Ce projet avait pour objectif de mettre au point une architecture, exportable sur les bâtiments de taille moyenne, capable d’écrêter les pics de consommation
électrique et de permettre des économie sur la facture énergétique.
Intégré au programme Smile
Comme l’a rappelé hier, lundi 21 septembre 2021, Laurent Gérault, vice-président de la région Pays-de-la-Loire, en charge de la transition énergétique et de l’environnement,
Pharre (Photovoltaïque,
autoconsommation, recharge et réseau
électrique) sort très largement du cadre du territoire vendéen. Il s’inscrit dans celui du programme
Smile (Smart Ideas to Link Energies) qui supporte une cinquantaine de projets dans la région et la Bretagne. Reconnus territoires d’excellence en ce qui concerne les réseaux énergétiques intelligents, il s’agit de réunir autour de la table des collectivités et des entreprises pour mener des expérimentations dans le domaine.
« A travers l’exemple Pharre, on expérimente sur les enjeux de réseau et les enjeux de stockage, notamment sur l’autoconsommation, notamment sur la mobilité, notamment sur les enjeux de cybersécurité, notamment sur les enjeux d’un showroom parce que tout ça a un enjeu de business pour permettre derrière aux entreprises de développer leurs savoir-faire, notamment à l’international », a résumé Laurent Gérault, ciblant
Bouygues Energies & Services qui a conçu le démonstrateur.
Transition énergétique
Sur fond de transition énergétique,
Pharre est intégré à une boîte à outils voulue par la Région, qui repose sur 5 points, listés par l’élu :
« Production d’énergies renouvelable, rénovation énergétique, mobilité durable, réseaux intelligents, et stockage ». Concrètement, l’architecture développée par
Bouygues Energies & Services se compose de 2 briques principales reliées au réseau
électrique. La première prend la forme de 200 m2 de panneaux photovoltaïques (39,5 kWc) installés sur le toit du siège du
SyDEV à La Roche-sur-Yon. Cette centrale devrait produire de l’ordre de 40.000 kWh par an. Une valeur qui correspond, selon l’entreprise publique, aux besoins de
« 4 logements de 80 m2 équipés de chauffage électrique ». Ce volume, qui sera intégralement utilisé pour l’alimentation du bâtiment - dont les bornes de recharge pour
véhicules électriques installées sur le parking - pourrait couvrir 15% de sa consommation. Seconde brique, une unité de stockage de 48 kWh de capacité énergétique formée avec 4
batteries de
Renault Kangoo électriques. Ayant commencé leur seconde vie en juillet dernier, ces dernières ont une capacité disponible réduite à environ 75%, insuffisante pour entraîner des
véhicules, mais tout à fait satisfaisante pour le stockage d’énergie. Un rôle qu’elles devraient pouvoir remplir pendant une dizaine d’années.
Consommer plus intelligent
Pour Alain Leboeuf, président du
SyDEV, le projet
Pharre devait, entre autres, répondre à cette question :
« Comment faire pour consommer le plus près possible les électrons qui sont produits sur le territoire ? ». Il s’agissait de
« consommer moins, consommer mieux, consommer court », en 3 mots :
« consommer plus intelligent ». Engagé dans un programme de conversion de sa flotte, le syndicat vendéen compte de plus en plus de
véhicules électriques : 10 sur les 22 engins qui la compose.
« Aujourd’hui, nous n’achetons plus une seule voiture thermique », a souligné Alain Leboeuf, à l’exception de celles qui roulent au biogaz. Le
SyDEV aurait dû tôt au tard augmenter la puissance d’alimentation de son bâtiment en accueillant de nouveaux
véhicules branchés. Une opération lourde en charges financières à l’année. La mise en place de l’architecture développée par
Bouygues Energies & Services permettra au contraire à la structure publique de réaliser des économies sur sa facture énergétique. Et ce, d’autant plus que le
SyDEV compte bien dupliquer ce scénario d’
autoconsommation. D’où cette recherche d’un modèle reproductible sur son territoire, et que la filiale de Bouygues, implantée depuis plus de 20 ans à La Roche-sur-Yon, pourra proposer à ses autres client dans l’Hexagone et ailleurs.
Ecrêtage
Directeur général adjoint Zone géographique France chez
Bouygues Energies & Services, Dominique Neel a expliqué le fonctionnement du démonstrateur à partir d’un graphe. Les 4
batteries de Kangoo
« sont là pour stocker de l’énergie quand la production d’énergie locale du bâtiment - et notamment le solaire - n’est pas suffisamment consommée », a-t-il mis en avant, précisant :
« Et puis elles ont un rôle d’écrêter ». En particulier chaque matin de la semaine, lorsque les collaborateurs du
SyDEV allument simultanément dans un laps de temps assez court divers consommateurs
électriques, depuis l’ordinateur de bureau, jusqu’au chauffage en hiver dans des pièces refroidies la nuit ou le week-end. L’énergie contenue dans les
batteries (en vert sur le graphe) sera consommée rapidement en début de matinée, du fait de leur capacité énergétique limitée. La production solaire (en jaune) montera progressivement en puissance. Le réseau
électrique (en bleu) fournira le complément.
« S’il n’y avait pas ces batteries, nous serions dans une consommation beaucoup plus importante sur cette phase », a insisté Dominique Neel.
Budget 150.000 euros
Pour le
SyDEV, l’investissement est quasiment nul. L’enveloppe nécessaire pour mettre en place la solution d’autoconsommation - 50.000 euros pour les panneaux photovoltaïque + 100.000 euros pour les
batteries et la gestion intelligente du système - a été constituée par la région Pays-de-la-Loire à hauteur de 50.000 euros du fait que le projet
Pharre est intégré dans le programme
Smile, et par
Bouygues Energies & Services qui pourra disposer commercialement de son développement. Au
Sydev, elle devrait permettre à terme de réduire de 5-7% la consommation en énergie. Pour l’instant, le gain n’est que de 4-5%, dont 2-3% grâce aux seules
batteries de Kangoo. Ce type de réemploi des packs de
véhicules électriques, Ziad Dagher, secrétaire exécutif de l’unité commerciale VE de
Renault, l’envisage avec une importante montée en puissance au fur et à mesure que des
batteries de traction arriveront au terme de leur première vie. Et ce,
« parce que les besoins de stockage pour accompagner la transition énergétique vont être fondamentaux ». Pour le constructeur qui multiplie ce type d’expérimentations,
Pharre aidera à
« ajuster nos systèmes et à mieux calibrer nos offres » grâce à l’observation du comportement de ces accumulateurs comme unité de stockage.
« L’augmentation de la capacité des batteries, la confirmation de leur longévité et leur interchangeabilité vont nous permettre d’avoir des systèmes de stockage évolutifs et plus performants », a-t-il anticipé.