La ville de
Paris veut réduire en son sein les nuisances de la mobilité individuelle. Déjà en supprimant la moitié des places de stationnement en voirie, mais aussi en sortant du diesel en 2024 et de l’essence en 2030. Outre le développement des transports en commun et de la mobilité douce personnelle ou partagée symbolisée par la marche, le vélo et la trottinette, la collectivité table sur les
voitures particulières
électriques. Comment résoudre le problème de la
recharge des batteries de ces
véhicules sur un territoire où 90% des logements du parc privé sont concentrés en
copropriétés ? En partenariat avec la ville de Paris, Enedis et l’Avere-France, l’Agence parisienne du climat a mené une étude dans ce sens. En voici les grandes lignes.
Réduire l’impact du transport routier
Créée en janvier 2011 à l’initiative de la ville de
Paris avec l’appui de l’Ademe Ile-de-France qui soutient financièrement nombre de ses projets, l’Agence parisienne du climat (APC) accompagne la mise en œuvre du
plan Climat énergie de la capitale. C’est ce qu’elle fait en informant, conseillant et accompagnant les Parisiens dans leurs démarches contre le dérèglement climatique et pour la transition énergétique et écologique. Au sujet de la mobilité, il s’agit de
« réduire les impacts du transport routier traditionnel », l’agence citant les
« voitures particulières, deux-roues motorisés, utilitaires légers, bus, cars et poids lourds ».
Pollution, santé, bruit
Trois cibles sont visées. Tout d’abord la pollution. En 2018, 1,3 million des 14,8 millions de déplacements quotidiens réalisés en Île-de-France en
voitures particulières passaient par
Paris. Un scénario responsable du tiers environ des émissions de gaz à effet de serre et de pas loin de 65% des rejets d’oxydes d’azote dans l’atmosphère. Sans citer le problème des particules, l’APC rapporte les conséquences sur la santé des polluants présents dans l’air parisien. Les symptômes irritatifs fragilisant les personnes plus vulnérables se traduisent par l’apparition ou l’aggravation de l’asthme et autres formes d’allergies respiratoires. A cela s’ajoutent les nuisances sonores.
« Selon Bruitparif, près de 86% des habitants de la métropole du grand Paris sont exposés à des dépassements des valeurs limites », rapporte l’APC. Une situation susceptible d’entraîner
« des problèmes auditifs, des perturbations du sommeil ou encore des troubles cardio-vasculaires ».
La mobilité électrique comme levier
La ville de
Paris s’appuie sur la mobilité branchée pour gommer une bonne partie des problèmes de pollution, bruit et santé. Selon les projections de l’Ademe, les
véhicules électriques représenteraient 22% du marché automobile neuf en 2035. Selon une étude menée en septembre 2020 par le cabinet Atomik Research, les automobilistes français seraient même 59% à être prêts à passer à l’
électrique d’ici 2030, notamment pour réduire l’impact de leurs déplacements quotidiens. Ce qui les freine pourtant encore dans cette démarche : le manque de points de
recharge. A
Paris, où 90 % des logements du parc privé sont concentrés en
copropriétés, ce point revêt une dimension particulière. C’est là que se situent 77% des places de stationnement résidentiel. La simple volonté d’installer une borne peut se révéler lourde dans un tel contexte, nécessitant un aval recueilli en assemblée générale qui doit souvent inclure la question de la mise en place d’une nouvelle infrastructure électrique collective.
