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Ségolène Royal veut une voiture électrique à moins de 8.000 euros Rédigé par Philippe Schwoerer le 20 Oct 2015 à 00:00 0 commentaires

Pour éradiquer la voiture diesel, pourquoi ne pas l’opposer à des modèles électriques peu chers ? C’est une des voies défendues de longue date par Ségolène Royal, et confirmée au micro de Bruce Toussaint, dans sa matinale du 9 octobre dernier sur iTélé. La ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie souhaite même lancer un appel à projet pour « une voiture électrique populaire, grand public, dont le prix pourrait s’échelonner entre 5.000 et 8.000 euros » à horizon 2020. Une idée utopique ou réaliste ?

Est-ce possible à moins de 8.000 euros ?

Une voiture électrique populaire à moins de 8.000 euros, est-ce possible ? Oui ! La réponse est aussi directe que la question est formulée. Pourquoi autant d’assurance de notre part ? Tout simplement parce que souhaiter « une voiture électrique populaire, grand public, dont le prix pourrait s’échelonner entre 5.000 et 8.000 euros » sans un cahier des charges plus précis, c’est laisser la porte ouverte à nombre d’astuces pour y parvenir. La première est déjà exploitée par Renault avec la location des batteries. Avec cet artifice, la Zoé semble devancer ses concurrentes par son prix de vente d’environ 15.000 euros, bonus écologique déduit. C’est encore entre 2 et 3 fois trop élevé, pour satisfaire au scénario imaginé par Ségolène Royal.

Pour quelle autonomie ?

Pour parvenir à proposer au public une voiture électrique dont le prix s’échelonnerait entre 5.000 et 8.000 euros, il y a toute une palette de curseurs qu’il est possible d’activer. Rien n’est dit, par exemple, sur l’autonomie minimale de l’engin. Puisque les agglomérations sont les principales zones ciblées, une batterie de 8 kWh de capacité pourrait être suffisante, qui permettrait de parcourir environ 60-80 kilomètres, soit une distance suffisante pour la plupart des déplacements quotidiens des citadins français. Il apparaît important que la ministre exprime un minimum d’exigences sur ce point épineux qui fait encore peur à nombre d’automobilistes, tant que le déploiement des bornes de recharge n’est pas en mesure d’assurer une mobilité électrique sans déserts à moyenne distance.

Quelle technologie d’accumulateurs ?

Sauf à imposer une certaine technologie d’accumulateurs pour des raisons écologiques et/ou stratégiques, c’est le rapport prix / exigences de l’Etat qui fera que la voiture électrique populaire à moins de 8.000 euros recevra un certain type de batteries et/ou supercondensateurs. Et là, ce sont les constructeurs eux-mêmes qui choisiront. En espérant qu’ils oublient le plomb, bien moins cher que le lithium, mais si peu adapté à l’image que l’on se fait aujourd’hui d’un engin branché.

Quel type de véhicules ?

Quand on parle de « voiture électrique populaire », rien n’impose qu’elle prenne la forme d’une citadine reconnue par la préfecture comme véhicule particulier. Les constructeurs peuvent très bien faire le choix d’un quadricycle lourd dont la conception et l’équipement embarqué sera moins développés, jouant positivement sur le prix de vente. Nombre de systèmes proposés actuellement en série peuvent venir grossir une importante liste des options. Au final, en partant d’un modèle de base affiché entre 5.000 et 8.000 euros, celui qui correspondra au niveau de confort et de sécurité voulu individuellement pourrait vite dépasser la tranche fixée par Ségolène Royal. « Ce que j’espère, dans 5 ans, c’est qu’une voiture sur deux soit électrique », a-t-elle indiqué au micro de Bruce Toussaint. Pour y parvenir, avec une échéance somme toute assez rapprochée, il faut que les modèles produits soient suffisamment intéressants et séduisants. Le prix à lui seul ne pourra faire venir en masse les automobilistes vers l’électromobilité. Il faut un minimum de confort, d’espace intérieur, de qualités routières pour s’évader des villes. En gros, un engin aussi dépouillé que le Renault Twizy, même redimensionné pour accueillir 4 passagers, ne serait sans doute pas acceptable par la majorité des Français. Peut-on réinventer aujourd’hui le concept de la Citroën 2 CV alors que le parc roulant dans les agglomérations est de plus en plus composé de véhicules imposants ? Peut-être bien, grâce aux nouvelles générations qui voient désormais la voiture comme un simple objet ne devant surtout pas bloquer leur révolution numérique.

Quota minimal d’autopartage et covoiturage

Quelques constructeurs ont déjà essayé de convaincre leurs nouveaux clients électromobiliens de jouer les cartes de l’autopartage et du covoiturage pour diminuer le coût de revient de leur voiture branchée. Avec d’autres, ils pourraient cette fois-ci ajouter à leur grille des tarifs une formule low cost qui imposerait un quota minimum de mise à disposition via une plateforme spécifique à chaque marque, ou commune à plusieurs. Le système aurait d’ailleurs de quoi séduire la ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie parce qu’il serait de nature à réduire les engins en circulation et en stationnement dans les rues des villes.

Aides de l’Etat

Aujourd’hui, bonus et superbonus cumulés permettent de descendre de 10.000 euros, au plus, le prix de vente d’une voiture électrique. Quand Ségolène Royal appelle les constructeurs à concevoir un tel engin qui serait vendu entre 5.000 et 8.000 euros, tient-elle compte de ces primes ? Pense-t-elle qu’elles pourraient encore être complétées, en accentuant éventuellement le malus sur les modèles thermiques ?

Un cahier des charges à définir

Pour éclaircir le projet de Ségolène Royal, la première étape, incontournable, semble être de définir ce qu’elle entend par « voiture électrique populaire ». Un préalable à l’établissement d’un cahier des charges précis à partir duquel les constructeurs, « français, voire européens », pourront travailler. « Il faut saisir ce problème comme une chance qui va pousser les industriels à construire le véhicule du futur », affirme la ministre qui estime qu’ils « traînent trop fortement » sur le sujet. Son appel à projet s’intègre aux plans d’investissements d’avenir. Voilà qui devrait aider les groupes concernés à adopter une nouvelle approche pour concevoir et développer l’engin espéré.

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