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Cyclisme : Détection aux rayons X de la triche aux moteurs électriques Rédigé par Philippe Schwoerer le 28 Mar 2018 à 00:00 0 commentaires

Dans un peu plus d’une quinzaine de jours, l’Union cycliste internationale fêtera ses 118 ans. Si cette organisation a pour objectif principal de développer et promouvoir à travers le monde le cyclisme, en coopération avec les fédérations nationales, elle a aussi pour mission de lutter contre le dopage. Le dopage, mais aussi contre un phénomène qui a été prouvé début 2016 aux Mondiaux de cyclo-cross : la fraude technologique. Pour à peine 2 ou 3 kilos de plus sur la balance, dans le tube qui part de la selle et descend vers le pédalier, un moteur électrique peut être dissimulé, alimenté par une batterie cachée par exemple dans une gourde fixée au cadre. L’UCI dispose désormais de 3 moyens pour découvrir si un vélo abrite un tel système. En plus des tablettes magnétométriques et des caméras thermiques déjà utilisées, le dernier prend la forme d’une remorque qui embarque un caisson à rayons X spécialement conçu pour la détection de la fraude technologique.

Une sale histoire

Ce 30 janvier 2016 n’est pas un bon jour pour la cycliste belge âgée de 19 ans Femke Van den Driessche. Non seulement elle a dû abandonner, sur incident mécanique, la course sur le circuit de Zolder qui compte pour les championnats du monde de cyclo-cross, mais en plus l’UCI débute une enquête sur son vélo contre une éventuelle fraude technologique. Un système de motorisation électrique caché est effectivement trouvé sur l’engin. Elle plaide non coupable, assurant : « Le vélo n’est pas à moi, je n’aurais jamais triché ». Pour sa défense, elle explique que le deux-roues appartient à un de ses amis et qu’il lui a été mis entre les mains par erreur. Mensonge ou malchance ? Quelques vidéos qui la montrent en action semblent cependant bien l’accabler. La jeune cycliste a de toute façon mis un terme elle-même à sa carrière avant de connaître les sanctions prises par l’UCI à son encontre. Trois mois après la course, le verdict tombe : elle est suspendue six ans de compétition avec effet rétroactif au 11 octobre 2015, condamnée à payer une amende de 18.000 euros et se retrouve déchue de ses titres de championne d’Europe des moins de 23 ans, et de championne de Belgique – Espoirs. Soupçonnant, sans avoir pu le démontrer jusque-là, l’utilisation frauduleuse de technologies permettant de doper les performances des cyclistes par une assistance au pédalage, l’UCI voulait frapper fort, et c’est ce qu’elle a fait avec la jeune belge.

Effet dissuasif

Depuis cette affaire, les athlètes du cyclisme sont prévenus que l’Union cycliste internationale ne compte pas prendre à la légère la fraude technologique. Pour le coureur qui tricherait, en plus de la disqualification automatique de la course, et d’une suspension d’au moins 6 mois, l’amende à régler s’inscrirait dans une fourchette de 17.000 à 170.000 euros. Son équipe subirait le même sort, mais avec une pénalité financière bien plus lourde, comprise entre 85.000 et 850.000 euros. L’UCI vient de se doter du matériel qui lui manquait pour pratiquer à grande échelle et rapidement les contrôles sur les vélos. Développée avec le concours de VJ Technologies, – fournisseur confirmé de solutions basées sur la technologie à rayons X pour les secteurs de l’industrie automobile, de l’aérospatiale, de l’énergie, du nucléaire et de l’armement -, la remorque embarquant le caisson à rayons X sera déplacée de course en course. Le coût élevé de fabrication de l’ensemble, estimé à environ 500.000 euros, ne permet pas à l’UCI d’en multiplier le nombre d’exemplaires dans un court délai. Son existence devrait toutefois se révéler suffisamment dissuasive pour donner un grand coup de frein à la fraude technologique dans le monde du cyclisme, au moins de niveau professionnel.

En 5 minutes

C’est mercredi dernier, 21 mars 2018, que l’UCI a présenté à Genève, en Suisse, les différentes méthodes de détection de la fraude technologique qui seront employées dès la présente saison, ainsi que celles, plus innovantes encore et actuellement en cours de développement, qui viendront étoffer la palette. Avec ce nouveau caisson à rayons X, il ne faudra pas plus de 5 minutes à un opérateur qui se tiendra à l’extérieur de la machine pour produire une radiographie complète d’un vélo, dont la progression pourra être suivi en temps réel grâce à un ordinateur de type PC associé. Un dispositif « totalement sécurisé pour ses opérateurs et le public », assure l’Union cycliste internationale qui indique que « cette technologie sera utilisée pour valider la performance des meilleurs coureurs et dissiper la suspicion autour des résultats ».

Partenariat avec CEA Tech

Tablettes magnétométriques, caméras thermiques, et désormais caisson à rayons X : l’UCI dispose de 3 méthodes complémentaires qui constituent le « plan d’action le plus robuste jamais mis en place pour contrer la fraude technologique, avec des contrôles prévus sur 150 jours et répartis sur tous les continents », met en avant le communiqué de presse émis en date du 21 mars dernier. « Toutes les disciplines et catégories d’âge seront concernées », promet-il. La démarche de l’UCI ne s’arrête pas là, puisqu’un partenariat a été passé avec le CEA Tech « afin de renforcer encore davantage ce dispositif et ne plus laisser la moindre place au doute ». Il devrait en sortir un outil de contrôle bien plus puissant, capable de détecter, « en temps réel et en continu sur l’intégralité d’une course », un moteur électrique frauduleusement embarqué sur un ou plusieurs vélos. En outre, l’UCI travaille sur un outil portatif, basé sur la technologie de la magnétométrie, qui pourrait être facilement déployé auprès des fédérations nationales.

Valider les performances des athlètes

Pour David Lappartient, actuel président de l’UCI, il s’agit de délivrer « un message fort à la famille du cyclisme avec ce plan d’action contre la fraude technologique ». La démarche actuellement engagée pour déjouer cette dernière vise à rassurer « les parties prenantes, les fans et les médias ». Le combat de ce président élu il y a tout juste 6 mois : « Prouver que ces moteurs n’existent pas dans le sport professionnel, et ainsi, valider les performances de nos athlètes ». Il avertit : « Garantir la crédibilité de notre sport restera l’une des priorités de mon mandat, et l’annonce de ce 21 mars 2018 est un pas déterminant en ce sens ».

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