Les élèves du collège Pierre Bayle de Pamiers (09) peuvent être heureux d’avoir pu établir un nouveau record de sobriété, loin devant des lycées et écoles d’ingénieurs. Avec leur prototype électrique Tema Mobile, ils ont réussi à atteindre 5 458 km. Nous avons contacté Thierry Michau, l’enseignant de Techno responsable de la Team Eco Mobile Appaméen.
En rappel de notre article du 13 mai 2025, les 25 équipes concurrentes à l’EcoGreen Challenge devaient parcourir 9 boucles du circuit de Fay-de-Bretagne (17,5 km) à une vitesse moyenne minimale de 25 km/h. Pour celles qui y sont parvenues, les consommations relevées ont permis de calculer les distances qui auraient été parcourues avec l’équivalent d’énergie contenu dans un litre de SP95.
C’est une méthode employée depuis des dizaines d’années dans ce type de challenge pour comparer les performances, quelle que soit l’énergie qui anime les véhicules. Les 14 et 15 mai derniers circulaient des engins électriques à batterie ou à pile H2, ainsi que des modèles à motorisation thermique alimentée au bioGNV ou à l’hydrogène.
Comme sur une voiture particulière, les BEV (électrique à batterie) sont favorisées par l’efficience de leur chaîne de propulsion ou traction. En outre les protos monoplaces qui ont une forme de cigare sont potentiellement plus légers et bénéficient d’un meilleur aérodynamisme que les Urban Concepts.
Baptisée Tema Mobile, la voiture n°12 de la Team Eco Mobile Appaméen était classée dans la catégorie susceptible d’enregistrer les meilleurs scores.
Du côté des Urban Concepts, les vainqueurs ont été crédités de 243 km pour le bioGNV (équipe Ozanam Urban 2 hybride du lycée Frédéric Ozanam de Cesson-sévigné, 35) et 2 515 km en BEV (Tim UPS Insa de l’INSA Toulouse, 31).
Concernant les Protos, ont été calculés : 3 180 km pour le bioGNV (Microjoule 5 du lycée La Joliverie à Saint-Sébastien-sur-Loire, 44), 2 146 km pour le thermique H2 (Microjoule 4, même établissement), 1 462 km pour l’électrique à pile hydrogène (Lycée Jacques de Vaucanson à Tours, 37), et donc 5 458 km pour les BEV (Team Eco Mobile Appaméen du collège Pierre Bayle de Pamiers, 09).
Derrière eux, le lycée Pierre-Paul Riquet de Saint-Orens-de-Gameville (31, équipe Riquet Eco Car), l’école d’ingénieurs ENSIL-ENSCI de Limoges (87, Limotion), et six autres dont les Polonais de l’université polytechnique de Lodz (Iron Warriors). Avec 1 353 km de plus, c’est donc bien une victoire haut la main pour les jeunes ariégeois.
« Au début, les élèves – 2 de Troisième et 13 de Quatrième – n’ont pas trop réalisé. J’ai dû leur faire remarquer l’écart qu’il y avait », s’amuse Thierry Michau, leur enseignant de Techno. Il était sur place avec sa collègue de Physique Sandrine qui s’occupait de la seconde équipe (Voiture n°15 Bayle Mobile). Avait également fait le déplacement pour les aider Anne-Françoise, prof de Maths. Ensemble avec leurs élèves, ils ont tous savouré la victoire .
Si la composition des équipes se renouvelle chaque année en fonction de l’arrivée des nouveaux élèves et de l’évolution scolaire des aînés, le collège Pierre Bayle est actif depuis plus de dix ans dans le développement de véhicules très efficients : « J’ai commencé à construire la voiture N°15 en 2011, avec une première participation l’année suivante à l’EducEco. Il n’y avait déjà pas beaucoup de collèges dans ce challenge, mais nous avions déjà réussi à décrocher le prix de la communication de l’Eduction nationale grâce à nos animations. Nos équipes ont aussi participé la même année au Solar Race en Espagne ».
