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Plus de temps pour faire le plein d’essence que d’électricité Rédigé par Philippe Schwoerer le 21 Mai 2016 à 00:00 0 commentaires

Avec quelques dépôts pétroliers en grève en cette fin de semaine 20, les stations-service du Nord-Ouest sont prises d’assaut, quand elles ne sont pas tout bonnement à sec. Ce vendredi 20 mai 2016, les files d’attente, bloquant parfois la circulation de certaines rues en ville, sont si longues, qu’il faudra parfois plus d’une heure avant de pouvoir accéder à une pompe. A ce jeu, un moteur à essence consommant au ralenti environ 0,6 litre de carburant par litre de cylindrée, l’énergie perdue avant de pouvoir décrocher le pistolet pourrait coûter plus cher, ou presque, que de faire le plein en électricité d’une Peugeot iOn.

Des grèves pour se bouger

Qui n’a pas juré au moins une fois dans sa vie, travaillant en région parisienne, de s’installer en province, alors que les transports en commun étaient bloqués par des grèves à répétition ? Certains ont effectivement déménagé pour un ailleurs meilleur, d’autres galèrent encore, de conflits sociaux en manifestations revendicatrices. Et si une pénurie d’essence était en mesure de faire basculer plus d’automobilistes vers l’électromobilité ? En tout cas, passer en voiture électrique aujourd’hui à Rennes (35), devant une file d’attente à la conquête de l’or noir raffiné, faisait son petit effet. A apprécier tout de même avec modération, pour ne pas subir une partie du scénario du héros dans le film « Un prince (presque) charmant » de Philippe Lellouche. La fameuse scène où il débarque tout fier et provoquant avec sa Renault Zoé, en dépassant les voitures thermiques à l’arrêt devant des pompes à sec, suspendues à l’arrivée du camion de livraison en carburant. La sanction est vite tombée : plus de jus ! Le garagiste, solidaire avec ses clients, venait de fermer le compteur électrique.

Une scène digne d’un film à produire

Et pourtant, on l’imaginerait bien cette scène où le possesseur d’une Nissan Leaf, par exemple, irait chercher rapidement quelques courses dans un hypermarché Auchan, branchant le câble d’une borne rapide sur le connecteur CHAdeMO de sa voiture garée bien en vue de la station du magasin. De retour à sa compacte survoltée, il constaterait à la fois qu’il aurait retrouvé environ 150 kilomètres d’autonomie et que les voitures en attente de carburant seraient pour beaucoup les mêmes qu’une trentaine de minutes plus tôt. Pendant ce temps-là, leurs automobilistes, eux, n’auraient pas eu le loisir de flâner dans la galerie marchande. Et si la loi El Khomri faisait plus pour la mobilité électrique que les efforts du gouvernement pour promouvoir le développement durable ? De la science-fiction ? Sans doute que oui !

La question du temps de charge se pose une nouvelle fois

Dans l’opinion publique, l’idée est largement répandue qu’il faut plus ou moins 8 heures pour recharger les batteries d’une voiture électrique classique, mais seulement 2 ou 3 minutes pour faire le plein du réservoir en essence ou en gazole. C’est Shellem… euh… totalement faux ! Aussi faux que de prétendre qu’il n’est pas besoin de plus d’une minute pour acheter du pain. Et pourtant, il faut bien s’y rendre à la boulangerie, et en revenir, quand il n’y a pas en plus à patienter longuement pour avoir son tour. C’est le même scénario pour faire le plein en carburant. Même en habitant à côté de la station-service, ou en passant à l’occasion devant, il faut du temps pour arriver devant une pompe libre, descendre de la voiture, ouvrir le bouchon, saisir et présenter le pistolet devant l’orifice de remplissage, puis maintenir la gachette jusqu’au déclic final. En ajoutant à tout cela le paiement, directement à la pompe, via carte bancaire, ou dans le bureau, on peut vite frôler la dizaine de minutes. Et si l’on vient spécifiquement d’une campagne, dépourvue en détaillants pétroliers, pour remplir le réservoir, de combien faut-il encore augmenter la mobilisation réelle pour se ravitailler en énergie ? 20 minutes ? 30 minutes ? Plus encore ? Tout dépend, bien sûr, de la situation de chacun. Et pendant les vacances, lorsqu’on habite dans une zone touristique ? Et pendant une grève qui bloque les raffineries ? Peut-être 2 heures, tout compris !

2 minutes pour faire le plein des batteries

D’accord, l’opération qui permet de régénérer les batteries d’une voiture électrique peut atteindre et dépasser la dizaine d’heures avec un câble qui se branche sur une prise domestique. Mais combien de temps de mobilisation réelle de la part de son conducteur quand il effectue cette opération le soir avant d’aller se coucher, ou le matin, juste après avoir garé sa voiture sur le parking de l’entreprise équipée d’une borne lente ? Seulement les quelques dizaines de secondes pour connecter le câble sur la voiture, et pas plus pour le remettre dans le coffre. Au plus, 2 ou 3 minutes à chaque recharge.

Electrique versus thermique

S’il y a une véritable opposition technologique entre les voitures thermiques et les électriques, avec un possible pont grâce aux modèles hybrides rechargeables, il ne devrait, en revanche, jamais y avoir de rupture entre les électromobiliens et les automobilistes en général, et plus largement même avec le plus vaste cercle des citoyens. Aucun conducteur de véhicule branché ne peut se réjouir de voir ceux en modèles à moteur à combustion interne galérer pour faire le plein d’un réservoir. Mais apprécier que, parmi ceux qui attendent leur tour à la pompe, certains réfléchissent plus sérieusement aux avantages de rouler au quotidien en voiture électrique ou hybride rechargeable : oui ! Après tout, les grèves peuvent aussi permettre des avancées pour des causes qu’elles ne défendent pas particulièrement !

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