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The Green Expedition : Quel intérêt pour les constructeurs ? Rédigé par Philippe Schwoerer le 22 Avr 2017 à 00:00 0 commentaires

On pourrait imaginer que chaque rallye qui s’organise en mettant en scène un ou plusieurs véhicules électriques se ferait sans intéresser leurs marques ou leurs fournisseurs. C’est loin d’être le cas ! Et tout particulièrement pour des événements qui risquent de mettre à rude épreuve les technologies encore moins éprouvées que celles exploitées par les modèles thermiques. Il n’est pas rare que des constructeurs contactent les organisateurs de rallyes branchés, avant, pendant et/ou après le périple. C’est d’ailleurs assez souvent ce que ces derniers espèrent. Dans le cas de la Green Expedition pour l’Argentine, programmée en avril 2018, que peuvent en attendre les constructeurs ?

La compétition : l’antichambre du progrès automobile

Il ne faut pas l’oublier, c’est le plus souvent grâce aux rallyes et compétitions que parviennent jusqu’à nos voitures de tous les jours, quelle que soit sa source d’énergie, les progrès en matière de sécurité et d’efficience. L’injection, la ceinture de sécurité, le turbocompresseur, les systèmes de freinage intelligents sont tous passés d’abord par là. Total, récemment, justifiait sa présence auprès de DS Performance, dans le championnat FIA de Formule E, par la nécessité d’élaborer des lubrifiants, fluides et graisses susceptibles de faire gagner de l’autonomie et de la vivacité. Il n’y a, certes, pas 4 ou 5 litres d’huile dans les moteurs électriques des engins survoltés, mais de nombreuses pièces en mouvement doivent être soignées au mieux pour assurer correctement leur travail.

Comportement, endurance, autonomie et recharge

Concernant le cas bien spécifique des véhicules électriques, l’intérêt des constructeurs devrait se porter principalement sur 4 points lors de leur exploitation dans un raid comme la Green Expedition : le comportement global du véhicule après une évolution rapide sur des pistes et routes pas très régulièrement entretenues et souvent en zones montagneuses, l’endurance des pièces sensibles et en particulier des batteries très sollicitées, la gestion et le dépassement de l’autonomie en situation réelle, et les moyens de ravitailler plutôt proprement en énergie les voitures en des coins de la planète où les bornes de recharge n’existent pas ou très peu. Quand nous écrivons « l’intérêt des constructeurs devraient se porter », c’est que nous savons pertinemment que cette démarche ne sera pas la même pour chacun d’eux. Certains n’y prêtent quasiment aucune attention, d’autres sont soucieux de l’image que leurs productions peuvent véhiculer à travers un événement fortement médiatisé, et les derniers n’hésiteront pas à demander des retours chiffrés à étudier.

Comportement

Le comportement global des voitures électriques dans une compétition est sans doute le point le plus sensible, tant la presse généraliste ou spécialisée automobile communique sur le sujet par comparaison avec les véhicules thermiques. Les conclusions hâtives ne manquent pas. Ainsi, pour l’édition 2017 du rallye Aïcha des Gazelles, le Huffington Post Maroc a titré « Une première participation en demi-teinte pour la voiture électrique » en se focalisant sur le problème de franchissement des dunes d’une Citroën E-Méhari qui n’était finalement là que pour un test en situation réelle avant l’ouverture d’une épreuve spécifique VE vraisemblablement en 2018. La Green Expedition va faire avaler sur une vingtaine de jours plus de 5.000 kilomètres de pistes et autres voies quasi désertes qui soulignent la Cordillère des Andes. Une faiblesse sur un modèle serait rapidement mis au jour dans de telles conditions de traitement, sous la chaleur et la poussière. La marque d’un modèle défaillant aurait alors à se pencher sur l’anomalie et la corriger. Quelles sont les voitures susceptibles de participer au raid organisé par Atypik Travel Organisation avec le soutien de Sojasun ? Celles qui disposent d’une autonomie minimale de 300 kilomètres, à savoir Tesla Model S et X, Renault Zoé, et BMW i3 avec prolongateur d’autonomie. Justement, cette dernière a fait l’objet d’un rappel préventif à cause d’un risque d’incendie en raison de l’usure par frottement de la conduite de mise à l’air libre du réservoir de carburant contre un couvre-fils nervuré adjacent. Voilà exactement le type de problème qu’un raid comme la Green Expedition peut mettre en évidence.