Petite complication au départ pour tourner sur le circuit de Fay-de-Bretagne : « Il n’était normalement pas possible de faire piloter les véhicules par des jeunes de 14 ans. Manageant mes gamins sans soucis, et sachant qu’ils savent jouer le jeu, j’ai insisté pour qu’ils puissent obtenir une dérogation. Après tout, les licences de karting sont possibles à 14 ans ».
Ce que nous a confirmé Patrice Merhand, à la tête de l’organisation de l’événement : « Normalement il faut être majeur pour avoir une licence FFSA de pilote à l’EcoGreen inscrit à la FIA. Très ouverte et consciente que ces jeunes sont le devenir de la course automobile, la FFSA s’est montrée très ouverte et a accepté d’accorder des dérogations pour notre challenge ».
En 2024, le collège Pierre Bayle avait déjà décroché la première place dans sa catégorie : « La météo avait été particulièrement mauvaise et seulement quatre voitures avaient pu être classées. C’est pourquoi cette année on a voulu prouver que ce n’était pas qu’un coup de chance ». Les premiers essais ont cependant montré un écart qui se réduisait avec les autres équipes, dont celle de l’école d’ingénieurs ENSIL-ENSCI de Limoges, très intéressée par le travail du collège ariégeois.
Thierry Michau a donc décidé de revoir sérieusement la configuration de la voiture N°12 : « J’avais remarqué qu’elle parvenait parfaitement à grimper les côtes avec ses deux moteurs. Pour gagner du poids, j’ai donc décidé d’en supprimer un et de booster un peu plus l’autre. Il a juste chauffé un peu plus pendant les épreuves. Avec les élèves, ont a aussi changé des pignons, trouvé un nouveau rapport de réduction et travaillé la distribution de l’énergie, c’est-à-dire l’ampérage à envoyer par la carte électronique au moteur ».
Le travail de l’enseignant et des collégiens est remarquable, car ils ne bénéficient pas des facilités techniques des équipes des écoles d’ingénieurs : « Nous ne pouvons par exemple pas recourir à la télémétrie car nous n’en avons pas les moyens et que ce serait éloigné des programmes scolaires. Pour réussir, il a fallu travailler principalement sur la roue libre et bien doser les accélérations lors des tours de circuit ».
Ce sont deux filles, Emma en classe de Troisième, et Solène de Quatrième, qui ont piloté la voiture N°12 : « Le premier jour, je les ai managées moi-même par radio. Mais le lendemain, c’est-à-dire lors de l’obtention des meilleures performances, ce sont des élèves de l’équipe qui l’ont fait, gérant seuls cet accompagnement en fonction des indications que je leur avais données ».
Si la voiture N°15 a fermé le tableau des protos BEV, ce n’est pas parce que la deuxième équipe aurait déméritée, en particulier les jeunes pilotes Clément et Mathis sous la responsabilité de Sandrine : « Les deux voitures sont de conception très différentes. Dans la N°15 construite il y a plus de dix ans, il y a par exemple un arceautage en alu et la carrosserie est en fibre de verre. Elle pèse 73-74 kg, contre seulement 37 pour la N°1 qui bénéficie d’une coque en fibre de carbone réalisée par une université de Toulouse ».
Une autre performance est de trouver au niveau collège le budget pour participer à un tel challenge : « Pour disposer de financements, j’ai créé une association dès 2013 et j’ai pu trouver des partenaires privés qui nous aident, en particulier grâce à le défiscalisation de leurs dons. Du 22 au 24 mai nous participons aussi à l’Eco Race d’Albi. Pour les deux événements, il m’a fallu réunir une enveloppe de 10 000 euros, comprenant la nourriture et la location de l’autocar de 50 places capable de transporter aussi tout notre matériel de couchage en camping ».
L’Avem et moi-même remercions beaucoup Thierry Michau et Patrice Merhand pour leur accueil téléphonique et les précisions apportées après l’EcoGreen. Nous félicitons aussi pour sa performance la Team Eco Mobile Appaméen.
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