condition de se débarrasser d’un vieux diesel. L’avantage est encore plus important avec une formule LLD, dont l’apport est variable selon le souhait du client. Actuellement, et jusqu’au 31 mars 2016, Kia propose par défaut une formule à 177 euros mensuels si bénéfice du superbonus (reprise d’un diesel de plus de 10 ans), avec un apport de 1.650 euros en premier loyer, et les 3 suivants offerts. Le véhicule et sa batterie sont garantis 7 ans ou 150.000 kilomètres. La mise à jour de la cartographie GPS est assurée gratuitement pendant 7 ans également.

Echos des utilisateurs réguliers

Selon les propriétaires de Soul EV, très majoritairement satisfaits de leur acquisition, la technologie lithium-ion polymère des batteries aurait pour bénéfice d’avoir une moindre perte d’autonomie en hiver, par rapport aux accumulateurs lithium-ion plus classiques montés sur la plupart des voitures électriques. Par ailleurs, même si tous n’ont pas obtenus de telles performances, il semblerait qu’il soit plus facile avec la Kia d’approcher l’autonomie maximale annoncée par le constructeur que pour ses concurrentes. Et pas en roulant à 40 km/h tout du long ! Défaut récurrent : le rayon d’action annoncé au tableau de bord, qui semble ne pas vouloir rapidement prendre en compte les résultats des derniers trajets.

L’avis de Renaud Lemaire

« Je craquerais davantage pour la Volkswagen e-Golf que pour la Kia Soul EV », me confiait Renaud Lemaire au terme de notre échange téléphonique. Cependant, avec 4.000 à 5.000 euros de moins, du fait d’une substantielle réduction accordée actuellement par Kia, le président de Mobil’Eco pourrait bien se laisser convaincre par la coréenne s’il devait acheter maintenant une voiture électrique. Pour lui, la position de conduite, la relative compacité de l’engin, sa capacité à bien s’intégrer à la circulation urbaine, la recharge CHAdeMO, le régulateur de vitesse, etc. ferait la différence par rapport à ce que propose la concurrence.

Mon avis

Pour ma part, mon premier réflexe est de dire : Si vous souhaitez acquérir une voiture électrique de ce gabarit, alors il faut essayer tous les modèles concurrents, et, après avoir lu nos avis et éventuellement ceux d’autres médias sur ces modèles, opter pour celui qui correspond le plus à vos attentes. Car ce qui est un avantage ou un défaut pour un automobiliste ne le sera pas forcément pour un autre. Comme Arnauld Lemaire, je ne craque pas de prime abord pour le Kia Soul EV, lui préférant la Nissan Leaf plus joueuse, convaincante, élégante, homogène dans son affichage au tableau de bord, et davantage chargée pour créer l’émotion. Toutefois, je reconnais que la coréenne est une excellente voiture, qui sait aussi bien endosser le rôle de citadine que de routière. Et j’entends les témoignages enthousiastes de ses premiers propriétaires. C’est un engin au comportement neutre et globalement sécurisant, mais j’attends plus que ça d’une voiture, surtout si je dois débourser plus de 20.000 euros !

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