Identification des copropriétés compatibles
Dans sa propre étude, l’Agence parisienne du climat chiffre à 42.472
copropriétés (1.235.000 logements) le parc résidentiel parisien, dont plus de 20% n’offrent pas de solution pour garer une
voiture. C’est ainsi 77% de ces ensembles qui concentrent 306.589 places de stationnement en
copropriétés, classés en fonction de l’intérêt à y installer des infrastructures de
recharge :
« Copropriétés aux caractéristiques favorables à l’installation d’IRVE et situées dans un environnement ayant un fort intérêt à la mobilité électrique » ;
« Copropriétés aux caractéristiques plutôt favorables à l’installation en IRVE et situées dans un environnement plus ou moins favorable au développement de la mobilité électrique » ;
« Copropriétés aux caractéristiques peu favorables au développement en IRVE et situées dans un environnement peu favorable au développement de la mobilité électrique ». Ce classement a permis de mettre au jour 2 points importants. Tout d’abord que
« plus la copropriété est récente et le nombre de stationnements est élevé, plus elle est susceptible d’installer des IRVE ». Ensuite que
« plus les ménages ont des revenus disponibles élevés et utilisent leur voiture pour aller travailler, plus les copropriétés ont un potentiel élevé dans l’installation d’IRVE ».
1.592 copropriétés compatibles
L’étude de l’APC a permis de dresser l’image de la
copropriété type compatible avec l’implantation de solutions de
recharge : construction réalisée après 1949, nombre de places de stationnement élevé, revenu des habitants suffisamment élevé pour envisager l’achat d’une
voiture électrique et l’installation du matériel de ravitaillement en énergie. Au final, 1.592
copropriétés répondent à ces caractéristiques, offrant 145.000 places de stationnement environ. Dit autrement :
« Equiper 4% du parc de copropriété à Paris permettrait de rendre accessible la recharge électrique à 47% des stationnements en copropriété ». Ces ensembles sont concentrés en grande majorité dans l’Ouest parisien, principalement dans le 16e arrondissement. Les 15e et 17e sont également particulièrement concernés. L’enquête a permis de mettre au jour que 29
copropriétés sont déjà pourvues en
bornes. C’est peu ! L’APC estime qu’un manque d’information des Parisiens et l’inertie des syndics sur la mobilité
électrique sont à l’origine de cette situation très limitée.
3 profils
Dans une
copropriété parisienne, le choix a été fait de créer
« une nouvelle colonne électrique pour que chaque utilisateur dispose de son propre compteur lié à sa borne ». Chacune des places a reçu un point de livraison indépendant. L’opération a coûté 100 euros à chaque copropriétaire. Ceux qui ont souhaité s’équiper d’une
borne ont déboursé entre 600 et 1.000 euros de plus, gérant eux-mêmes le matériel et le règlement de la consommation en électricité. Dans un autre immeuble, la
copropriété a décidé de s’abonner au service d’un opérateur qui installe et gère les
IRVE sur les services généraux du bâtiment. Cette solution a coûté 499 euros à ceux qui souhaitent disposer d’un point de
recharge, en plus de l’abonnement mensuel au service dimensionné en fonction des besoins propres à chacun. La troisième
copropriété a choisi le raccordement d’un nouveau point de livraison
électrique dédié à la
recharge des VE. Propriété de l’immeuble, l’
IRVE est gérée par un opérateur de solution de
recharge via un abonnement. Le matériel collectif a coûté 170 euros à chaque copropriétaire, puis individuellement 1.000 euros pour faire installer une
borne, auxquels s’ajoutent un coût mensuel de gestion.
25 actions
L’Agence parisienne du climat a identifié 25 actions pour faciliter le développement de la mobilité
électrique à
Paris. Elles s’adressent aussi bien aux résidents des
copropriétés pour anticiper le passage au VE, aux syndics pour les former à l’accompagnement des habitants, qu’aux professionnels de la rénovation pour qu’ils incluent le volet mobilité
électrique à leurs chantiers. Ces actions se répartissent selon 4 axes : solliciter (démarchage part téléphone, courrier, emailing et campagnes virales sur les réseaux sociaux, etc.) ; sensibiliser (conférences, ateliers, visites sur sites, etc.) ; Conseiller (fiches pratiques, infographie, plaquettes, articles sur le site de l’APC, etc.) ; Accompagner (guichet unique d’information et d’accompagnement pour les résidents parisiens, formation via webinaire, hotline pour les professionnels devant installer des
bornes de
recharge.