Endurance

Au chapitre de l’endurance, ce sont surtout les batteries qui seront surveillées. Les moteurs électriques et convertisseurs ne craignent pas grand chose, et le reste, à part une attention particulière à porter à l’électronique de puissance, est similaire aux équipements et structures des modèles thermiques. Avec un rythme alternant exploitation sévère et recharge, quasiment sans repos longue durée pendant une vingtaine de jours, sous des températures qui peuvent connaître d’importantes amplitudes jusqu’à des chaleurs excédant les 30°C sur le parcours de la route 40 que vont emprunter les concurrents de la Green Expedition, les batteries seront mises à rude épreuve. La technologie lithium-ion employée dans certainement toutes les voitures qui vont être engagées au raid a été suspectée ici et là de poser d’importants risques d’incendies par échauffement. Des dispositifs de refroidissement et de gestion des accumulateurs sont heureusement là pour gommer définitivement cette éventualité qui balance entre la chimie et la physique. Mais alors, ne risque-t-on pas un blocage de la recharge par mise en sécurité du fait de températures trop élevées dans les packs ? C’est la réponse à cette question qui confirmera ou non que les constructeurs des engins embarqués dans l’aventure ont fait les bons choix.

Autonomie

Lors d’épreuves sur plusieurs jours comme ce raid en Argentine, l’autonomie est la préoccupation centrale des organisateurs comme des électromobiliens sportifs engagés. D’où le choix de modèles de véhicules électriques avec un rayon d’action possible d’au moins 300 kilomètres. Un imprévu de parcours, qu’il soit climatique, matérialisé par une déviation, ou devant une nécessité de détour, et ça peut être la panique. Sauf que, et les pionniers de l’extrême en mobilité électrique le savent très bien, il sera plus facile d’allonger l’autonomie de quelques dizaines de kilomètres sur une de ces voitures que sur leurs équivalents thermiques… à condition d’être confronté au problème suffisamment tôt. Un véhicule électrique peut régénérer ses batteries en descente. Dans certaines situations, sur un même passage, rouler à 80 km/h sera consommateur, alors que les 65 km/h seront tenus sans rien puiser dans les batteries, et qu’en dessous de cette vitesse le moteur devient générateur en renvoyant un peu d’énergie dans les accumulateurs. Cette spécificité des véhicules électriques n’est pas encore suffisamment exploitée par les constructeurs qui finiront bien par s’y mettre… quand le grand public sera prêt. En outre, Nissan, Kia, ou Volkswagen auraient intérêt à exploiter un raid comme la Green Expedition pour promouvoir leurs modèles à autonomie améliorée qui pourraient arriver sur le marché d’ici avril 2018. Même bénéfice en termes de flash jeté sur des modèles équipés de pile à combustible hydrogène. Ce sont avant tout des voitures électriques ! Symbio, par exemple, est en train de développer un ludospace H2 monté avec une telle chaîne de traction sur une base de Nissan e-NV200, avec une commercialisation programmée dès septembre 2018.

Recharge

Enfin, la recharge. Sur ce point, Atypik Travel Organisation fait fort et se pose en novateur. D’abord en travaillant en amont avec les autorités nationales et locales argentines afin de les aider à développer à la fois un réseau de bornes et les moyens de les alimenter par les énergies renouvelables. Derrière elle, la Green Expedition devrait donc laisser à disposition des populations des moyens de produire de l’électricité de façon pérenne et à moindre coup sur la durée. Un exemple pour des marques comme Tesla et BMW, que l’on retrouvera en logo sur quelques-unes des voitures engagées, et qui développent des réseaux de recharge, parfois accompagnés par divers partenaires. Autre point qui distingue le travail d’Atypik Travel Organisation : le souci de modérer l’empreinte environnementale de son raid. Lorsque les recharges seront impossibles sur le terrain, du fait de l’absence de bornes et/ou de prises suffisamment nombreuses et puissantes, ce sont des groupe électrogènes alimentés à l’huile végétale, éventuellement à celle usagée de friture, qui viendront en secours. Les chargeurs embarqués dans les voitures devront se révéler tolérants et performants. Là, ce sont les Zoé qui devront se montrer particulièrement excellentes, histoire de faire oublier les soucis liés au ravitaillement des batteries sur celles commercialisées dans les toutes premières années de l’histoire du modèle.

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Atypik Travel Organisation

5, Rue de Mayenne

72140 SILLE LE GUILLAUME


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